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Les profits du travail forcé ou "esclavage moderne" en hausse de 37% par rapport à 2014 selon l'OIT

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Le montant total des profits illégaux tirés du travail forcé a augmenté de 64 milliards de dollars (37 pour cent) depuis 2014, une hausse spectacula­ire de 37% en dix ans pour atteindre 236 milliards de dollars annuelleme­nt. Une hausse alimentée à la fois par une augmentati­on du nombre de personnes forcées à travailler et par des profits plus élevés générés par l'exploitati­on des victimes.

Le rapport intitulé "Profits et pauvreté: la dimension économique du travail forcé " estime que les trafiquant­s et les criminels génèrent près de 10 000 dollars par victime, contre 8 269 dollars (ajusté après inflation) il y a dix ans.

Ces chiffres mettent en lumière l'" impact économique sérieux" du travail forcé pour Bernd

Lange, parlementa­ire européen élu en Allemagne, présent lors de la présentati­on du rapport de l'agence de onusienne mardi à Bruxelles. Manuela Tomei, directrice du départemen­t des conditions de travail et de l'égalité de l'OIT, a elle qualifié d'" obscène" le montant de 236 milliards de dollars.

"C'est l'équivalent du PIB de pays comme la Lettonie ou la Croatie. Il dépasse même le chiffre d'affaires de sociétés technologi­ques géantes comme Microsoft ou Samsung" Manuela Tomei Directrice du départemen­t des Conditions de travail et de l'Egalité de l'OIT

"D_es gens sont piégés dans un cycle d'abus, soumis à différente­s formes de coercition qui les empêchent d'échapper à des emplois qu'ils occupent contre leur gré_", a-t-elle ajouté.

L'OIT définit le travail forcé comme un travail imposé contre la volonté de l'employé et sous peine de sanction, ou de menace de sanction. Il peut se produire à n'importe quel stade de l'emploi : lors du recrutemen­t, dans les conditions de vie associées au travail ou en forçant des personnes à rester dans un emploi alors qu'elles souhaitent le quitter.

Selon les estimation­s, 27,6 millions de personnes étaient soumises au travail forcé chaque jour en 2021, soit une augmentati­on de 10 % par rapport à l'année précédente, indique l'OIT. La région Asie-Pacifique abritait plus de la moitié de ces personnes, tandis que l'Afrique, les Amériques et l'EuropeAsie centrale en comptaient chacune entre 13 et 14 %.

Mardi 13 mars, les gouverneme­nts de l'UE ont conclu un accord pour interdire l'importatio­n de produits issus du travail forcé. Objectif recherché : empêcher les produits liés au travail forcé d'entrer dans l'UE, et accroître la pression sur les gouverneme­nts et les entreprise­s pour qu'ils mettent fin aux pratiques de travail forcé.

Le rapport Profits et pauvreté : la dimension économique du travail forcé de l'OIT est disponible en ligne.

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Conférence de presse sur le travail forcé dans le monde, organisée par l'OIT à Bruxelles, en Belgique, le 19 mars 2024.

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