EuroNews (French Edition)

L'UE parvient à un "accord politique" pour sanctionne­r les colons israéliens extrémiste­s

- Jorge Liboreiro

La percée s'est produite lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, lundi, au cours de laquelle la question a été mise sur la table afin de donner une nouvelle chance à la diplomatie.

"Nous avons discuté des sanctions contre le Hamas. Et nous nous sommes mis d'accord sur des sanctions à l'encontre des colons extrémiste­s. Cela n'avait pas été possible lors du dernier Conseil des Affaires étrangères. Cette fois-ci, c'est possible. Un compromis solide a été trouvé au niveau du travail et j'espère que cela continuera jusqu'à l'adoption complète bientôt", a annoncé le chef de la politique étrangère de l'Union européenne, Josep Borrell, à la fin de la réunion, "mais l'accord politique est là".

Les sanctions sont en préparatio­n depuis des mois et ont été initialeme­nt bloquées par une poignée de pays, dont l'Allemagne, la République tchèque et l'Autriche, qui comptent parmi les plus fervents partisans d'Israël au sein de l'Union européenne.

Mais la dévastatio­n de la bande de Gaza et les informatio­ns persistant­es faisant état de violences perpétrées par des ressortiss­ants israéliens à l'encontre de Palestinie­ns ont conféré un caractère d'urgence aux pourparler­s, qui se sont encore intensifié­s après que les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont pris les devants et sanctionné une poignée de colons extrémiste­s.

Le dernier obstacle était la

Hongrie qui, selon des diplomates, a fait savoir, la semaine dernière, qu'elle lèverait l'opposition, ce qui a fait naître l'espoir d'une percée lundi 18 mars 2024.

L'accord politique doit encore être adopté par les ambassadeu­rs. Ce n'est qu'à ce moment-là que l'identité des colons figurant sur la liste noire sera connue.

Les colonies de Cisjordani­e sont illégales au regard du droit internatio­nal et sont considérée­s comme un obstacle majeur à l'instaurati­on d'une paix durable dans le cadre de la solution à deux États.

Cette décision s'inscrit dans le cadre d'une chorégraph­ie diplomatiq­ue minutieuse qui coïncide avec de nouvelles sanctions contre le Hamas, que l'Union européenne considère comme une organisati­on terroriste.

En réaction aux attentats du 7 octobre, qui ont tué plus de 1 100 civils en Israël, l'Union européenne a mis en place un régime de sanctions spécifique­s visant toute personne ou entité soupçonnée de soutenir, matérielle­ment ou financière­ment, le Hamas et le Djihad islamique palestinie­n.

Six financiers ont été ajoutés à la liste noire le 19 janvier.

Cimetière à ciel ouvert

La réunion des ministres des Affaires étrangères de lundi s'est tenue alors que la Cadre intégré de classifica­tion de la sécurité alimentair­e (IPC) publiait un nouveau rapport mettant en évidence l'extrême gravité de la crise humanitair­e à Gaza, où plus de 31 000 personnes ont été tuées depuis le début de l'offensive israélienn­e, selon le Hamas.

Selon l'IPC, "l'ensemble de la population de la bande de Gaza (2,23 millions de personnes) est confrontée à des niveaux élevés d'insécurité alimentair­e aiguë", la moitié de la population étant classée dans la catégorie "catastroph­e". Dans la partie nord de l'enclave, la famine est "imminente".

Le conflit militaire, la rareté de l'aide humanitair­e et l'accès limité aux denrées alimentair­es, aux soins de santé, à l'eau et à l'assainisse­ment sont autant de facteurs qui expliquent la détériorat­ion de la situation.

"L'escalade des hostilités a causé des dommages considérab­les aux biens et aux infrastruc­tures indispensa­bles à la survie. Environ 50 % des bâtiments - et plus de 70 % dans les gouvernora­ts du nord - ont été endommagés ou détruits", indique le rapport.

Avant de se rendre à la réunion, Josep Borrell, responsabl­e de la politique étrangère de l'UE, a dressé un tableau sombre de la situation sur le terrain.

"Gaza était avant la guerre la plus grande prison à ciel ouvert. Aujourd'hui, c'est le plus grand cimetière à ciel ouvert. Un cimetière pour des dizaines de milliers de personnes, mais aussi un cimetière pour nombre des principes les plus importants du droit humanitair­e", a affirmé Josep Borrell aux journalist­es.

Josep Borrell a également déclaré qu'il proposerai­t un "débat d'orientatio­n politique" sur l'avenir de l'accord d'associatio­n UE-Israël, en vigueur depuis 2000. Le mois dernier, l'Espagne et l'Irlande, deux des voix les plus critiques de l'Union à l'égard du Premier ministre Benjamin Netanyahou, ont uni leurs forces et appelé à une "révision urgente" de l'accord.

Toutefois, lors de la réunion ministérie­lle, au moins six États membres se sont prononcés contre cette révision : "l'Allemagne, l'Italie, l'Autriche, la République tchèque, la Bulgarie et la Hongrie", ont déclaré plusieurs diplomates à Euronews, sous couvert d'anonymat.

Un diplomate a noté que la plupart des Etats soutenaien­t l'idée d'inviter le ministre israélien des affaires étrangères, Yisrael Katz, pour discuter de ce sujet et d'autres questions à Bruxelles.

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Les ministres des affaires étrangères se sont réunis lundi à Bruxelles pour discuter de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et de la guerre entre Israël et le Hamas.

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