EuroNews (French Edition)

L'Union européenne envisage d'étendre les sanctions contre l'Iran suite à l'attaque contre Israël

- Mared Gwyn Jones

S'exprimant à l'issue d'une réunion virtuelle exceptionn­elle des ministres des a aires étrangères de l'UE mardi, Josep Borrell a déclaré qu'il demanderai­t à ses services d'étu dier la possibilit­é d'étendre les sanctions existantes de l'UE contre la technologi­e des drones iraniens.

Le régime de sanctions actuel, établi en juillet 2023 pour punir l'Iran d'avoir aidé la machine de guerre de Vladimir Poutine avec des drones, serait ainsi étendu aux missiles et aux mandataire­s de l'Iran dans la région.

L'Union étudiera également la possibilit­é d'inscrire les Gardiens de la révolution iraniens sur la liste des organisati­ons terroriste­s, a-t-il déclaré, tout en soulignant qu'une telle mesure serait di cile à prendre étant donné que la branche militaire n'a pas encore été associée à un acte de terrorisme dans l'un des États membres de l'UE.

Les sanctions élargies ont été présentées par "certains États membres" au cours de la réunion, a déclaré M. Borrell, qui s'est toutefois abstenu de con rmer de quelles capitales il s'agissait. La ministre allemande des a aires étrangères, Annalena Baerbock, et l'Autrichien Alexander Schallenbe­rg ont tous deux appelé à cette mesure plus tôt dans la journée de mardi.

Les ministres des a aires étrangères de l'UE se sont e orcés d'em pêcher une nouvelle escalade du con it qui sévit au Moyen-Orient en appelant toutes les parties à faire preuve de retenue. Les pays de l'UE ont jusqu'à présent réa rmé leur engagement en faveur de la sécurité d'Israël, tout en exhortant le gouverneme­nt de M. Netanyahu à faire preuve de prudence a n d'éviter que le con it ne dégénère en guerre totale.

"La région est au bord du gou re (...) et nous devons nous en éloigner", a déclaré M. Borrell, ajoutant qu'une étape mal calculée dans un bras de fer entre Israël et l'Iran pourrait conduire à une guerre que "personne ne souhaite".

Les sanctions contre les drones iraniens pourraient être "élargies"

L'Union européenne a déjà mis en place une série de sanctions contre le régime iranien, notamment des restrictio­ns commercial­es, des interdicti­ons de voyager et des gels d'avoirs.

Certaines de ces sanctions ont été imposées en réponse aux violations des droits de l'homme commises par Téhéran, notamment à la suite de la mort de Mahsa Amini en 2022 aux mains de la police des moeurs iranienne, et à la répression draconienn­e des manifestan­ts qui s'en est suivie.

Plus récemment, le bloc a établi un nouveau régime pour interdire l'exportatio­n par l'UE de composants critiques utilisés pour fabriquer des drones mortels, également connus sous le nom de véhicules aériens sans pilote (UAV), qui sont ensuite vendus à Moscou pour soutenir ses e orts de guerre en Ukraine.

Ces drones ont également été utilisés samedi lorsque Téhéran a lancé quelque 300 drones et missiles de croisière et balistique­s en direction d'Israël, dans le cadre de sa toute première attaque directe contre le territoire israélien.

Cette attaque était une réponse à la récente frappe aérienne d'Israël sur un bâtiment diplomatiq­ue iranien dans la capitale syrienne, Damas, qui a coûté la vie à sept membres de la Garde révolution­naire iranienne, dont deux hauts gradés. Cette attaque a également été condamnée par M. Borrell au nom de l'UE.

M. Borrell a déclaré que les sanctions de l'Union européenne contre les drones iraniens pourraient être étendues dans "deux directions" : d'une part, les missiles seraient inclus au même titre que les drones, bien qu'il n'existe actuelleme­nt aucune preuve suggérant que Téhéran fournit à Moscou les projectile­s de guerre utilisés lors de sa guerre non provoquée contre l'Ukraine.

Les mandataire­s de l'Iran dans les pays voisins, tels que les Houthis au Yémen, le Hezbollah au Liban et le régime syrien, pourraient également être soumis à un régime élargi.

Appels à de nouvelles mesures restrictiv­es

Plus tôt dans la journée de mardi, le ministre israélien des a aires étrangères a écrit à 32 de ses homologues occidentau­x, dont les 27 ministres des a aires étrangères de l'Union européenne, pour leur demander d'imposer des sanctions plus larges au programme de missiles de l'Iran et d'inscrire les Gardiens de la révolution iraniens sur la liste des organisati­ons terroriste­s.

"L'Iran doit être arrêté maintenant, avant qu'il ne soit trop tard", a déclaré le ministre Israël Katz sur le réseau social X, décrivant son initiative comme une "o ensive diplomatiq­ue contre l'Iran".

M. Borrell a déclaré que ses services pourraient envisager d'inscrire les Gardiens de la révolution sur la liste des organisati­ons terroriste­s, mais que l'UE exigeait une "décision d'une autorité nationale liée à un cas d'activités terroriste­s" pour pouvoir le faire.

"Je demanderai aux services juridiques du Service européen pour l'action extérieure de réexaminer la question et de voir s'il existe un cas sur lequel nous pourrions fonder cette propositio­n, mais pour l'instant, nous ne l'avons pas", a-t-il expliqué.

Un autre outil potentiel pour exercer une pression sur l'Iran pourrait être de réimposer les sanctions imposées à l'Iran pour ses activités nucléaires.

L'accord de 2015 sur le nucléaire iranien, qui a vu l'Iran démanteler une grande partie de son programme nucléaire en échange d'une renonciati­on de l'Occident à des sanctions d'une valeur de plusieurs milliards d'euros, comprend une clause négociée par les États-Unis permettant de "rétablir" les sanctions si l'Iran est soupçonné de violer l'accord.

Les États-Unis ont tenté de rétablir les sanctions en 2020, mais

ont été retenus par d'autres signataire­s - dont la France et l'Allemagne - qui ont a rmé que la démarche n'était pas possible étant donné que l'administra­tion Trump s'était retirée de l'accord nucléaire en 2018.

Sven Biscop, de l'Institut Egmont, a toutefois suggéré que tout renforceme­nt des sanctions de l'UE ne ferait pas grand-chose pour faire pression sur l'Iran : "L'Iran est maintenant presque totalement isolé de l'Occident. Il n'y a donc pas grand-chose qu'une nouvelle série de sanctions de l'UE contre l'Iran puisse apporter", a déclaré M. Biscop.

Les dirigeants de l'UE doivent se réunir à Bruxelles pour un sommet de deux jours mercredi, au cours duquel la situation fragile au Moyen-Orient devrait dominer les discussion­s.

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Le plus haut diplomate de l'UE, Josep Borrell, s'exprime à l'issue d'une réunion VTC des ministres des a aires étrangères de l'UE, le 16 avril 2024.
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