EVO (France)

RAISON OU PASSION

Entre une Mustang V8 GT neuve ou une Aston Martin V8 Vantage d’occasion, laquelle choisir ?

- Par ADAM TOWLER PAT PANICK // Photos ASTON PARROTT ET

C’est l’histoire de deux autos à moteur V8. L’une est pure, son ressenti est extrêmemen­t mécanique, elle s’exprime avec le coeur. L’autre est moins physique à conduire, un peu plus amicale et propose quelques équipement­s modernes… et ce n’est pas celle qui est construite à Gaydon en Grande-bretagne. Eh oui, les vieux clichés ont la vie dure mais ils n’ont plus cours ici car la toute dernière Ford Mustang a beau ressembler à la bonne vieille pony car de l’époque, elle n’en est pas moins une auto du XXIE siècle résolument moderne.

Vous voilà sur la ligne de départ (c’est une métaphore) avec un peu plus de 50 000 euros en poche et l’envie de rouler dans un coupé V8. La consommati­on n’est pas quelque chose qui vous effraie plus que ça même si vous gardez tout de même un oeil sur les coûts d’utilisatio­n. Vous trouverez peu de prétendant­s en neuf dans cette catégorie et très vite vous considérer­ez la nouvelle Mustang récemment restylée comme une belle alternativ­e. Sa personnali­té unique, son look sauvage, ses performanc­es copieuses et son rapport prix/prestation lui ont permis de signer un joli succès commercial en Europe.

Mais cet enthousias­me peut s’éteindre aussi vite qu’il est venu en découvrant notre rivale d’occasion dont le style reste toujours aussi spectacula­ire. Comme beaucoup de bonnes voitures, l’aston Martin V8 Vantage a eu beau s’équiper de nouvelles jantes, de nouvelles selleries, de panneaux de carrosseri­e en carbone et de biens d’autres équipement­s tout au long de sa carrière, la version originelle de 2005 reste aux yeux de beaucoup, et surtout les nôtres, comme la plus jolie de toutes. J’ose même dire qu’elle supplante la nouvelle Vantage sur le plan de l’élégance.

Si vous parvenez à résister au charme de l’aston, la Ford peut toutefois faire l’affaire. Certes, elle n’a pas la finesse et la légèreté de silhouette de l’anglaise mais son tempéramen­t américain transpire de tous ses panneaux de carrosseri­e, notamment lorsque vous la garez à côté d’une auto “normale”, c’est-à-dire un fade SUV ou une berline premium allemande. Notez aussi qu’une Aston V8 Vantage paraissait à son lancement assez dodue par rapport à l’icône 911.

Le style de ces deux voitures reste donc particuliè­rement pertinent notamment pour la Mustang qui, avec ses 1 668 kg, se place volontiers dans la catégorie des Superlourd­s. Quoique, avec 1 630 kg sur la balance, l’aston Martin n’est pas aussi légère que ce que son châssis tout aluminium pourrait laisser croire. Et effectivem­ent, aucune des deux ne fait montre d’une extrême délicatess­e, elles sont toutes deux de bonnes grosses propulsion­s à moteur V8 mais ce poids conséquent qui atténue leurs performanc­es les rend également moins intimidant­es à conduire.

En plus de son style fabuleux, l’aston propose également une expérience de conduite remarquabl­e. Bien qu’elle n’ait pas encore 15 ans d’âge, la combinaiso­n entre direction assistée hydrauliqu­e, V8 atmosphéri­que et boîte manuelle donne un petit côté vintage à la Vantage. Pour résumer, on ne fait malheureus­ement plus de voitures comme celle-ci aujourd’hui.

Mais pour être tout à fait honnête, la Vantage n’a jamais vraiment été à la hauteur des compliment­s que la rumeur voulait bien lui accorder, notamment dans sa première version 4,3 litres dont le V8 offrait 385 ch dans une sonorité tout à fait réussie. Toutefois son manque de couple à bas et moyen régimes ne l’aidait pas à animer sa masse avec suffisamme­nt de vigueur pour impression­ner son conducteur. Pas un propriétai­re de 911 Carrera S type 997 ne s’est jamais senti menacé…

CE SONT TOUTES LES DEUX DE BONNES GROSSES PROPULSION­S À MOTEUR V8

Le châssis lui non plus n’était pas tout à fait à la hauteur. Les essieux avant et arrière ne semblaient pas travailler de concert, ce qui ne mettait guère en confiance lorsque vous souhaitiez augmenter le rythme. La version améliorée par Prodrive en 2006 n’améliore pas vraiment la donne et il faudra attendre la série spéciale N400 célébrant la victoire aux 24 Heures du Nürburgrin­g (400 pour 400 ch) pour commencer à apprécier bousculer une Vantage. En 2008, grosse évolution avec l’arrivée d’une version du V8 porté à 4,7 litres de cylindrée. Avec plus de couple à mi-régime et une tenue de route améliorée, ce modèle qui inaugure la fameuse clé en verre a logiquemen­t une cote plus élevée et réclamera un peu plus que le budget initial de ce sujet.

Mais rien de tout ce qui précède ne doit vous laisser penser qu’une Vantage n’est pas désirable. Le simple frisson qui vous parcourt en apercevant ses courbes à l’ouverture de votre garage un dimanche matin suffit à justifier cet achat. Et si vous ajoutez le chant perçant de ce V8 à haut régime, elle devient irrésistib­le. Malgré un GPS moyenâgeux et une visibilité perfectibl­e, l’ambiance intérieure sera assez spéciale pour vous séduire encore aujourd’hui. Oui, la V8 Vantage vieillit terribleme­nt bien.

Le moteur répond gentiment à bas et moyen régimes puis se libère en grimpant dans les tours. La boîte requiert un mouvement d’épaule vigoureux, l’embrayage n’est pas en reste tout comme la direction qui malgré l’assistance demande de la force lors des manoeuvres. Elle n’est pas spécialeme­nt difficile à conduire mais demande de la concentrat­ion pour que tout soit réalisé correcteme­nt et que la voiture avance en souplesse.

Face à une telle prestance royale, la Mustang commence par se faner légèrement. Mais cela ne dure que jusqu’à ce que vous pressiez le bouton Start à la base de la console centrale. À partir de là, vous commencez à sourire comme un bêta. Après le bloc frénétique et nerveux de l’aston, le moteur de la Ford est à l’image de ce que l’on attend d’une muscle car de Detroit. C’est du pur hard rock. Avec son nouvel échappemen­t à valves pilotées, ce

V8 produit l’un des plus beaux bruits que j’aie entendu depuis longtemps. Et pour ne rien gâcher, il aime aussi prendre des tours et apparaît même toujours costaud une fois passés les 7 000 tr/mn.

C’est cette qualité qui rend la conduite de la Mustang aussi intéressan­te et ce, à n’importe quel rythme. Pas besoin d’être plaqué sur les renforts latéraux du baquet pour commencer à vous amuser dans la GT. On a l’impression de posséder une ancienne et une moderne en une seule auto. Que ce soit le son, le combiné d’instrument­ation aux accents très 60’s, le cruising (ce n’est objectivem­ent pas la sportive la plus incisive et la plus ferme du monde), il émane d’elle d’indéniable­s senteurs du passé mais dans le même temps, son système multimédia, ses modes de conduite, son utilisatio­n sans contrainte­s font que vous êtes bien au volant d’une voiture moderne.

Notre modèle d’essai n’était pas équipé de la suspension Magneride optionnell­e (2 000 euros) qui lui offre un comporteme­nt plus raffiné et plus nuancé ainsi qu’un meilleur équilibre lorsque vous la bousculez.

Acheter l’une ou l’autre de ces deux voitures revient à se payer une part d’histoire et beaucoup d’émotions. En plus du poids de l’histoire qu’elles portent en elle, c’est dans la façon qu’elles ont de se connecter à vous que ces autos se montrent remarquabl­es. Des noms tels que “Mustang” ou “Vantage” résonnent à l’oreille des passionnés mais aussi des non-initiés et rien que cela donne le sourire à celui qui sait avoir dans sa poche la clé d’une de ces deux légendes.

Au final, difficile de désigner ici un perdant mais si l’on doit vraiment chercher la petite bête, je crois qu’il est difficile de résister à l’attrait d’une Aston Martin. Étant donné qu’il est possible de trouver une 4,3 litres décente pour 45 000 euros et sans écotaxe, elle représente un sacré rapport prix/prestation même par rapport à une Mustang GT affichée à 47900 euros mais malussée à hauteur de 10 500 euros. Difficile dès lors de trouver des arguments recevables pour éviter l’achat de l’aston d’autant plus que, jusqu’ici, la cote des anciennes voitures de la marque ne s’est jamais inscrite à la baisse…

C’EST DANS LA FAÇON QU’ELLES ONT DE SE CONNECTER À VOUS QUE CES AUTOS SE MONTRENT REMARQUABL­ES

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 ??  ?? À gauche: le V8 américain (en haut) développe 450 ch tandis que celui, plus ancien, de l’aston n’en offrait que 385 dans sa version 4,3 l. Le 4,7 l apparu en 2008 fit grimper la puissance à 420 ch et le couple à 470 Nm.
À gauche: le V8 américain (en haut) développe 450 ch tandis que celui, plus ancien, de l’aston n’en offrait que 385 dans sa version 4,3 l. Le 4,7 l apparu en 2008 fit grimper la puissance à 420 ch et le couple à 470 Nm.
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 ??  ?? En haut : l’intérieur de la Vantage reste une place unique où passer du temps. Ci-dessus : l’habitacle de la Ford, plus spacieux, a beaucoup progressé lors des dernières décennies.
En haut : l’intérieur de la Vantage reste une place unique où passer du temps. Ci-dessus : l’habitacle de la Ford, plus spacieux, a beaucoup progressé lors des dernières décennies.
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