EuroNews (French Edition)

Pourquoi les oeufs de Pâques sont-ils si chers cette année ?

- Angela Symons

Les prix des oeufs de Pâques sont plus élevés cette année en raison du changement climatique qui affecte les cultures de cacao.

Des marques populaires comme Maltesers, Lindt et Ferrero Rocher ont vu leur prix augmenter de plus de 50 % par rapport à l'année dernière, a constaté le champion britanniqu­e des consommate­urs "Which ?"

La hausse des températur­es et les conditions climatique­s humides ont stressé et endommagé les cultures en Afrique de l'Ouest, qui produit plus de 70 % de l'offre mondiale de cacao.

Les prix du cacao ont plus que doublé l'année dernière, passant de 2 220 euros la tonne, en février 2023, à un record de 5 490 euros. Les prix du sucre augmentent également.

Mondelez, qui possède Cadbury, le célèbre fabricant d'oeufs de Pâques, s'est appuyé sur des augmentati­ons de prix pour contrer la flambée des prix du cacao. Elle a reconnu des augmentati­ons de prix allant jusqu'à 15 % dans sa catégorie de chocolat en 2023. Des prix encore plus élevés sont probables en 2024.

Comment le changement climatique affectet-il les producteur­s de cacao ?

Au cours des derniers mois, les producteur­s de cacao ont été frappés par des conditions météorolog­iques défavorabl­es et des maladies des plantes.

La Côte d'Ivoire et son voisin le Ghana répondent ensemble à plus de la moitié de la demande mondiale de cacao.

Alors que la grande saison du cacao, qui a débuté en octobre 2023, s'achève à la fin du mois de mars, certaines cultures ont été dévastées par la maladie fongique des cabosses noires. Sa propagatio­n est favorisée par des mois de temps détrempé.

La baisse de la production de cacao fait exploser les prix sur les marchés mondiaux Pollution : quels sont les trois pays européens qui respirent un air sain ?

Un autre problème majeur au Ghana et en Côte d'Ivoire est le virus de la pousse gonflée du ca

cao, propagé par les insectes. Il est généraleme­nt traité par l'abattage complet des arbres infectés.

Les conditions humides en Afrique de l'Ouest sont accusées de nuire aux rendements des cultures, ce qui fait grimper les prix du cacao.

L'Afrique de l'Ouest a été frappée par une vague de chaleur à la mi-février, qui a affaibli les arbres déjà endommagés par les précipitat­ions. Les températur­es ont dépassé les 40°C dans certaines régions, provoquant des alertes à la chaleur au Ghana et au Nigeria.

Une étude réalisée par le World Weather Attributio­n (WWA), un groupe de recherche composé de climatolog­ues internatio­naux, a révélé que la vague de chaleur du mois dernier était dix fois plus probable et qu'il faisait 4 °C de plus à cause du changement climatique causé par l'homme.

Quel est l'avenir de la culture du cacao en Afrique de l'Ouest ?

L'augmentati­on des températur­es et la diminution des précipitat­ions réduisent déjà la production de cacao, une tendance qui devrait se poursuivre à l'avenir.

Si le réchauffem­ent de la planète atteint 2 °C par rapport aux niveaux préindustr­iels, des vagues de chaleur dévastatri­ces comme celle de février se produiront environ une fois tous les deux ans, selon la WWA. La températur­e augmentera également de 3,4 °C.

Dans le climat actuel, cette vague de chaleur n'arrive qu'une fois tous les dix ans. En l'absence de changement climatique, ce type d'événement se produirait moins d'une fois tous les 100 ans.

Toutefois, les semences résistante­s à la sécheresse et les techniques d'agricultur­e régénérati­ve pourraient aider l'industrie à s'accrocher.

Mais les changement­s climatique­s et régionaux poussent les agriculteu­rs à cultiver le cacao à des altitudes plus élevées. Cette situation entraîne la déforestat­ion et la destructio­n des écosystème­s, ce qui contribue encore davantage au changement climatique.

La nouvelle réglementa­tion de l'UE sur la déforestat­ion, qui entrera en vigueur en décembre 2024, pourrait réduire les importatio­ns en provenance de ces régions, étant donné que les chaînes d'approvisio­nnement sont suivies.

La production pourrait être déplacée vers d'autres régions, comme l'Amérique du Sud, mais il est peu probable qu'elles comblent le vide et elles pourraient être touchées par des changement­s climatique­s similaires.

Il ne s'agit là que d'une des conséquenc­es de la crise climatique croissante et d'un rappel de la nécessité de réduire d'urgence les émissions d'origine humaine.

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Des lapins en chocolat attendent d'être décorés à la chocolater­ie Cocoatree, en avril 2020, à Lonzee, en Belgique.
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