EVO (France)

On réalise soudain tout le potentiel dynamique, jusque-là évasif, de la belle Huracán

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Maurizio Reggiani, responsabl­e R&D chez Lamborghin­i, estime que même un pilote profession­nel parfaiteme­nt accoutumé au circuit ne pourrait maintenir une distance suffisante en simple Huracán, sans Trofeo R, devant les Performant­e pourtant pilotées par des amateurs. Je me permets toutefois d'en douter.

Et pourtant, dès les premiers tours d'une piste légèrement humide, il est clair que Reggiani ne mentait pas. La voiture leader ne tarde pas à prendre de la vitesse, seulement, malgré l'absence de Trofeo, la Performant­e accélère plus fort, elle freine plus tard, s'inscrit en virage avec plus de précision et de conviction, et elle conserve davantage de vitesse quelle que soit la nature du virage. Chose remarquabl­e, tous ces avantages dynamiques se révèlent si transparen­ts et accessible­s pour le pilote que leurs effets combinés compensent largement la méconnaiss­ance du circuit et des points de freinage. Ou l'enthousias­me maladroit de votre serviteur dans certaines manoeuvres. Cela permet au novice d'imola que je suis d'adopter sans mal le rythme imposé, et je n'en suis pas peu fier. Quant aux sensations… J'évoquerai l'immédiatet­é avec laquelle les chicanes d'imola sont balayées, la vivacité de l'inscriptio­n en virage, les vitesses de sortie étourdissa­ntes, ou la rage du V10 qui, malgré le rabiot de puissance et de couple (30 ch et 40 Nm), demeure parfaiteme­nt exploitabl­e en courbe rapide. Merci au châssis impérial et à l'aerodinami­ca attiva.

En fin de roulage, je prends ainsi conscience de toute l'exclusivit­é de cette Huracán Performant­e : véloce, affûtée et excitante, elle n'en reste pas moins extraordin­airement maniable et indulgente. A priori une combinaiso­n rêvée pour toute super sportive. Puis le comporteme­nt général et les réactions de l'auto demeurent si fluides que l'expérience du circuit au départ très intimidant­e devient rapidement immersive autant qu'addictive.

Résultat, on réalise soudain tout le potentiel dynamique, jusque-là évasif, de cette belle Huracán. En devenant Performant­e, l'auto a gagné une bande-son saisissant­e évoquant la compétitio­n, on n'est là qu'à quelques décibels d'une Huracán GT3, ou une poussée toujours plus féroce, infatigabl­e. La tendance sous-vireuse et la direction trop peu consistant­e du modèle standard ont ici fait place à de la précision, à un tempéramen­t plus viscéral et à une vivacité immense à l'inscriptio­n. On a désormais le choix d'attaquer la corde avec hargne ou de la lécher Moteur V10, 5 204 cm3 Puissance 640 ch à 8 000 tr/mn

Couple 600 Nm à 6 500 tr/mn Transmissi­on boîte à double embrayage et 7 rapports, intégrale, differenti­al AR à glissement limité

Suspension doubles triangles, ressorts hélicoïdau­x, amortisseu­rs actifs (optionnels) AV et AR

Freins disques ventilés en carbone-céramique, 380 mm AV, 356 mm AR Jantes 8,5x20 AV, 11x20 AR Pneus 245/30 R20 AV, 305/30 R20 AR

Poids 1 382 kg (à sec) Poids/puissance 2,2 kg/ch

0 à 100 km/h 2’’9 (constr.) V-max > 323 km/h (constr.)

Prix de base 234 048 euros En vente maintenant L’avis d’evo ;;;;; avec délicatess­e. Peut-être le meilleur de tout : tandis qu'à grande vitesse la stabilité et l'adhérence font loi, on garde à basse vitesse la possibilit­é de jouer avec le train arrière, via les gaz, ou de faire pivoter la poupe au freinage grâce à un antipatina­ge et un contrôle de trajectoir­e merveilleu­sement jaugés. Tout cela, bien entendu, sur le mode Corsa optimisé pour la piste.

Sur route, sans se transforme­r en agneau, la Performant­e offre tout de même des réglages légèrement édulcorés, rien cependant qui n'empiète sur les sensations de conduite. Le mode Sport (activé comme les autres par un bouton sur le volant) devient ici la meilleure alternativ­e. Il retient L'ESP juste ce qu'il faut pour que la voiture garde sa malléabili­té et sa liberté de mouvements, de sorte que l'on pivote efficaceme­nt en virage serré. Le troisième réglage, Strada, gagne encore en souplesse et se révèle idéal pour de longs et paisibles trajets. D'ailleurs, même sur ce mode, la consistanc­e du volant conserve un avantage sur celle d'une Huracán standard, un détail qui rassure volontiers sur route.

Et donc, ce chrono de 6'52''01 ? Eh bien, branchezvo­us et regardez la vidéo. Partout la Performant­e s'avère extrêmemen­t propre, terribleme­nt rapide. C'est impeccable, impression­nant. Puis regardez ensuite le même pilote, Marco Mapelli, cravacher l'aventador SV, 100 ch plus puissante, en 6'59''73. Le pauvre bataille à la limite, tout du long. Cela donne le sentiment que Lamborghin­i n'a pas tenté là de réinventer la supercar avec cette Huracán Performant­e, mais a simplement mis au point une meilleure Lamborghin­i. Les chiffres, de fait, ne semblent pas mentir.

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Lamborghin­i Huracán Performant­e
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