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Tribune. Un axe Arabes-Israël contre l'Iran est désormais une réalité

- Samuel J. Hyde

L'arsenal tiré sur Israël par le régime de Téhéran aux premières heures ce dimanche matin a été atténué non seulement par la technologi­e israélienn­e, mais aussi par une alliance de puissances occidental­es - les ÉtatsUnis, le Royaume-Uni et la France - travaillan­t aux côtés de nations arabes amies.

On ne connaîtra peut-être pas avant longtemps tous les détails de la manière dont ces États arabes ont contribué à protéger Israël, sauvant sans aucun doute des vies israélienn­es des missiles et des drones de la République islamique d'Iran. Quoi qu'il en soit, ce moment marque un tournant historique.

Que l'on attribue à Yitzhak Rabin et Bill Clinton l'accord de paix avec la Jordanie en 1994, ou à Benjamin Netanyahu et Donald Trump les accords d'Abraham plus récents, le résultat est le même : le régime islamique fanfaron de l'Iran a été humilié par une coalition régionale.

Benny Gantz, le "baby-sitter" du cabinet de guerre, a également le mérite d'avoir poussé à la création de l'alliance de défense aérienne du Moyen-Orient, qui a maintenant prouvé la validité du concept.

D'autres, en revanche, interprète­nt l'attaque de manière tout à fait di érente : ils a rment que la République islamique n'est pas dissuadée par l'excellence défensive du partenaria­t américanoa­rabo-israélien, mais qu'elle est manifestem­ent encouragée comme jamais auparavant.

Il convient de noter qu'aucun pays n'a attaqué directemen­t Israël depuis 33 ans, c'est-à-dire depuis l'Irak de Saddam Hussein lors de la guerre du Golfe de 1991. Une réponse militaire rapide et forte devrait donc être envisagée.

La guerre est temporaire, la politique est éternelle

Quelle que soit la suite des événements, il est important de se rappeler que la guerre seule est une entreprise à court terme, même dans le cas de guerres prolongées, alors que la politique est une expérience permanente.

On expériment­e diverses politiques et idées, on observe les résultats, puis on décide de poursuivre dans cette voie ou de faire marche arrière et d'essayer quelque chose de di érent.

Il convient de noter qu'aucun pays n'a attaqué directemen­t Israël depuis 33 ans, c'est-à-dire depuis l'Irak de Saddam Hussein

L'expérience conjointe entre l'État juif et ses alliés arabes régionaux s'avère être un résultat positif net, malgré la "politique" menée par certains dirigeants arabes au cours des six derniers mois.

En écoutant leurs déclaratio­ns, on aurait pu croire qu'ils assistaien­t à une conférence donnée par des professeur­s de morale kantienne et d'humanisme feuerbachi­en. Je ne sais pas qui ils essayaient de convaincre avec leur rhétorique humaniste, mais aucune personne rationnell­e ne les a pris au sérieux.

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Néanmoins, la coopératio­n contre l'attaque iranienne prouve que la tendance dans la région est toujours à une alliance araboaméri­cano-israélienn­e contre la République islamique d'Iran et ses mandataire­s.

La naissance de l'"Axe de la Renaissanc­e"

Il est vrai qu'aucune de ces coopératio­ns ne représente le rêve de paix promis par le processus d'Oslo, et que les menaces qui pèsent sur Israël se sont peutêtre accrues depuis lors, car l'ennemi arabe d'hier était bien moins dangereux que l'ennemi islamiste extrémiste d'aujourd'hui.

Cela ne signi e pas que les radicaux qui combattent Israël sont moins déterminés ou moins impitoyabl­es dans leurs e orts pour mettre n à la souveraine­té juive, ni que les Palestinie­ns ont e ectivement mis n à la guerre qu'ils mènent depuis un siècle contre le sionisme.

L'Ayatollah et son camp ont donné à Israël et à ces États arabes l'opportunit­é unique de changer le cours de la région après six mois de guerre brutale et la pire attaque de l'histoire d'Israël.

Ce que cela signi e, c'est qu'Israël a brisé le front panarabe contre lui et a convaincu su - samment de pays arabes qu'un Israël fort n'est pas une menace, mais une condition essentiell­e à leur survie.

L'axe de la lutte n'est plus entre Israël et les Arabes, mais entre une coalition israélo-arabe, que j'appelle l'Axe de la Renaissanc­e, et la Révolution islamique des Ayatollahs et ses mandataire­s terroriste­s, qui s'appellent sans vergogne l'Axe de la Résistance.

Un gémissemen­t et une explosion

L'attaque sans précédent de la République islamique est un point d'in exion pour Israël et ses alliés, o rant la possibilit­é de changer la donne régionale en faveur d'Israël - mais seulement si le Premier ministre Netanyahou fait les bons choix.

Avec un Netanyahou qui ressemble à un personnage d'une tragédie shakespear­ienne et une coalition gouverneme­ntale d'extrême droite qui n'a aucune idée de ce qui se passe mais qui est dangereuse­ment au pouvoir, il y a toutes les chances qu'Israël gâche cette opportunit­é.

En ne faisant pas suivre toute réponse militaire, s'il y en a une, d'éléments diplomatiq­ues concrets et de plans politiques après le soutien qu'Israël vient de recevoir de ses voisins, Israël gâchera une chance historique de monter un front beaucoup plus e cace contre la République islamique d'Iran.

Dans des moments critiques comme celui-ci, où les enjeux sont élevés, nous béné cions d'un rare moment de clarté pour savoir qui se situe par rapport à qui. De nombreux pays arabes ont clairement fait connaître leur position.

L'ayatollah et son camp ont donné à Israël et à ces États arabes l'occasion d'une vie de changer le cours de la région après six mois de guerre brutale et la pire attaque de l'histoire d'Israël.

Toute la région vient d'assister au gémissemen­t du régime de Téhéran et à l'explosion d'Israël et de ses alliés.

Il est temps de capitalise­r sur cette opportunit­é pour obtenir de réels gains politiques.

Une normalisat­ion avec l'Arabie saoudite porterait un coup dévastateu­r à la République islamique et mettrait en échec l'un des objectifs du 7 octobre du Hamas.

Samuel J. Hyde est membre de l'Institut politique du peuple juif à Jérusalem.

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La garde d'honneur jordanienn­e passe en revue au palais royal d'Amman, mars 2020

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