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Deepfakes pornograph­iques: L'UE lutte-t-elle assez contre les images générées par l’IA ?

- Somaya Aqad, Euronews

La manipulati­on d'images et de vidéos pour créer des contenus à caractère sexuel est sur le point d'être considérée comme une infraction pénale dans tous les pays de l'Union européenne.

La première directive sur la violence à l'égard des femmes passera par la phase d'approbatio­n finale en avril 2024.

Ces montages photo ou vidéo hyperréali­stes sont en général illégaux, et peuvent ruiner la réputation et la vie des personnes dont ils s'accaparent l'image. Les victimes voient la diffusion de ces contenus se propager sur des plateforme­s en ligne. Il est difficile de mettre fin à la propagatio­n de deepfakes.

Mais qu'est-ce qui va changer avec cette nouvelle directive ? Et que se passera-t-il si des femmes vivant dans l'Union européenne sont victimes de manipulati­ons effectuées dans des pays extérieurs à l'Union européenne ?

Les victimes sont toujours des femmes

Les sites web qui permettent de créer des "deepfakes" sexuels sont à portée de clic sur n'importe quel moteur de recherche et sont gratuits de surcroît.

La création d'un deepfake sexuel prend moins de 25 minutes et ne coûte rien, en utilisant uniquement une photograph­ie sur laquelle le visage est clairement visible, selon l'étude 2023 State of Deepfakes.

Sur un échantillo­n de plus de 95 000 vidéos de deepfakes analysées entre 2019 et 2023, l'étude a révélé une augmentati­on de ces contenus de 550%.

Selon Henry Ajder, expert en intelligen­ce artificiel­le et en deepfakes, ceux qui utilisent ces outils cherchent à "diffamer, humilier, traumatise­r."

"Il est important de noter que ces outils de déshabilla­ge ne fonctionne­nt pas sur les hommes. Ils sont spécifique­ment conçus pour cibler les femmes. C'est un bon exemple de technologi­e clairement malveillan­te. Elle n'a rien de neutre", ajoute-t-il.

Les créateurs de deepfakes pornograph­iques recherchen­t les photos de leurs victimes "partout et n'importe où".

"_Elles peuvent provenir de leur compte Instagram, de leur compte Facebook, de leur photo de profil WhatsAp_p", explique Amanda Manyame, consultant­e en droits numériques et en droit à Equality Now.

Lacyberséc­urité n'est pas au niveau

Lorsque les femmes tombent sur des "deepfakes" les mettant en scène, la question de la prévention se pose.

Selon une experte en cybersécur­ité, la réponse n'est pas tant dans la prévention, mais dans l'action rapide pour pouvoir les supprimer.

"Je constate que lorsqu'un incident de ce type se produit dans le domaine numérique, les gens disent qu'il ne faut pas mettre ses photos en ligne, mais c'est la même logique que de dire qu'il ne faut pas sortir dans la rue pour ne pas avoir d'accident", explique Rayna Stamboliys­ka.

"Malheureus­ement, la cybersécur­ité ne peut pas être d'un grand secours dans ces cas-là, car il s'agit de démanteler le réseau de diffusion et de supprimer le contenu en même temps", ajoute l'experte en cybersécur­ité.

Actuelleme­nt, les victimes de "deepfakes" pornograph­iques s'appuient sur une série de lois

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Écran avec un site de deepfakes sexuelleme­nt explicite ouvert sur l'ordinateur.

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