Sur route, l’auto offre des réglages légèrement édulcorés sans éliminer les sensations ; on peut toujours pivoter efficacement en virage serré
limite d'autre part la traînée de façon significative, ce qui permet une bien meilleure pénétration dans l'air. Idéal pour fendre l'air à pleine charge en ligne droite. C'est dans cette configuration que les 2''9 au 0 à 100 km/h, les 8''8 au 0 à 200 km/h ou les 323 km/h en pointe annoncés seront atteints. Mieux, en mode Corsa, les deux volets avant agissent indépendamment l'un de l'autre, c'est ce que Lamborghini appelle la vectorisation aérodynamique. Le but est de favoriser l'appui d'un côté de l'auto (côté intérieur au virage) et de limiter l'appui et la traînée de l'autre (côté extérieur au virage) afin de négocier les courbes toujours plus vite. Un système ingénieux annoncé comme une première mondiale même s'il évoque vaguement celui, certes bien différent, d'une Pagani Huayra.
Et l'aileron arrière qui me rappelle un plan de travail de cuisine ? Eh bien, la Performante économise 40 kg sur une Huracán “de base” à quatre roues motrices grâce aux matériaux composites moulés dont sont faits cet aileron arrière et aussi le spoiler avant, le diffuseur arrière et le capot moteur. Ce dernier, peint couleur carrosserie, présente d'ailleurs une ouverture suffisante pour apercevoir les couvre-culasses du V10, ici de couleur dorée, ou biscuitée (un clin d'oeil au V12 des premières Lambo, et une alternative bienvenue au classique couvreculasse rouge ou gris). À ce sujet, chez la Performante, le V10 5.2 possède un nouveau collecteur d'admission, un échappement dérivé de celui des compétitrices du Trofeo,
échappement à la fois libéré, allégé et repositionné, ainsi que de nouvelles soupapes en titane dont la levée a par ailleurs été augmentée. La puissance atteint 640 ch à 8 000 tr/mn et 600 Nm à 6 500 tr/mn. Remarque importante : 70 % du couple débarquent juste au-delà du régime de ralenti. Preuve que la suralimentation n'est pas impérative pour générer une forte poussée dès les bas régimes.
Du reste, si ces éléments composites s'avèrent particulièrement décoratifs, cela procède du contraste important créé par les copeaux de fibre de carbone argentée incrustés au coeur d'une résine noire. On en retrouve jusque dans l'habitacle, avec pour effet de trancher là aussi avec le classique Alcantara. Cependant, la perle en matière d'esthétique reste sans doute ce magnifique set de jantes 20 pouces chaussées de Pirelli P Zero Corsa. De véritables oeuvres d'art. Difficile de rêver à de plus beaux souliers, sauf peut-être à les marier à des Trofeo R, comme ceux utilisés lors du record sur le Ring (gommes disponibles en option).
Le matin suivant, nous voilà rendus à l'autodromo Enzo e Dino Ferrari, alias Imola. Je ne m'y suis rendu qu'une seule fois auparavant, j'étais adolescent, pour assister à une course de Formule 1. C'était bien avant la mort d'ayrton Senna sur Tamburello, et donc, avant la transformation de ce virage ultrarapide et si délicat. Je ne cache pas ma nervosité, d'autant que la veille, des nuages gris ont assombri le ciel avant de mouiller la piste. Si les années Senna en Formule 1 sont maintenant lointaines, de récents travaux ont permis de voir Imola regagner doucement son statut de piste majeure. Et même si le Grand Prix de Saintmarin ne revoit jamais le jour, Imola restera néanmoins l'un des circuits les plus beaux, rapides et difficiles du continent.
J'arpente désormais la pit-lane, j'inspecte l'alignement impeccable des Performante immaculées. Les carrosseries scintillent tous azimuts. Pendant ce temps, une poignée de techniciens en combinaison Lamborghini se courbent devant chaque passage de roue, ajustant avec minutie la pression des pneumatiques. Pression qui augmente également dans mon esprit. À noter que pour coopérer de façon optimale avec le système A.L.A., la Performante dispose d'amortisseurs magnéto-rhéologiques (optionnels) et d'une suspension raffermie de 10 % en vertical et de 15 % en roulis. De plus, la direction optionnelle dite “dynamique” à démultiplication variable de la Huracán, légèrement inconsistante jusque-là, a été raffermie à son tour et recalibrée, ce qui augure une plus grande réactivité en mode Corsa.
Nous avons droit à quatre sessions, soit seize tours de piste. Et pour assurer les bonnes trajectoires, un lièvre nous attend : une Huracán standard menée par un vrai pilote. Enfin, une Huracán standard chaussée de Trofeo R, tandis que nos Performante demeurent en P Zero Corsa. Car