LE VERDICT
J'ai passé de bons moments dans la Volkswagen, mais elle stagne en troisième dans notre comparatif. Will Beaumont résume exactement pourquoi : « Par moments, vous remarquez son génie. Elle s'inscrit en virage en appui sur son nez, espiègle et vivante, vous laissant vraiment sentir le train arrière enrouler à la réaccélération. Mais ces moments restent trop rares et, constat très frustrant, ils ne se répètent pas à tous les coups. Souvent le virage approche, vous pensez qu'elle va prendre vie mais non, elle se contente de tourner et de mordre au bitume avec une froide efficacité. Conduite de manière plus agressive, elle se réveille plus souvent mais on ne parvient jamais à garder ce niveau de divertissement en permanence sur la route. Aussi rapide soit-elle, elle amuse moins que les autres ».
J'avance mes arguments pour plaider en faveur de la Mégane et James les valide largement, mais les reproches fusent aussi à son encontre. « Elle marche bien mais elle impose de réapprendre sa façon d'aborder les virages, critique James. Elle tient ça de son système de roues arrière directrices, capable de produire autant de grip que d'agilité. Effrayant au début, avec ce train arrière si réactif à la moindre impulsion au volant, il se comprend seulement quand vous augmentez le rythme en décodant son fonctionnement. »
Mais James n'apparaît pas entièrement convaincu: « Quel dommage que le mode Race ajoute un bourdonnement artificiel aussi désagréable. Le moteur ne déçoit pas en tout cas avec une réponse immédiate, une appréciable générosité à mi-régime et un appétit pour les montées en zone rouge. Si seulement la boîte marchait aussi bien ! Elle offre bien un ressenti mécanique plutôt agréable, mais notre exemplaire d'essai souffrait d'un passage laborieux entre le troisième et le quatrième rapport, nécessitant de la patience et de la rigueur ». J'aurais pu passer outre ces petits défauts, mais pas James. La Mégane termine donc deuxième.
Décision discutée dirons-nous, mais la Civic Type R n'aura en rien volé sa victoire. Elle est simplement trop extraordinaire pour rater la première marche. Je l'ai admirée, elle m'a flatté mais je n'irai pas jusqu'à dire que je l'aime. Au contraire de mes collègues, tous dithyrambiques au sujet de la Japonaise.
« On dirait qu'elle utilise des pneus spéciaux de qualifications, s'étonne Will. Non seulement ils adhèrent à la route avec une férocité incroyable, mais ils semblent aussi absorber la plupart de ses imperfections, et ce malgré le profil taille basse des gommes. Elle ne possède sans doute pas le moteur le plus raffiné, ni la direction la plus plaisante, mais le ressenti de sa boîte manuelle et de sa pédale de frein battent à plates coutures les concurrentes. Sans oublier le degré impressionnant de sophistication du châssis, sa capacité à rester confortable tout en générant autant de motricité et en gardant une parfaite tenue de caisse. Impossible de trouver ça dans une autre sportive à moins de 100 000 euros sur le marché. » OK, je m'incline. Mais je compte déjà les jours avant de mettre à nouveau cette Civic Type R en face à la toute nouvelle Mégane R.S. Trophy…