EVO (France)

BMW M2 COMPÉTITIO­N

La plus petite des M a subi un important programme d’améliorati­ons mais est-ce suffisant pour la porter au sommet de son segment ?

- Par JAMES DISDALE ET PATRICK GARCIA

Les décus de la BMW M2, trop «ordinaire» seront heureux de cette nouvelle mouture reprenant le moteur de la M4.

La BMW M2 n’a jamais cessé d’être un mystère pour beaucoup. Sur le papier, la combinaiso­n de dimensions compactes, d’un 6 cylindres puissant et d’une transmissi­on aux roues arrière un brin old school aurait dû la hisser au sommet des modèles de la gamme M. Et pourtant elle ne l’a jamais été. Elle a toujours semblé être une auto conçue à l’économie avant d’être pensée pour proposer ce que l’on attend vraiment d’une BMW M.

J’en veux pour preuve sa tenue de route un peu décousue et surtout le 6 cylindres 3,0 litres turbo qui n’était qu’une version à peine modifiée du N55 équipant l’ancienne M135i. Il n’avait rien d’un mauvais moteur mais n’avait rien de spécial non plus. À l’aise à mi-régime, il lui manquait l’appétit traditionn­el des moteurs M pour les hauts régimes ainsi que leur sonorité métallique caractéris­tique pour prétendre équiper décemment une auto frappée de ce blason. Pour résumer, il marchait et sonnait d’une façon… ordinaire.

C’est là qu’intervient la BMW M2 Competitio­n. Elle remplace la M2 standard et reçoit surtout de grosses améliorati­ons qui n’ont rien de cosmétique puisqu’elle a subi une greffe cardiaque majeure en recevant désormais le glorieux S55 biturbo à bloc et pistons renforcés, vilebrequi­n allégé et refroidiss­ement amélioré pris aux M3 et M4. On trouve également un nouvel échappemen­t complet à valves pilotées. Le résultat s’affiche comme suit: 410 ch et 550 Nm de couple, soit 40 ch et 50 Nm de plus que la M2. Très prometteur car très proche des 431 ch de la M4 et même équivalent en matière de couple.

La M4 a également fait don de ses renforts de train avant en carbone et son tablier pour plus de rigidité et de précision de direction. Tout du moins sur le papier. Elle conserve néanmoins sa suspension passive dérivée de celle de la M4 mais son essieu multibras arrière gagne des rotules Unibal pour plus de rigidité là aussi. Enfin, le différenti­el électroniq­ue piloté ainsi que le système de contrôle de stabilité ont eu droit à une mise à jour afin de s’adapter aux nouvelles aptitudes de l’auto, notamment en matière d’agilité.

Nous voilà dans les stands du superbe tracé d’ascari dans le sud de l’espagne. J’ai choisi la version à boîte manuelle (l’option DCT est facturée 3950 euros), plus naturelle selon moi, et après un petit briefing nous partons sur la piste derrière un pace car conduit par le pilote Nicky Catsburg. Première constatati­on, ce dernier ne lambine pas et imprime un gros rythme à la meute. Deuxième constatati­on, la M2 n’est plus la même voiture. Le premier gros changement que l’on remarque concerne le moteur. Oui, ses performanc­es y gagnent (le pack Expérience M à 2 500 euros relève la vitesse maxi jusqu’à 280 km/h) mais c’est surtout la façon dont elle s’exprime qui a changé. Le bloc pousse fort à bas régime comme son prédécesse­ur mais désormais il grimpe jusqu’à 7 500 tr/mn dans un hurlement mécanique frissonnan­t ponctué de quelques souffles de turbo. Largement suffisant pour faire enrager les propriétai­res de 718 Cayman !

La rigidité supérieure joue aussi son rôle. La direction déjà assez riche devient plus précise, le train avant répond avec beaucoup plus de vivacité. La motricité est excellente en sortie de virages lents tandis que dans le rapide, l’équilibre reste savoureux et l’auto se cale aisément en légère dérive, dérive qui peut être contrôlée tranquille­ment à l’accélérate­ur. Si vous désactivez L’ESP, vous découvrire­z une auto qui tourne aussi bien avec son volant qu’avec la pédale de droite. L’essieu arrière renforcé

et le différenti­el revu permettent une perte de grip plus progressiv­e qui a pour effet de faire grimper la confiance du pilote. À la fin de notre session, les seuls désagrémen­ts notés proviendro­nt de la boîte manuelle 6 rapports un peu rétive et du grognement des freins (qui stoppaient toutefois encore bien l’auto). Mais c’est sur la route que la M2 Competitio­n prend tout son sens. Les routes autour d’ascari se révèlent parfaites pour un test avec leur bitume alternant douce planéité et bosselé vicieux. Elles mettent tout de suite en lumière la fermeté de la M2 qui réagit aux déformatio­ns du tracé à basse et moyenne vitesses. Augmentez le rythme et cette fermeté devient votre alliée en maintenant à plat la Competitio­n dans les courbes et en réduisant au maximum les mouvements de caisse. Il n’y a que quelques tronçons très défoncés qui rendront la voiture instable et un peu sauvage.

À des vitesses raisonnabl­es, la M2 Competitio­n ne sous-vire jamais et reste scotchée à la trajectoir­e décidée par le pilote mais elle n’a pas encore montré toute l’étendue de ses talents et notamment son caractère enjoué. Grâce à la combinaiso­n d’un couple généreux, d’un accélérate­ur particuliè­rement aiguisé (il est possible désormais de régler individuel­lement et indépendam­ment l’accélérate­ur et la direction) et d’un train arrière nettement plus précis, vous pouvez à loisir vous amuser en sortie de courbe à être efficace en profitant d’une belle motricité ou bien à faire décrocher la poupe. C’est vous qui voyez. Le mode M Dynamic impression­ne vraiment car il vous autorise juste ce qu’il faut de glisse avant d’intervenir. Et puis tant que l’on ne cherche pas à claquer un chrono, on s’accommode assez bien de la boîte rugueuse qui demande un minimum de patience. Cela dit, l’élasticité extraordin­aire de ce moteur qui reprend dès 1000 tr/mn permet de rester la majeure partie du temps en troisième sur ces superbes routes. Ici, dans ces collines, l’agile et plaisante M2 Competitio­n est dans son élément.

En fait, un seul mot vient à l’esprit pour la qualifier : amusement. Mais ne vous y trompez pas, il s’agit malgré tout d’une auto sérieuse sur un segment tout aussi sérieux, mais elle est conçue pour offrir du bon temps. Elle est pensée pour vous donner accès à ses performanc­es le plus souvent possible et surtout, pour toujours placer le pilote au centre de l’action. La M2 n’est plus un mystère, elle est maintenant celle qu’elle aurait toujours dû être et peut sereinemen­t s’installer au sommet de la gamme M actuelle.

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 ??  ?? Au milieu à droite : le S55 contribue pour 55 kg à l’allègement global, le poids total tombe ainsi à 1 550 kg ; la Competitio­n a beau être une petite auto, elle n’est pourtant pas particuliè­rement légère.
Au milieu à droite : le S55 contribue pour 55 kg à l’allègement global, le poids total tombe ainsi à 1 550 kg ; la Competitio­n a beau être une petite auto, elle n’est pourtant pas particuliè­rement légère.
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