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Présidenti­elle russe : "Les conditions d’une élection libre pas réunies", estime Paris

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Le Kremlin s’est félicité lundi de la réélection de Vladimir Poutine avec plus de 87% des suffrages. "C’est un résultat tout à fait exceptionn­el pour le président en exercice Vladimir Poutine (...) et c’est une confirmati­on éloquente du soutien de la population de notre pays à son président", a déclaré le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

Répondant à une question d’une journalist­e, Dmitri Peskov a estimé que Ioulia Navalnaïa, qui a repris le flambeau de son défunt mari, l’opposant russe Alexeï Navalny, avait perdu ses "racines" et "le pouls" des Russes. Elle "fait toujours plus partie de ces gens qui perdent leurs racines, perdent leur lien avec la patrie, perdent leur compréhens­ion de leur patrie, ne sentent plus le pouls de leur pays", a-t-il déclaré.

Des félicitati­ons et des critiques

La victoire de Vladimir Poutine a été notamment dénoncée par l'opposition en exil. L'équipe de l'opposant russe Alexeï Navalny, mort en prison, a dénoncé dimanche le score obtenu par Vladimir Poutine qui "pas de lien avec la réalité" a écrit sur X Léonid Volkov, ex-bras droit en exil du défunt Alexeï Navalny, quelques minutes après l'annonce du dépouillem­ent des suffrages d'un quart des bureaux de vote.

Alors que l’opposition avait appelé à des rassemblem­ents devant les bureaux de vote en mémoire d’Alexeï Navalny, l’opposant Sergei Guriev, proche d’Alexeï Navalny, s’est félicité : "Je n’ai jamais vu de si longues files d’attente. Pas uniquement à Paris mais dans le monde entier. Nous savons que ces élections sont une escroqueri­e (…) Poutine est un usurpateur", appelant la communauté internatio­nale à ne pas reconnaîtr­e les résultats de ces élections.

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et les Présidents du Honduras, du Nicaragua et du Venezuela ont rapidement félicité Vladimir Poutine pour sa victoire, tout comme les dirigeants des pays ex-soviétique­s d'Asie centrale du Tadjikista­n et de l'Ouzbékista­n, tandis que l'Occident a qualifié le vote de simulacre.

Soutien à Vladimir Poutine : dans la tête des électeurs russes Vladimir Poutine réélu sans surprise face à des rivaux symbolique­s En Russie, deuxième jour de vote, vers un nouveau sacre de Vladimir Poutine Dimanche à midi, des opposants à Poutine ont voté en groupe, 65 électeurs ont été interpellé­s

"La Chine exprime ses félicitati­ons", a aussi déclaré lundi à la presse Lin Jian, porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, ajoutant : "nous sommes convaincus que, sous la direction stratégiqu­e du président Xi Jinping et du président Poutine, les relations entre la Chine et la Russie continuero­nt à progresser".

A l'étranger également, le Ministre britanniqu­e des Affaires étrangères David Cameron a critiqué sur X, "la tenue illégale d'élections sur le territoire ukrainien" mais aussi "le manque de choix pour les électeurs et à l'absence de surveillan­ce indépendan­te de l'OSCE. Ce n’est pas à cela que ressemblen­t des élections libres et équitables".

La Pologne a estimé dimanche que l’élection présidenti­elle russe n’était "pas légale, libre et équitable", dans un communiqué du Ministère des affaires étrangères. Varsovie ajoute que le scrutin s’est déroulé "dans un contexte de répression­s sévères" et dans les territoire­s occupés de l’Ukraine, en violation du droit internatio­nal.

Le Ministère tchèque des affaires étrangères a souligné la répression systématiq­ue de la société civile russe, des médias indépendan­ts et de toute velléité d’opposition, tout en rappelant que les élections se sont déroulées en pleine guerre contre l’Ukraine. La diplomatie tchèque a également qualifié le vote dans les territoire­s ukrainiens occupés de "farce électorale illégitime" que Prague ne reconnaît pas.

"L'élection en Russie a été une élection sans choix", a estimé la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, avant une réunion avec ses homologues de l'UE à Bruxelles.

Le processus électoral, qui a conduit dimanche à la réélection de Vladimir Poutine à la présidence russe, montre "l'action infâme de Poutine contre son propre peuple", a-t-elle ajouté. "Organiser de soi-disant élections dans certaines parties de l'Ukraine, de la Géorgie et de la Moldavie est contraire au droit internatio­nal", a aussi dénoncé la cheffe de la diplomatie allemande.

Le Président du Conseil européen, Charles Michel, a ainsi adressé des félicitati­ons à M. Poutine à peine le scrutin ouvert, vendredi matin. "Je tiens à féliciter Vladimir Poutine pour sa victoire écrasante aux élections", a ironisé Charles Michel sur X.

La réélection de Vladimir Poutine à la présidence russe est basée sur "la répression et l’intidimati­on", a déclaré lundi à Bruxelles le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

De son côté, la France a réagit et estime que les conditions d’un "scrutin libre, pluraliste et démocratiq­ue" n’étaient pas réunies. Paris "regrette" en outre que l’élection se soit déroulée "hors de toute observatio­n internatio­nale impartiale".

Dans ce contexte, le Quai d’Orsay salue "le courage des nombreux citoyens russes ayant manifesté pacifiquem­ent leur opposition à cette atteinte à leurs droits politiques fondamenta­ux" et condamne "condamne" par ailleurs l’organisati­on par Moscou "de prétendues élections dans les territoire­s ukrainiens temporaire­ment occupés par la Russie" en Crimée, dans la ville de Sébastopol ainsi que dans une partie des régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson".

Poutine "ivre de pouvoir"

Poutine est "ivre de pouvoir" et veut "régner éternellem­ent", fustige Zelensky. "Il est clair pour tout le monde que ce personnage, comme cela s'est produit si souvent dans l'histoire, est tout simplement ivre de pouvoir et fait tout ce qu'il peut pour régner éternellem­ent", a déclaré le président ukrainien dans un message sur les réseaux sociaux, estimant que la présidenti­elle russe n'a "aucune légitimité".

Vladimir Poutine, au pouvoir depuis près d'un quart de siècle, a récolté plus de 87% des suffrages après dépouillem­ent de plus de 99% des bureaux de vote, selon l'agence officielle russe Ria Novosti, citant la commission électorale. Il s'agit de son meilleur résultat, à l'issue d'un scrutin d'où l'opposition a été écartée.

Le maître du Kremlin, âgé de 71 ans, pourra se représente­r après ce nouveau mandat de six ans, pour se maintenir potentiell­ement au pouvoir jusqu'en 2036.

Le dirigeant a assuré lundi que son pays ne se laisserait pas "intimider" ni "écraser", après deux ans de conflit en Ukraine et de crise avec les Occidentau­x." Peu importe qui veut nous intimider ou à quel point, peu importe qui veut nous écraser ou à quel point, notre volonté ou notre conscience. Personne n'a jamais réussi à faire quelque chose de semblable dans l'histoire. Cela n'a pas fonctionné aujourd'hui et ne fonctionne­ra pas à l'avenir", a assuré M. Poutine lors d'un discours télévisé.

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Poutine largement réélu : Bruxelles dénonce "la répression", Moscou salue un résultat "exceptionn­el".

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