AU VOLANT DE L’ORIGINALE
En 2005, John Barker essayait la seule TVR Speed 12 de route.
Nous pensions qu’aucune personne, en dehors des gens de TVR, ne conduirait jamais la seule Cerbera Speed 12 homologuée pour la route. Mais quelques années après que cet exemplaire unique fut rangé dans un coin sombre de l’usine de Blackpool, il a été finalement mis en vente. L’acheteur dut passer par un véritable parcours du combattant, qui comprenait notamment un entretien avec Peter Wheeler. C’était un peu comme demander la main de sa fille en mariage, paraît-il. Une fois le marché conclu, le processus de reconstruction commença. La Speed 12 à l’abandon avait donné nombre de ses pièces aux modèles de compétition, mais le processus s’inversait enfin : l’une des Speed 12 de course lui donna notamment sa carrosserie en carbone. Le V12 de 7,7 litres reçut des cames “douces”, faisant redescendre la puissance de 80 ch, à “seulement” 880 ch. L’opportunité de tester une routière développant près de 900 ch pour à peine plus de ce chiffre en poids se présenta par une journée nuageuse du début 2005 à Silverstone. Le bruit restera gravé dans ma mémoire à jamais, avec sa sonorité épique, épaisse, complexe et pleine de caractère comme un V12 Merlin d’avion Spitfire. L’auto possédait des pneus en piteux état,
« les seuls disponibles à l’atelier ». La moindre pression sur la pédale de droite se traduisait par un violent patinage, et l’arrière tenta de passer devant dès le premier virage négocié. Après quelques tours de plus, les pneus devinrent enfin plus adhérents.
Une fois la voiture droite, je me suis risqué à écraser l’accélérateur en sortant d’un virage en seconde. La poussée était phénoménale. Troisième, quatrième, la Speed 12 se catapultait littéralement. Et je n’utilisais que les 5 000 premiers tr/mn du compteur, sachant que les 880 ch n’arrivaient qu’à 7 250 tours. Je prenais enfin mon courage à deux mains dans la grande ligne droite pour balayer tout le compteur. Hélas, un problème de cartographie m’empêcha de dépasser 5 750 tr/mn. Je ne saurai donc jamais si la Speed 12 pouvait humilier une Mclaren F1…