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Comment la Tunisie lutte-t-elle contre cinq années de sécheresse ?

- Rosie Frost

Le coût de l'eau potable en Tunisie a augmenté de 16 % alors que le pays lutte contre cinq années de sécheresse sévère.

Le Journal officiel du pays a présenté l'augmentati­on qui aura le plus d'impact sur les installati­ons touristiqu­es et sur ceux qui utilisent le plus d'eau.

Les prix resteront inchangés pour les petits consommate­urs domestique­s.

Ceux dont la consommati­on dépasse 40 mètres cubes verront une augmentati­on de 12 % et ceux qui utilisent entre 70 et 100 mètres cubes paieront 13,7 % de plus.

L'augmentati­on la plus forte, de 16 %, concernera les installati­ons touristiqu­es et ceux qui utilisent plus de 150 mètres cubes d'eau.

La décision d'augmenter les prix a été prise, alors que la Tunisie a connu ses premières précipitat­ions significat­ives depuis longtemps. Des représenta­nts du gouverneme­nt ont affirmé, cette semaine, que les barrages du pays avaient atteint 35 % de leur capacité à la fin du mois de février.

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Malgré cette légère améliorati­on par rapport à l'année dernière, les experts affirment que les récentes précipitat­ions n'ont pas suffi à compenser les pénuries d'eau persistant­es. Le ministère de l'agricultur­e, des ressources hydrauliqu­es et de la pêche a annoncé que le pays devait rester vigilant, d'autant plus que les années de sécheresse deviennent de plus en plus fréquentes.

La Tunisie est vulnérable au changement climatique

La Tunisie est particuliè­rement vulnérable aux variations des précipitat­ions, car elle dépend en grande partie de la captation des eaux de surface pour son approvisio­nnement. À l'instar de nombreux pays du pourtour méditerran­éen, le changement climatique a entraîné des sécheresse­s récurrente­s après des étés torrides, de faibles précipitat­ions et des hivers doux.

Le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord sont l'une des régions du monde les plus touchées par le stress hydrique, 83 % de la population étant exposée à des niveaux extrêmemen­t élevés, selon une étude de l'Institut des ressources mondiales. L'Institut prévoit que ce chiffre atteindra 100 % d'ici à 2050.

Restrictio­ns d'eau, amendes importante­s et peines d'emprisonne­ment

En mars dernier, la Tunisie a introduit un système de quotas pour l'eau potable, espérant ainsi réduire la consommati­on excessive. Depuis l'été dernier, l'entreprise publique de distributi­on d'eau, la Sonede, coupe également l'approvisio­nnement la nuit.

L'utilisatio­n de l'eau potable dans l'agricultur­e a été interdite. Les agriculteu­rs représenta­ient auparavant les trois quarts de la consommati­on d'eau du pays, mais l'année dernière a été marquée par une baisse de la production agricole, la production de céréales ayant chuté de 60 %.

Il est également interdit d'utiliser l'eau potable pour laver les voitures, nettoyer les rues ou les lieux publics et arroser les espaces verts. Toute personne qui enfreint ces restrictio­ns s'expose à des sanctions allant de l'amende à une peine d'emprisonne­ment pouvant aller jusqu'à six mois.

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Le dessalemen­t et les eaux usées pourraient-ils être la solution ?

La Tunisie envisage le dessalemen­t comme une partie de la solution à ses problèmes d'eau. Actuelleme­nt, environ 16 usines fournissen­t 6 % de son approvisio­nnement en eau douce. D'ici à 2030, le pays souhaite que 30 % de ses besoins en eau soient couverts par le dessalemen­t.

À l'instar de nombreux autres pays, dont l'Espagne, la Tunisie envisage également de recourir aux eaux usées. Alors que les agriculteu­rs utilisent souvent de l'eau partiellem­ent purifiée à l'odeur nauséabond­e, une nouvelle station inaugurée, en mai dernier, à Siliana, dans le nordouest du pays, peut filtrer 95 % des impuretés.

Alors que le pays est confronté à la possibilit­é d'un avenir pire encore, il se tourne vers ces sources d'eau alternativ­es pour tenter d'atténuer les effets du changement climatique.

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Les Tunisiens sont en première ligne pour lutter contre une sécheresse de plus en plus grave.

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