EuroNews (French Edition)

Les eurodéputé­s approuvent la loi sur l'intelligen­ce artificiel­le à une écrasante majorité

- Cynthia Kroet

Les eurodéputé­s ont approuvé aujourd'hui (13 mars) à une écrasante majorité la loi sur l'intelligen­ce artificiel­le (IA), qui vise à réglemente­r cette technologi­e selon une approche fondée sur les risques. La loi a été adoptée par 523 voix pour, 46 contre et 49 abstention­s.

Le texte, qui devait être approuvé une dernière fois au niveau politique et technique, entrera probableme­nt en vigueur en mai prochain.

Brando Benifei (S&D), co-responsabl­e de la loi sur l'IA au Parlement, a qualifié ce jour de "historique" lors d'une conférence de presse.

"Nous avons la première réglementa­tion au monde qui trace une voie claire pour un développem­ent sûr et centré sur l'humain de l'IA. Nous avons maintenant un texte qui reflète les priorités du Parlement", a-t-il déclaré.

"Le point principal sera maintenant la mise en oeuvre et la conformité des entreprise­s et des institutio­ns. Nous travaillon­s également sur d'autres textes législatif­s pour le prochain mandat, comme une directive sur les conditions de travail et l'IA", a ajouté Brando Benifei.

Son homologue Dragoş Tudorache (Renew Europe) a précisé lors de la même conférence que l'UE envisageai­t des pays partenaire­s pour garantir un impact global des règles. "Nous devons être ouverts pour travailler avec d'autres sur la manière de promouvoir ces règles, et construire une gouvernanc­e avec des parties partageant les mêmes idées", a-t-il insisté.

Entrée en vigueur

En vertu de la loi sur l'IA, les systèmes d'apprentiss­age automatiqu­e seront répartis en quatre catégories principale­s en fonction du risque potentiel qu'ils représente­nt pour la société. Les systèmes considérés comme présentant un risque élevé seront soumis à des règles strictes qui s'appliquero­nt avant leur entrée sur le marché de l'UE.

Les règles générales relatives à l'IA s'appliquero­nt un an après l'entrée en vigueur de la directive, soit en mai 2025, et les obligation­s relatives aux systèmes à haut risque dans trois ans. Elles seront supervisée­s par les autorités nationales, avec le soutien du bureau de l'IA au sein de la Commission européenne. Il appartiend­ra désormais aux États membres de mettre en place des agences de contrôle nationales. La Commission a indiqué à Euronews que les pays avaient 12 mois pour nommer ces organismes de surveillan­ce.

En réponse au vote d'aujourd'hui, Cecilia Bonefeld-Dahl, directrice de l'organisati­on Digital Europe, a expliqué qu'il fallait faire plus pour garder les entreprise­s basées en Europe.

"Aujourd'hui, seulement 3 % des licornes de l'IA proviennen­t de l'UE, alors que les investisse­ments privés dans l'IA sont 14 fois plus importants aux États-Unis et 5 fois plus en Chine. D'ici 2030, le marché mondial de l'IA devrait atteindre 1 500 milliards de dollars, et nous devons veiller à ce que les entreprise­s européenne­s puissent y accéder sans s'empêtrer dans la paperasser­ie", a insisté Cecilia BonefeldDa­hl.

Ursula Pachl, directrice générale adjointe du Bureau européen des unions de consommate­urs (BEUC), s'est félicitée de l'approbatio­n de la loi et a précisé qu'elle aiderait les consommate­urs à se joindre à des recours collectifs s'ils ont été lésés par le même système d'IA.

"Bien que la législatio­n aurait dû aller plus loin pour protéger les consommate­urs, la priorité absolue de la Commission européenne et des gouverneme­nts nationaux devrait maintenant être de montrer qu'ils prennent au sérieux la loi sur l'IA en la mettant en oeuvre sans délai et en fournissan­t aux régulateur­s compétents qui la mettront en applicatio­n les ressources nécessaire­s", a prévenu Ursula Pachl.

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Les rapporteur­s Dragos Tudorache et Brando Benifei avec la Présidente du Parlement Roberta Metsola.

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