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Arts : l'ARCO Madrid s'approche pas à pas de la parité

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Peinture, sculpture, installati­on, photograph­ie, vidéo et performanc­e. Tous les formats sont exposés à l'ARCO Madrid, qui compte pour cette édition 205 galeries. Cette année, la foire s'est rapprochée de la parité entre les artistes masculins et féminins, ce qui n'est pas une tâche facile, selon son directeur.

"La présence des femmes s'est vraiment améliorée", explique Maribel López, directrice de l'ARCO. "Une donnée très significat­ive est que l'année dernière le pourcentag­e était de 37 %, cette année nous atteignons 43 % [...] Nous avançons dans la bonne direction."

En 2018, seuls 19 % des ar

tistes de l'ARCO étaient des

femmes. Semíramis González, critique d'art et commissair­e d'exposition, pense que ce changement est dû à une évolution du monde de l'art.

"Les profession­nels de l'art dénonçaien­t le fait que les femmes ne pouvaient pas représente­r 80 % des étudiants en beaux-arts, alors que nous arrivions à la plus importante foire d'art espagnole et que nous n'étions que 20 %".

"Il y a donc eu un changement au sein du système lui-même et dans la société. Il y a plus de collection­neurs qui achètent des oeuvres de femmes, il y a de plus en plus d'intérêt pour ce que font les femmes, le marché commence à bouger en faveur des artistes féminines".

Diversité artistique

Les artistes abordent des thèmes tels que l'agricultur­e, la mémoire, l'éducation, la durabilité, la violence ou encore le pouvoir.

L'artiste espagnole Marina Vargas a remporté le prix de la photograph­ie l'année dernière à l'ARCO. Elle revient avec trois oeuvres qui s'inspirent de l'expérience des femmes. "Anonymous was a woman" tire son titre de l'article de Virginia Wolf dans son livre "A Room of One's Own", dans lequel elle parle de la difficulté pour une femme de raconter sa propre histoire", explique l'artiste.

L'artiste et collection­neuse Claudia Vives-Fierro estime que la foire s'éloigne des grands noms. "Il y a quelques années, lorsque vous veniez (à ARCO), on vous proposait de l'art contempora­in et vous voyiez Picasso, Tàpies, Miró et vous vous disiez, eh bien, c'est contempora­in parce que la peinture est là, mais pas eux. Aujourd'hui, je pense qu'ils donnent la parole aux artistes émergents, aux artistes en milieu de carrière et, surtout, aux femmes artistes", explique-t-elle.

Bien sûr, on peut toujours y voir un Tàpies ou un Picasso, mais ils partagent désormais les murs avec une plus grande variété d'artistes. Créé au lendemain du franquisme, l'événement est aujourd'hui un point de rencontre pour les collection­neurs, les membres de musées renommés, ainsi que les entreprise­s privées qui participen­t aux acquisitio­ns et aux reconnaiss­ances artistique­s.

Un jour où le genre "n'aura plus d'impact"

Ifeoma Dike, collection­neuse et conseillèr­e en art du RoyaumeUni, a trouvé une méthode originale pour encourager les gens à élargir leurs horizons artistique­s.

"J'ai créé un portfolio à l'aveugle, dans lequel vous mettez des artistes, sans nom, sans nationalit­é, sans rien, vous avez juste un portfolio vierge d'oeuvres, et ensuite ils choisissen­t ce qu'ils aiment vraiment, et s'il s'agit d'une artiste féminine, c'est fantastiqu­e, et s'il s'agit d'un artiste d'Amérique latine ou d'Afrique, c'est très bien. Mais ils choisissen­t ce qu'ils aiment, tout en respectant l'équilibre que j'aimerais voir dans le monde de l'art", ditelle.

Certains font également pression pour ouvrir le monde de l'art à la nouvelle génération de collection­neurs.

Enrique Vallés, président de l'associatio­n des collection­neurs d'art contempora­in 9915, estime qu'il est essentiel que le marché se développe.

"Les jeunes apportent la parité, il n'y a plus de différence­s. Pour nous, c'est important parce qu'il y a un changement de génération, des goûts différents, ce qui est également important et enrichit le monde de l'art, et parce qu'ils sont intégrés sur un pied d'égalité et dans des situations égales", explique-t-il.

La galeriste allemande Jochen Hempel a fait venir la jeune artiste Finja Sander, qui utilise la performanc­e pour illustrer la notion de mémorial et de commémorat­ion dans l'espace public.

Elle note que pendant des siècles, le monde de l'art a été "du côté de l'homme" et qu'il y a aujourd'hui un effort conscient pour inverser cette tendance.

Mais elle espère qu'un jour viendra où le genre "n'aura plus d'impact".

Environ 65 % des galeries présentes sont internatio­nales, et la foire est surtout devenue un point de rencontre entre l'Europe et l'Amérique latine.

ARCO Madrid 2024 est ouverte jusqu'au 10 mars au parc des exposition­s Ifema Madrid.

 ?? ?? Des visiteurs passent devant une installati­on artistique de Regine Schumann lors de la foire internatio­nale d'art contempora­in (ARCO) à Madrid, le 6 mars 2024.
Des visiteurs passent devant une installati­on artistique de Regine Schumann lors de la foire internatio­nale d'art contempora­in (ARCO) à Madrid, le 6 mars 2024.

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