Eau potable rationnée en Sicile : la crise climatique n'est pas la seule responsable
La Sicile, la région la plus au sud de l’Italie, est aux prises avec l’une des pires sécheresses depuis près de 20 ans. Après des mois sans pluies ou presque, la région a récemment déclaré l'état d'urgence. Pour la première fois l'eau potable a été rationnée dans plusieurs villes pendant la saison hi‐ vernale.
Dans la périphérie de Palerme, un lac a connu une baisse drastique de son niveau.
Dario Cartabellotta, commissaire spécial pour la sécheresse en Sicile : « Il ne pleut pas beaucoup et il ne pleut pas normalement. Avec l’augmentation des températures, l’eau s’évapore et les barrages se vident. Les étés ici sont très chauds avec des températures pou‐ vant atteindre 45 degrés. À cause de cela, les barrages se sont retrouvés avec seulement 20 % du niveau d’eau global qu’ils devraient contenir ».
Mais le changement climatique n’explique pas tout. La crise de l’eau en Sicile est aussi due au mauvais en‐ tretien du barrage et l’accumulation de limon.
Massimo Gargano, directeur géné‐ ral « Anbi » (Association italienne des consortiums d’irrigation et de gestion de l’eau) : « Les consortiums de ges‐ tion de l'eau en Sicile, seules organisa‐ tions chargées de gérer l'eau à des fins d'irrigation, sont sous le contrôle de l'État depuis plus de 30 ans mainte‐ nant. Depuis trois décennies, la région manque d'une structure de gestion adé‐ quate, sans nouveaux projets et l'entre‐ tien n'est pas effectué correctement ».
Les autorités locales ont qualifié la situation de très grave. Selon elles, des centaines de familles pourraient man‐ quer d'eau au cours des prochains mois, à moins d’un nouveau plan de ra‐ tionnement.
Massimo Burruano, directeur Opé‐ rationnel « Siciliacque » (entreprise ré‐ gionale en charge de la distribution d'eau) : « Environ 10 à 15 % de l’eau est déjà rationnée dans 55 communes. Cependant, à partir de lundi prochain, le rationnement de l'eau sera mis en place dans plus de 93 municipalités, touchant 850 000 habitants. Dans cer‐ tains cas, le rationnement pourrait at‐ teindre jusqu'à 45 %. »
Face à une telle pénurie, les admi‐ nistrations redoutent de devoir choisir entre fournir de l’eau aux habitants ou aux agriculteurs.
«__La réduction des fuites et la réutilisation des eaux usées pour l'agriculture pourraient contribuer à résoudre une partie du problème, ex‐ plique notre reporter Giorgia Orlandi, mais les effets de ces solutions ne se fe‐ ront sentir qu'à long terme.»