EuroNews (French Edition)

"Nous ne sommes pas l'agence européenne de sauvetage", souligne le directeur de Frontex

- Jorge Liboreiro

Le directeur de Frontex répond au rapport de la médiatrice européenne. Le document, publié la semaine dernière, conclut que l’Agence européenne des gardefront­ières et garde-côtes est trop dépendante du consenteme­nt des autorités nationales. Elle n’est donc pas dans les meilleures dispositio­ns pour défendre les valeurs de l'UE et sauver des vies en mer.

Emily O'Reilly recommande également à l'agence de "mettre fin, retirer ou suspendre ses activités" dans les pays qui persistent à ne pas respecter leurs obligation­s en matière de recherche et de sauvetage ou qui violent les droits fondamenta­ux.

Dans le cas contraire, prévient la médiatrice, l'UE risque de devenir "complice" de la mort des migrants.

Près d'une semaine après la publicatio­n du document, Hans

Leijtens a tenu mardi une conférence de presse à Bruxelles pour donner sa réponse au rapport.

"Je comprends la logique suivie par la médiatrice. Je ne suis pas vraiment d'accord avec elle sur un certain nombre de points", explique Hans Leijtens, "Nous ne sommes pas l'Agence européenne de recherche et de sauvetage. Nous sommes l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes".

Le directeur souligne que la "mission première" de l'agence était de sécuriser les frontières extérieure­s de l'UE en déployant des agents sur le terrain et en assistant les États membres. Sa tâche principale est de "rechercher" plutôt que de "secourir". L'agence a repéré l’année dernière 2 000 cas de franchisse­ments irrégulier­s par le biais d'avions de surveillan­ce et de drones, précise le directeur.

En vertu des règles actuelles, Frontex est habilitée à alerter les centres de coordinati­on des situations de détresse potentiell­es et, le cas échéant, à apporter son aide dans les situations d'urgence en mer. Mais cette assistance ne peut avoir lieu que si l'agence obtient le consenteme­nt explicite d'un pays. Dans le cas contraire, Frontex n'a d'autre choix que de rester en marge de l'opération sans intervenir directemen­t. En outre, Hans Leijtens fait remarquer que les bateaux gérés par Frontex sont principale­ment des "navires côtiers" qui ne sont pas destinés à la recherche et au sauvetage en haute mer.

Malgré les limitation­s pratiques, Frontex est toujours étroitemen­t impliquée dans la gestion des flux migratoire­s. L'agence estime qu'elle a contribué au sauvetage de 43 000 personnes en mer au cours de 24 opérations en 2023.

"Notre tâche est basée sur la sécurisati­on des frontières", souligne Hans Leijtens, "mais il ne fait aucun doute que si nous devons choisir entre évaluer s'il s'agit d'une question de sécurité ou sauver des vies, nous sauverons toujours des vies et nous nous occuperons de la question de sécurité plus tard".

Mais ce sont les épisodes qui se terminent en tragédie qui placent l'agence sous l'oeil attentif des législateu­rs et de la société civile. Frontex a été confrontée l’année dernière à des questions difficiles concernant sa réponse à deux naufrages meurtriers : l'un en février, près de la Calabre, en Italie, qui a fait au moins 94 morts, et l'autre en juin, lorsque l'Adriana, un bateau de pêche surchargé de demandeurs d'asile, a chaviré au large des côtes de la Messénie, en Grèce entraînant la mort confirmée ou présumée de plus de 600 personnes.

L'enquête de la médiatrice a été lancée à la suite de ce second incident. Le rapport indique que la Grèce n'a pas répondu aux alertes de Frontex à "quatre occasions distinctes" au cours de la tragédie et critique l'agence pour ne pas avoir joué un "rôle plus actif" tout en étant "pleinement consciente" des accusation­s de re

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Hans Leijtens, directeur exécutif de Frontex, a répondu aux conclusion­s du Médiateur européen.

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