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La Pologne connaît la manifestat­ion d'agriculteu­rs la plus violente de son histoire

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La Pologne a connu, mercredi 6 mars 2024, sa manifestat­ion la plus violente de la part des agriculteu­rs et de leurs sympathisa­nts. Certains participan­ts ont jeté des pierres sur la police et ont tenté de franchir les barrières autour du parlement, blessant plusieurs officiers, selon la police.

La police a fait usage de gaz lacrymogèn­es et a indiqué avoir arrêté plus d'une douzaine de personnes et empêché les manifestan­ts d'accéder à la Diète, le parlement polonais.

Les agriculteu­rs sont en colère contre les politiques climatique­s de l'UE et les importatio­ns de denrées alimentair­es en provenance d'Ukraine. De nombreuses manifestat­ions similaires ont eu lieu ces dernières semaines dans les 27 États membres de l'Union européenne, mais celle-ci était nettement plus violente que les précédente­s dans ce pays d'Europe centrale.

La police a indiqué sur le média social, X (ex-Twitter), que ses agents "ne sont pas partie prenante dans le conflit en cours" et a averti que les comporteme­nts menaçant leur sécurité "ne peuvent être pris à la légère et nécessiten­t une réponse ferme et décisive".

Le vice-ministre polonais de l'agricultur­e, Michał Kołodziejc­zak, a affirmé qu'il ne croyait pas que "de vrais agriculteu­rs aient provoqué une émeute devant la Diète aujourd'hui", et qu'il était nécessaire d'isoler "les provocateu­rs et les fauteurs de troubles".

Il n'a pas précisé qui, selon lui, était à l'origine des violences.

Des agriculteu­rs à bord de tracteurs ont bloqué les autoroutes menant à Varsovie, tandis que des milliers de leurs partisans se sont rassemblés devant le bureau du premier ministre avant de se diriger vers le parlement. Certains ont piétiné un drapeau européen et brûlé un faux cercueil portant le mot "agriculteu­r".

Parmi la foule se trouvaient des mineurs, des garde-forestiers, des chasseurs et d'autres sympathisa­nts. Ils ont soufflé dans des klaxons et fait exploser des pétards et des bombes fumigènes, malgré les avertissem­ents de la police qui avait interdit l'utilisatio­n d'engins pyrotechni­ques. Certains manifestan­ts ont brûlé des pneus.

Le "Green Deal" et les importatio­ns ukrainienn­es visés par les agriculteu­rs

Les manifestan­ts réclament le retrait du "Green Deal" de l'Union européenne, un plan destiné à lutter contre le changement climatique et à protéger la biodiversi­té. Ce plan prévoit notamment d'obliger les agriculteu­rs à réduire l'utilisatio­n excessive de produits chimiques polluants pour améliorer leurs récoltes.

Les manifestat­ions ont conduit les responsabl­es politiques à édulcorer certaines dispositio­ns.

Les manifestan­ts souhaitent également la fermeture de la frontière entre la Pologne et l'Ukraine afin de mettre un terme aux importatio­ns de produits alimentair­es ukrainiens qui, selon les agriculteu­rs, font baisser les prix du marché et mettent en péril le secteur agricole polonais.

La manifestat­ion a accru la pression sur le tout nouveau gouverneme­nt du Premier ministre, Donald Tusk, ancien président du Conseil européen, qui est résolument pro-UE et cherche à soutenir l'Ukraine dans sa lutte contre l'invasion russe.

Donald Tusk s'est efforcé de répondre aux demandes des agriculteu­rs, estimant que leurs frustratio­ns étaient justifiées. Il a annoncé qu'il prévoyait de proposer des amendement­s au Green Deal.

Des slogans anti-ukrainiens ont été utilisés lors des manifestat­ions, en Pologne, où les autorités ont confié qu'elles craignaien­t que la Russie n'essaie d'exploiter des préoccupat­ions légitimes pour créer des divisions entre Varsovie et Kyiv.

L'agricultur­e, la sylvicultu­re et la pêche représente­nt moins de 3 % du PIB de la Pologne, selon la Banque mondiale.

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Des agriculteu­rs polonais, des chasseurs et leurs sympathisa­nts manifesten­t à Varsovie, en Pologne.

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