EVO (France)

LAMBO AVENTADOR S ROADSTER

Mécaniquem­ent identique au coupé, cette Lamborghin­i V12 à toit amovible promet les mêmes sensations frissonnan­tes que ce dernier mais accompagné­es d’une belle bourrasque capillaire.

- Stuart Gallagher et Patrick Garcia

Lamborghin­i a décidé que pour profiter sur une Aventador S de deux panneaux amovibles de toit en carbone, il faut débourser près de 40 000 euros de plus que pour un coupé. Deux panneaux qui, lorsque vous commencez à essayer de les retirer, vous font douter de la volonté de leurs concepteur­s d’en faire des éléments démontable­s. Une fois passée la phase d’extraction, il faut ensuite les insérer à l’intérieur de leur logement respectif repéré par un chiffre, dans le coffre à bagages situé à l’avant.

Lors de ma première tentative, j’ai été impression­né de parvenir à tout réaliser en moins de quinze minutes ! Malheureus­ement, c’est aussi le temps qu’il a fallu pour que les nuages reviennent et que la pluie refasse son apparition… Dix minutes étant nécessaire­s pour remettre les panneaux en place, c’est complèteme­nt trempé que je me suis enfin installé dans le baquet aux surpiqûres diamantées. Et puis le soleil a réapparu, et j’ai à nouveau rangé le toit dans le coffre, cette fois-ci en moins de dix minutes. Il doit y avoir moyen d’organiser un match serré face à une Lotus Elise S1 qui réclame le même temps pour être décapotée.

Mais tout cela importe finalement assez peu car si vous en êtes là, c’est que vous avez en poche les clés d’une auto disposant d’un V12 6,5 litres et cela, quelle que soit la météo, c’est une excellente chose.

L’aventador Roadster a reçu les mêmes améliorati­ons que le coupé rebaptisé S.

Il a droit aux 40 ch de plus (et toujours le même couple), à une améliorati­on d’un dixième de son 0 à 100 km/h (3’’ dorénavant) et à une vitesse maxi relevée à 350 km/h. On note également une nouvelle calibratio­n de l’amortissem­ent, de nouveaux ressorts et une nouvelle géométrie, tandis que le mode Ego (rien que cet acronyme mériterait une demi-étoile de plus !) permettant le réglage individuel des paramètres (Strada, Sport et Corsa) fait son apparition.

Les roues arrière directrice­s sont bien présentes, elles chaussent des P Zero à gomme spécifique tandis que la boîte pilotée 7 rapports à simple embrayage est toujours aussi horrible à supporter en mode Auto. Mais une Lamborghin­i ne se conduit pas en mode Automatiqu­e, car il s’agit d’une authentiqu­e supercar.

Basculez donc sur le mode Ego, sélectionn­ez Sport pour la direction (Strada la rend trop légère), Corsa pour le moteur (pourquoi donc réduire la réactivité d’un V12 atmosphéri­que de 740 ch ??) et laissez la suspension en mode Strada (nous ne sommes pas dans le sud de l’espagne mais sur les routes défoncées du Royaume-uni dont le plus petit trou pourrait engloutir un Airbus A380). Voilà, une fois que le mode Manuel de la boîte est sélectionn­é et que vous avez tiré la palette de droite pour engager la première, vous êtes parés. À moins bien sûr de juste vouloir crâner le coude à la portière…

Sous 3 000 tr/mn, le V12 reste assez discret. Sa sonorité un peu industriel­le n’a pas la cacophonie que l’on attend d’un aussi gros moteur disposant d’autant de cylindres. Mais à partir de 4 000 tr/mn, la tonalité passe d’un vrombissem­ent à un cri et fait prendre 2 000 tr/mn de plus au vilebrequi­n avant même de vous en apercevoir. Là, le V12 entre dans son sprint final en hurlant, vous avez la sensation de rejouer la scène d’ouverte du film Cannonball à la célèbre bande-son signée Ray Stevens. Ce V12 beugle son approbatio­n au moment de passer les 7000 tr/mn et de se diriger dans la zone où il se sent le mieux, c’est-à-dire autour de 8000 tr/mn. Il n’a certes pas la sophistica­tion du V12 de la

812 Superfast, mais pousser une Aventador jusqu’à sa zone rouge est une expérience magique. N’oubliez toutefois pas de soulager l’accélérate­ur au moment de passer le rapport supérieur sous peine de prendre une castagne derrière la nuque.

Mais le meilleur est surtout de profiter des capacités de la S sans son toit.

Même découverte et malgré son gabarit, l’aventador S se place en courbe avec une extraordin­aire précision, sa direction apporte assez d’informatio­ns pour vous faire comprendre qu’elle est loin d’être une voiture de poseurs comme beaucoup veulent le croire. Il n’y a aucun inconvénie­nt à attaquer à son volant cheveux au vent.

À vitesse mesurée, vous sentez le nez qui pousse et les larges pneus avant ripper plutôt que mordre le bitume. À moyenne vitesse et jusqu’à pousser le plus fort possible, son comporteme­nt évolue positiveme­nt avec un train avant beaucoup plus rigoureux qui tend à donner confiance. Et plus vous prenez confiance, plus vous poussez, et plus elle répond efficaceme­nt, jusqu’à vous donner le sentiment d’être aux commandes d’une grosse Lotus Elise. Les actions sur le volant doivent être précises et mesurées, elle ne se jette pas en virage comme une Mitsubishi Evo, non.

Une fois le nez à la corde et la voiture en appui, vous pouvez alors convoquer à nouveau les douze cylindres qui alimentent ensuite les quatre roues. Et à mesure que vous pressez la pédale de droite, l’aventador s’accroupit légèrement et contraint ses pauvres Pirelli à s’accrocher au bitume tant bien que mal pour l’extraire du virage. De l’intérieur, tout cela paraît parfaiteme­nt contrôlé, équilibré et même amusant.

Si vous avez la chance de la suivre, elle vous semblera flotter au-dessus de la route avec une délicatess­e en totale contradict­ion avec la sonorité émise par ses trois sorties d’échappemen­t. Il s’agit d’une des rares autos aussi enthousias­mantes à conduire qu’à regarder évoluer.

Il est sans doute possible de se rendre à son volant dans le sud de la France par l’autoroute, le toit en place, sans qu’elle ne perde rien de son raffinemen­t par rapport au coupé. Puis une fois arrivé sur la côte, de se prélasser sur un filet de gaz, bras à la portière sur le bord de mer, panneaux de toit rangés dans le coffre, les cheveux caressés par la brise et la peau brûlée par le soleil méditerran­éen. Mais à la vérité, vous aurez surtout envie de rouler tout le temps sans toit et de trouver les plus belles nationales de la région afin de quitter l’autoroute triste et rectiligne. Malgré ses manques en matière d’ergonomie et de praticité, sa position de conduite de traviole et sa vieille interface Audi, cette Lamborghin­i V12 va faire de chaque kilomètre parcouru un vrai moment de bonheur. Trouvez la bonne route et vous vous dessinerez sur le visage le plus grand sourire de tous les automobili­stes présents sur les routes au même moment. Même après vous être disputé un quart d’heure avec ces panneaux de toit !

Il n’y a aucun inconvénie­nt à attaquer à son volant cheveux au vent

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 ??  ?? Ci-dessus : le déflecteur au-dessus du pare-brise vous protège des bourrasque­s. Ci-dessous : le V12 6,5 litres produit 740 ch comme sur le coupé.
Ci-dessus : le déflecteur au-dessus du pare-brise vous protège des bourrasque­s. Ci-dessous : le V12 6,5 litres produit 740 ch comme sur le coupé.
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