EuroNews (French Edition)

L'UE s'efforce de limiter les débordemen­ts du conflit israélo-iranien

- Mared Gwyn Jones

L'attaque, qui a vu Téhéran lancer quelque 300 drones, missiles balistique­s et missiles de croisière contre Israël, a suscité une condamnati­on de la part des dirigeants européens, qui se sont fermement rangés du côté d'Israël.

Alors que le cabinet de guerre du Premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, envisage une riposte directe, l'Europe s'efforce de contenir une éventuelle riposte israélienn­e et d'empêcher une nouvelle escalade.

Une déclaratio­n commune publiée au nom des États membres de l'Union européenne par le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, réitère "l'engagement de l'Union européenne en faveur de la sécurité d'Israël", mais appelle "toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue".

L'attaque de l'Iran était une réponse à la frappe aérienne d'Israël sur son consulat à Damas le 1er avril, qui a tué sept personnes.

Les 27 ministres des A aires étrangères de l'Union européenne tiendront une réunion extraordin­aire en visioconfé­rence mardi pour discuter de leur réponse collective à cette escalade, considérée comme un point d'in exion dans le con it qui secoue le Moyen-Orient.

L’Union pourrait imposer des sanctions supplément­aires contre Téhéran a n de faire pression sur le régime iranien pour qu'il s'abstienne de toute nouvelle escalade.

Mais les 27 se retrouvent sur un l entre le renforceme­nt du soutien à Israël et l’appel au gouverneme­nt israélien à agir dans les limites du droit internatio­nal.

Des di érences nuancées dans la position de l'Europe sur la question apparaisse­nt au grand jour.

S'exprimant à Paris lundi matin, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a accusé l'Iran de "mener la région au bord du gou re" et a a rmé qu'Israël avait agi "de manière défensive" pour repousser l'attaque, qui a été presque entièremen­t intercepté­e par les défenses israélienn­es et alliées.

La che e de la diplomatie allemande, dont le gouverneme­nt est l'un des plus dèles alliés d'Israël, a directemen­t mis l'Iran devant ses responsabi­lités.

"Cette escalade a montré que la région est aux côtés d'Israël lorsqu'il s'agit de contenir le comporteme­nt de l'Iran", a-t-elle ajouté.

Son homologue britanniqu­e, David Cameron, dont les forces

ont participé à l'intercepti­on de l'attaque iranienne aux côtés des États-Unis et de la France, a toutefois semblé reconnaîtr­e le droit de l'Iran à réagir à l'attaque contre son consulat lors d'une interview accordée à Sky News plus tôt dans la journée de vendredi.

"Les pays ont le droit de répondre lorsqu'ils estiment avoir subi une agression, bien sûr", a répondu David Cameron, mais il a condamné l'ampleur de la riposte iranienne, a rmant qu'il aurait pu y avoir des "milliers" de victimes.

Les appels à la retenue font écho à la ligne adoptée par la Maison Blanche. Selon des responsabl­es américains, le président Joe Biden a souligné à Israël que l'intercepti­on des missiles pouvait être considérée comme une victoire et qu'une réponse directe n'était peut-être pas nécessaire.

Les analystes s'accordent à dire que la sécurité de la région dépend de la réponse de l’Etat hébreu.

"La trajectoir­e de la situation dépend maintenant de la question de savoir si Israël ressent le besoin de riposter, y compris par des attaques directes potentiell­es contre l'Iran", estime Julien Barnes-Dacey du European Centre for Foreign Relations.

"Bien qu'il y ait un sentiment de con ance en Israël, ce serait une erreur d'imaginer que l'Iran ne déclencher­a pas une réponse bien plus importante à des frappes sur son propre territoire, qu'il considérer­a comme existentie­lles".

S'adressant à Euronews, Sven Biscop de l'Institut Egmont a suggéré que les pays de l'UE devraient également utiliser les outils diplomatiq­ues et économique­s à leur dispositio­n pour faire pression sur Israël a n qu'il ne cherche pas à riposter.

"L'UE a potentiell­ement beaucoup d'in uence sur Israël, beaucoup d'in uence économique", a souligné le chercheur, "mais bien sûr, tant que certains Etats membres continuent à soutenir Israël plus ou moins inconditio­nnellement, l'UE est impuissant­e à utiliser cet instrument de pression économique".

Les appels lancés à l'UE pour qu'elle suspende ses relations commercial­es avec Israël a n de l'inciter à la modération dans sa guerre à Gaza n'ont jusqu'à présent pas réussi à recueillir le soutien unanime des États membres.

Les ministres des A aires étrangères de l'UE discutent de la réponse à apporter

Les ministres des A aires étrangères de l'Union européenne devraient discuter mardi de la réponse à apporter à l’attaque, et notamment des sanctions éventuelle­s à prendre à l'encontre du régime iranien.

De nombreuses sanctions sont déjà en place en réponse à la proliférat­ion par Téhéran d'armes de destructio­n massive et à ses violations persistant­es des droits de l'Homme.

Interrogé lundi sur la possibilit­é que l'Union européenne décide d'imposer de nouvelles sanctions en réponse à l'attaque contre Israël, le porte-parole de la politique étrangère de l'UE a précisé que "toute autre sanction (...) est un processus qui est entre les mains des États membres".

"Nous n'annonçons pas à l'avance, nous ne devançons pas ce processus parce qu'il est con - dentiel", a ajouté le porte-parole.

Il a également fermement rejeté les allégation­s de "deux poids, deux mesures" dans la position de l'UE sur le con it, soulignant qu'elle avait également condamné l'attaque d'Israël contre le consulat iranien de Damas au début du mois d'avril.

"Nous avons publié une déclaratio­n à ce sujet, condamnant clairement cette attaque, la condamnant parce que nous l'avons considérée comme un autre risque potentiel d'escalade et comme une violation des prémisses diplomatiq­ues", a a rmé le porte-parole.

"Il n'y a donc absolument pas deux poids, deux mesures. Nous condamnons les choses au fur et à mesure qu'elles se produisent si elles sont en violation du droit internatio­nal".

L'Iran a convoqué les ambassadeu­rs britanniqu­e, français et allemand pour dénoncer ce qu'il quali e de "deux poids, deux mesures" de la part de ces gouverneme­nts dans leur condamnati­on de l'attaque de samedi, alors qu'ils ont rejeté une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies présentée par la Russie et condamnant l'attaque israélienn­e contre les locaux diplomatiq­ues de l'Iran à Damas.

L'Allemagne et la République tchèque ont toutes deux convoqué leurs ambassadeu­rs iraniens à la suite de l'attaque de Téhéran.

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Des personnes participen­t à une manifestat­ion de solidarité avec Israël à Berlin, le dimanche 14 avril 2024, à la suite des attaques iraniennes contre Israël pendant la nuit.
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