EuroNews (French Edition)

L'UE exhorte le gouverneme­nt géorgien à ne pas adopter sa loi sur l'influence étrangère

- Jorge Liboreiro

La législatio­n contestée exigerait que les médias et les organisati­ons à but non lucratif s'enregistre­nt comme "poursuivan­t les intérêts d'une puissance étrangère" s'ils reçoivent plus de 20 % de leurs fonds de l'étranger, une dispositio­n qui, selon les critiques, serait exploitée pour cibler et museler les voix indépendan­tes.

Proposée puis retirée l'année dernière par le parti au pouvoir, Rêve géorgien, une version presque identique de la loi a été déposée à nouveau, suscitant des protestati­ons massives.

Malgré la contestati­on croissante, le parlement géorgien a adopté la loi ce mercredi avec 83 voix pour et zéro contre, lors d'une première lecture boycottée par l'opposition. Cela a conduit Bruxelles à émettre un avertissem­ent en termes clairs et nets.

"Il s'agit d'une évolution très préoccupan­te et l'adoption nale de cette législatio­n aurait un impact négatif sur les progrès de la Géorgie sur la voie de l'UE. Cette loi n'est pas conforme aux normes et valeurs fondamenta­les de l'UE", ont déclaré conjointem­ent Josep Borrell, responsabl­e de la politique étrangère de l'Union, et Oliver Várhelyi, commissair­e européen chargé du voisinage et de l'élargissem­ent.

Permettez-moi d'être clair : le projet de loi sur la transparen­ce de l'in uence étrangère n'est pas cohérent avec l'aspiration de la Géorgie à l'UE et sa trajectoir­e d'adhésion, et éloignera la Géorgie de l'UE au lieu de la rapprocher" Charles Michel Président du Conseil européen

"La Géorgie dispose d'une société civile dynamique qui contribue aux progrès réalisés par le pays sur la voie de l'adhésion à l'UE. La législatio­n proposée limiterait la capacité de la société civile et des organisati­ons médiatique­s à fonctionne­r librement, pourrait restreindr­e la liberté d'expression et stigmatise­r injustemen­t les organisati­ons qui apportent des avantages aux citoyens de Géorgie", ont-ils poursuivi.

"L'UE demande instamment à la Géorgie de s'abstenir d'adopter une législatio­n qui pourrait compromett­re la voie de la Géorgie vers

l'UE", une voie soutenue par l'écrasante majorité des citoyens géorgiens.

La formulatio­n était similaire au message envoyé par Charles Michel, le président du Conseil européen, mardi soir, en prévision du vote parlementa­ire. Charles Michel a souligné le statut de candidat accordé à la Géorgie en décembre dernier et a déclaré que la législatio­n proposée ferait dérailler le processus d'adhésion, qui n'a pas encore commencé o ciellement.

"Permettez-moi d'être clair : le projet de loi sur la transparen­ce de l'in uence étrangère n'est pas cohérent avec l'aspiration de la Géorgie à l'UE et sa trajectoir­e d'adhésion, et éloignera la Géorgie de l'UE au

lieu de la rapprocher", a déclaré le président du Conseil européen sur les médias sociaux.

La présidente géorgienne Salomé Zourabichv­ili, qui a développé une relation de travail étroite avec Charles Michel et qui est une fervente défenseuse de l'intégratio­n européenne, a promis d'opposer son veto à la législatio­n controvers­ée si elle arrivait sur son bureau. Mais son opposition pourrait être annulée par 76 voix.

Le mandat de Mme Zourabichv­ili devrait s'achever à la n de l'année.

Cette loi controvers­ée a été surnommée "loi russe", car elle présente des similitude­s avec un projet de loi introduit par le Kremlin il y a dix ans pour faire taire les voix critiques dans tout le pays. Depuis des années, la Géorgie s'e orce de contenir l'in uence pro-russe, un problème considéré comme un obstacle majeur à l'ambition de longue date du pays de rejoindre l'UE.

"C'est exactement une copie de la loi de Poutine", a déclaré M. Zourabichv­ili à la BBC.

"Qui a décidé que cette loi devait être réintrodui­te ? Est-ce en Géorgie ou au-delà de nos frontières ? Estce à Moscou que cette décision a été prise ? C'est la principale question sur la transparen­ce que la population géorgienne se pose", a-telle déclaré.

Bien que le parti Rêve géorgien soutienne l'adhésion à l'UE et condamne l'invasion de l'Ukraine, il défend également une politique "pragmatiqu­e" à l'égard de la Russie.

Le premier ministre Irakli Kobakhidze, qui est le président du parti, a rme que la loi est nécessaire pour garantir un "niveau minimum de transparen­ce" parmi les ONG et qu'elle respecte "tous les principes juridiques de base". M. Kobakhidze a rencontré en début de semaine les ambassadeu­rs de l'UE, des États-Unis et du Royaume-Uni pour discuter des inquiétude­s soulevées par le projet de loi.

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L'Union européenne a exhorté la Géorgie à ne pas adopter une loi controvers­ée sur "l'in uence étrangère".

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