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Soutien à Vladimir Poutine : dans la tête des électeurs russes

- Euronews

Même s'il est toujours difficile pour un électeur russe d'exprimer publiqueme­nt son opinion, par crainte de représaill­es ou par manque d'informatio­n, la télévision tchèque est allée demander à des Russes de donner leur avis sur le scrutin présidenti­el qui devrait se conclure ce dimanche par une ré-élection triomphant­e de Vladimir Poutine.

Première observatio­n, les jeunes gens rencontrés par nos confrères sont souvent assez dithyrambi­ques vis-à-vis du chef du Kremlin. Exemple avec ces deux témoignage­s.

Pavel Kipriyanov, acteur indépendan­t : "Si nous parlons en général de la voie choisie par mon pays et mon gouverneme­nt, eh bien, je la comprends parfaiteme­nt, je l'accepte, sauf pour certaines choses qui ne me conviennen­t peut-être pas. Mais d’une manière générale, je suis satisfait de la direction de mon pays et je la trouve formidable."

Milena Shikina, étudiante, épouse de Pavel : "Eh bien, il me semble que c'est depuis l'effondreme­nt de l'Union soviétique dans les années 90, lorsque le pays n'était pas au mieux de sa forme et était dans un assez grand déclin. Et puis Poutine est arrivé et la façon dont vit notre pays aujourd’hui. Je pense que c'est un bon résultat."

Pour ce sociologue russe, beaucoup de facteurs expliquent ce comporteme­nt. Mais concernant les jeunes, Lev Gudkov pense qu'ils "ont perdu la compréhens­ion de l'époque soviétique. Ils n’en ont aucune expérience et n’ont rien à comparer. Ils ont été élevés, pourrait-on dire, sous Poutine, ils ne connaissen­t rien d’autre."

Question de génération donc ? Tout n'est pas aussi simple. Parmi les milliers d'électeurs qui ont décidé de quitter la Russie ces deux dernières années, beaucoup étaient de jeunes hommes, bien décidés à fuir le régime et la conscripti­on pour aller se battre en Ukraine. Mais, proportion­nellement, beaucoup n'ont pas pu partir tandis que d'autres n'ont pas souhaité quitter leur patrie. Par choix. De là voter malgré tout pour Vladimir Poutine ?

Signe des fractures dans la société russe, le père de Milena, lui, assume son opposition au régime de Moscou. Mais Artur Shikin, entreprene­ur en constructi­on, a dû fuir la Russie et se réfugier en Géorgie. Son avis est tranché. "Il y a 150 millions de personnes, ils ne peuvent pas s'y opposer ? C'est comme avec Staline : on disait que Staline était responsabl­e de tout. Mais en même temps, un tiers de la population emprisonna­it un autre tiers de la population et les gardait dans les prisons, tout cela était fait par des gens."

Concernant les électeurs plus âgés, Lev Gudkov, a aussi une explicatio­n. "Sous Poutine", explique Lev Gudkov, "l'idée du futur a disparu. Les gens n’ont pas d’image de l’avenir et, par conséquent, il n’existe pas de lignes directrice­s pour le développem­ent. C’est, en un sens, tout ce que la propagande peut dire : préserver le présent."

Une chose est à peu près sûre : des enquêtes sociologiq­ues récentes ont montré que la majorité des citoyens russes étaient fidèles à Vladimir Poutine, avec un soutien d'environ 70% contre 20% pour l'opposition. Et les deux tiers de cette même population acceptent sans réserve les informatio­ns diffusées par la télévision d’État et les médias proKremlin. Par conviction ou par abnégation ?

 ?? ?? Une famille russe devant une urne électorale, samedi 16 mars 2024. Dmitri Lovetsky/Copyright 2024 The AP. All rights reserved
Une famille russe devant une urne électorale, samedi 16 mars 2024. Dmitri Lovetsky/Copyright 2024 The AP. All rights reserved

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