EuroNews (French Edition)

Les eurodéputé­s demandent l’annulation de la désignatio­n controvers­ée de Markus Pieper

- Jack Schickler

Les eurodéputé­s demandent d’annuler la nomination de Markus Pieper en tant qu'envoyé de la Commission européenne pour les PME. Le vote de jeudi a été adopté par 382 voix contre 144.

Ce recrutemen­t a donné lieu à des allégation­s de favoritism­e politique à l'encontre de la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. Toutefois, l'in uence du vote du Parlement européen sur une décision prise par une autre institutio­n de l'UE n'est pas claire.

L'amendement proposé par les eurodéputé­s du groupe des Verts, des sociaux-démocrates et des centristes de Renew - rapporté en exclusivit­é par Euronews la semaine dernière - "pose la question de savoir si les principes du mérite, du genre et de l'équilibre géographiq­ue ont été pris en considérat­ion" lors de la sélection de Markus Pieper.

L'un de ces députés, Daniel Freund (Allemagne/Verts), a expliqué mercredi que Markus Pieper avait obtenu ce poste lucratif de quatre ans parce qu'il appartenai­t au même parti politique qu’Ursula von der Leyen : la CDU (l'Union chrétienne-démocrate d'Allemagne).

Cet épisode est "triste et honteux", estime Daniel Freund. "Je ne sais pas comment nous pouvons l'expliquer aux électeurs".

La session plénière du Parlement européen s'est formelleme­nt rangée à l'avis de l’élu écologiste. Les parlementa­ires demandent à la Commission de relancer le processus pour pourvoir le poste, avec un salaire de 20 000 euros par mois, d'une "manière réellement transparen­te et ouverte".

Un amendement parallèle des soutiens de Markus Pieper assure que le processus avait été "formel, équitable et en plusieurs étapes" et que "les procédures d'évaluation [...] ne devraient pas être utilisées à des ns de campagne de parti ou de campagne personnell­e".

L'amendement d'Ivan Štefanec (Slovaquie/PPE) n'a pas été retenu.

La décision a été prise dans le cadre de la signature du budget de l'UE par les députés, après un large débat qui a porté sur l'ingérence russe et la reconnaiss­ance de l'État de Palestine.

La décision des eurodéputé­s fait suite à plusieurs jours de tumulte autour de cette nomination, y compris de la part de certains lieutenant­s d’Ursula von der Leyen.

Lors de la réunion hebdomadai­re mercredi des commissair­es , le Français Thierry Breton et l'Espagnol Josep Borrell se sont plaints du manque de transparen­ce et de prise de décision collective au sommet de l'exécutif de l'UE, a précisé une source informée de la discussion à Euronews.

Mais ce débat ne semble pas avoir changé le résultat, puisque le vice-président slovaque Maroš Šefčovič est sorti de la réunion pour dire aux journalist­es que les règles et les procédures avaient été suivies dans l'a aire Pieper.

La portée de cet amendement est encore incertaine. Markus Pieper a déjà signé un contrat pour commencer sa mission à partir de mardi prochain, le 16 avril.

Malgré les assurances de Maroš Šefčovič, d'importante­s questions subsistent quant à cette nomination, o ciellement faite le 31 janvier.

Selon les médias, repris par Daniel Freund, l’envoyé pour les PME a été devancé par d’autres candidats lors du recrutemen­t of ciel. Au moins l'un d'entre eux - l'eurodéputé­e tchèque Martina Dlabajová - a déposé une plainte auprès du service des ressources humaines de la Commission.

Un porte-parole de la Commission a déclaré que de bons résultats lors des premières étapes des tests ne garantissa­ient pas l'obtention du poste, mais il y a également de nombreuses préoccupat­ions concernant les étapes ultérieure­s de la procédure, qui comprenaie­nt un entretien avec Bjoern Seibert, le chef de cabinet d’Ursula von der Leyen.

Les lignes directrice­s publiées par l'UE stipulent que les nomination­s à des postes de haut niveau doivent être e ectuées en accord avec les commissair­es chargés des portefeuil­les. Mais Thierry Breton, responsabl­e de la politique européenne en faveur des petites et moyennes entreprise­s, ne semble pas être d'accord.

Au cours de ses années d'expérience en matière de nomination­s à la Commission, il n'y a jamais eu un seul cas de nomination sans l'accord du commissair­e en charge du portefeuil­le concerné, a assuré à Euronews un haut fonctionna­ire de l'UE, sous couvert d'anonymat.

Un porte-parole de la Commission a précisé à Euronews que la décision d'organiser un entretien avec Bjoern Seibert était conforme à une décision interne de septembre 2020, mais cela a également soulevé des questions car Bjoern Seibert est depuis devenu le chef de l'équipe de campagne politique d’Ursula von der Leyen au sein du PPE.

"D'après mon expérience, je n'ai jamais vu cela [un chef de cabinet d'un président menant un tel entretien] se produire", a souligné le fonctionna­ire sous couvert d’anonymat, ajoutant qu'il s'agissait d'un "con it d'intérêt inhérent" étant donné la décision prise par la suite par Bjoern Seibert.

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La nomination de Markus Pieper a suscité une controvers­e politique
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