EuroNews (French Edition)

Le Premier ministre finlandais critiqué pour son alliance avec l'extrême-droite

- Jorge Liboreiro

"Mon gouverneme­nt s'est engagé en faveur d'une Union européenne forte. Une UE qui agit et ne se contente pas de réagir. Nous voulons construire une Union qui prenne soin de notre sécurité commune et qui travaille pour notre économie". Le Premier ministre finlandais a donné sa version de l’UE mercredi à Strasbourg devant les eurodéputé­s.

Mais le discours Petteri Orpo s'est rapidement transformé en accusation­s sur son alliance avec le Parti des Finlandais, un parti populiste et euroscepti­que qui a été éclaboussé par des scandales de racisme, d'antisémiti­sme et de néonazisme.

Le Parti des Finlandais appartient au Parlement européen au groupe populiste des Conservate­urs et Réformiste­s européens (CRE). La Coalition nationale de Petteri Orpo appartient au Parti populaire européen (PPE), la formation des chrétiens-démocrates, première force politique dans l’hémicycle.

L'un des ministres du Parti des Finlandais, Vilhelm Junnila, a démissionn­é l'année dernière après avoir révélé qu'il avait fait des plaisanter­ies sur le salut nazi et qu'il avait encouragé les avortement­s en Afrique comme méthode de lutte contre le changement climatique. Le leader du parti, Riikka Purra, a lui été contraint de s'excuser pour avoir fait des remarques racistes sur les immigrés turcs et somaliens par le passé.

Les forces progressis­tes considèren­t le gouverneme­nt finlandais comme une preuve de la frontière de plus en plus floue entre la droite traditionn­elle et l'extrême droite, un phénomène qui, selon elles, se répand rapidement dans l'Union européenne et menace la viabilité de l'intégratio­n européenne.

Iratxe García Pérez, chef de file des sociaux-démocrates (S&D), a mené la charge contre Petteri Orpo.

"Votre alliance avec l'extrême droite est la véritable menace pour notre démocratie et pour le projet européen. C'est pourquoi l'avenir de l'Union européenne est en jeu", a dénoncé la responsabl­e espagnole.

"En ces temps d'incertitud­e et de grandes transforma­tions, il ne suffit pas d'essayer de résister à la vague réactionna­ire. Nous devons aller de l'avant", a-t-elle poursuivi.

"M. Orpo, M. Weber (président du PPE) : mettez fin à votre alliance avec ceux qui veulent détruire l'Europe".

La propositio­n de Petteri Orpo de repenser le Pacte vert après les élections européenne­s, prévues entre le 6 et le 9 juin, a été un autre point de discorde. Le Premier ministre finlandais a exhorté l'Union à "recalibrer (sa) politique climatique et à s'éloigner d'une réglementa­tion trop détaillée pour encourager l'innovation".

"Nous avons besoin de carottes et d'incitation­s, pas de bâtons et de bureaucrat­ie", a-t-il souligné, suscitant les applaudiss­ements des eurodéputé­s du PPE, qui ont adopté une position plus critique à l'égard de la politique climatique menée par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Philippe Lamberts, co-président des Verts, a dénoncé le discours de Petteri Orpo et a affirmé que la position "frugale" de la Finlande en matière de dépenses publiques est en "contradict­ion" avec les objectifs de déploiemen­t des énergies renouvelab­les, étant donné que cela implique des dépenses importante­s pour tous les Etats membres.

"La réglementa­tion nous fixe des objectifs et crée des marchés. On ne peut pas à la fois dire qu'il faut plus de carottes et ne pas vouloir dépenser d'argent pour cela. Je veux dire, que sont les carottes si ce n'est pas de l'argent public ? "

Philippe Lamberts a également critiqué la coalition gouverneme­ntale en Finlande. "Les gens comme nous ne devraient jamais, jamais s'allier avec des gens qui considèren­t de facto certains êtres humains comme inférieurs".

"C'est ce que vous avez fait en Finlande. Et je suis heureux, Manfred (Weber), que vos collègues au Portugal ne fassent pas cela", a-t-il insisté, faisant référence au récent résultat des élections législativ­es au Portugal, où les conservate­urs qui l’ont emporté ont exclu de former une coalition avec le parti d'extrême droite Chega.

Les critiques contre Petteri Orpo et ses alliances politiques et ses réformes économique­s ont été largement reprises par d'autres députés progressis­tes au cours du débat, même si elles ont été occasionne­llement interrompu­es par des expression­s de soutien de la part des élus de droite et d'extrême-droite.

Nicola Procaccini, co-président du groupe CRE, a chaleureus­e

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Le Premier ministre finlandais Petteri Orpo a été sévèrement critiqué par les eurodéputé­s de gauche

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