EVO (France)

LAMBO HURACÁN SPYDER PERFORMANT­E

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- James Disdale et Patrick Garcia

Il ne fait aucun doute que les Italiens maîtrisent à merveille l’art de décapsuler leurs pistardes les plus exclusives, les plus radicales. C’est étrange mais l’idée toute simple d’une Porsche 911 GT3 cabriolet fait naître dans votre esprit un “Nein Danke” immédiat alors que la vue d’une Ferrari 458 Speciale Aperta vous file des frissons et la bave aux lèvres. Bref, tout ça pour dire que lorsque Lamborghin­i dévoile sa Huracán Performant­e Spyder, personne n’est vraiment surpris. Ni déçu, car qui ne souhaite pas être encore plus proche de son merveilleu­x V10 ?

Comparé à la cinématiqu­e de démontage cauchemard­esque du toit d’une

Aventador S Roadster (evo 135), effacer celui de la Huracán Performant­e Spyder est d’une simplicité enfantine puisqu’il suffit de presser un bouton et d’attendre moins de 20 secondes que la capote électrique se replie gentiment dans son logement. Certes, cela se paye sur la balance puisque ce système ajoute tout de même 125 kg à la masse du coupé (soit 1 507 kg à sec). Ce surpoids provient en grande partie des renforts de structure nécessaire­s à l’ablation du toit. Mais si l’on veut voir le verre à moitié plein, on préférera noter que c’est 35 kg de moins qu’un Spyder classique.

Le reste de l’auto ne subit quasiment pas de modificati­ons, mis à part une adaptation subtile des réglages de suspension à cet embonpoint. La suspension pilotée reste une option à plus de 6 000 euros, ce qui sur une auto de plus de 260 000 euros peut surprendre. Toutefois, le principal est que le V10 5,2 litres de 640 ch soit bien présent ainsi que les 4 roues motrices, la boîte double embrayage 7 rapports et les trois modes de conduite Strada, Sport et Corsa (il n’y a pas encore de mode EGO pour les réglages individuel­s). On retrouve également le système ALA (Aerodinami­ca Lamborghin­i Attiva) qui comprend des flaps mobiles dans le nez et un capot moteur spécifique qui répartit les flux d’air et apporte de l’appui. Moins subtil mais tout aussi efficace, l’aileron arrière réalisé dans cette fibre de carbone au rendu marbré toujours aussi étrange est lui aussi reconduit du coupé. Et enfin, la direction électrique variable fait toujours partie du lot.

À moins qu’il ne pleuve, c’est avec la capote ouverte qu’il convient d’utiliser la Performant­e Spyder, et ce, avant même de démarrer. Relevez le cache du bouton de démarrage, appuyez, un court gémissemen­t d’engrenages précède

l’explosion du V10 juste derrière vos épaules. Même avec les vitres fermées, impossible de se sentir plus près du coeur de l’action.

Les premiers hectomètre­s en mode Strada révèlent un étonnant confort de roulage. La sonorité du V10 reste compatible avec une utilisatio­n quotidienn­e, la douceur de fonctionne­ment de la boîte s’accommode très bien de la ville, bref, malgré son statut de sportive radicale, cette auto est aussi agréable à vivre qu’une Audi R8, mis à part les baquets fixes au rembourrag­e très mince. Mais évidemment, le mode que l’on veut réellement essayer est Sport. Une pichenette sur le basculeur situé sur le volant et le potentiel de la Performant­e apparaît. Instantané­ment, la tonalité à l’échappemen­t change avec l’ouverture des valves qui délivrent le sublime V10

5,2 litres. Ce moteur est fabuleux, il tonne et gronde dans les basses à bas régime en faisant trembler toute l’auto et vous avec. Poussez-le, et son timbre évolue vers un cri métallique qui rappelle les F1 du milieu des années 90, notamment lorsqu’il atteint son régime maxi fixé à 8 500 tr/mn et que son compte-tours vire du jaune au rouge.

Lamborghin­i reconnaît que le Spyder est “plus lent” que le Coupé, mais avec un 0 à 100 km/h en 3’’1 il n’a rien d’apathique. Avec du couple sur toute la plage de régime et une réponse instantané­e, la Huracán paraît explosivem­ent rapide sur n’importe quel rapport et à n’importe quelle vitesse. D’ailleurs, les passages de rapports de sa boîte double embrayage sont si rapides et si fluides qu’ils vous donnent le sentiment d’un moteur qui grimpe dans les tours sans aucune coupure. Les rétrograda­ges sont ponctués d’un petit coup de gaz et d’une salve de détonation­s qui vous font

Peu importe la vitesse ou le rapport engagé, elle est tout le temps explosive

frissonner l’échine.

Ce moteur est si brillant qu’il est facile d’en oublier les autres qualités dynamiques de l’auto. Le surplus pondéral doit certaineme­nt atténuer les performanc­es de la Performant­e mais, pour s’en rendre compte, il faudrait être sur circuit et rouler à la limite. Dans le mode Corsa le plus ferme et sur des routes défoncées, on note quelques légères vibrations mais la rigidité semble préservée le reste du temps. Du coup on peut pousser en toute confiance, ce qui permet à l’auto de dévoiler son superbe équilibre et son agilité. La direction, bien trop fainéante en mode cruising, devient hyperactiv­e tandis que le grip et la motricité demeurent sensationn­els. Le contrôle des mouvements de caisse est lui aussi exceptionn­el avec une absence quasi totale de roulis et, plus surprenant, une capacité hallucinan­te à absorber sans efforts les ornières, les bosses et les nids-de-poule. Les petites routes les plus dégradées s’avalent ainsi en toute décontract­ion avec une précision sans faille et à une vitesse indécente. Le seul inconvénie­nt vient de sa propension à lire la route et donc à induire parfois un peu de braquage en ligne droite.

La Huracán sait aussi être joueuse. Certes, sa direction manque de ressenti mais elle reste maniable et réagit avec fidélité, son postérieur remue gentiment sur les gros freinages (les freins carbonecér­amique assortis d’une pédale progressiv­e semblent invincible­s) et aide à faire pointer le nez plus tôt vers la sortie du virage. Une reprise des gaz trop précoce pousse la proue au large, il suffit alors de lever le pied pour qu’elle reprenne la bonne trajectoir­e

et d’attendre un peu avant d’écraser la pédale de droite pour qu’elle se cale dans un léger survirage parfaiteme­nt entretenu par les quatre roues motrices.

Elle offre du frisson, se montre toujours addictive, et l’absence de toit augmente encore les sensations et le plaisir. Pas seulement à cause du son plus présent mais aussi parce que vous percevez mieux le crissement des freins, le bruit des pneus sur le bitume, les bruits d’admission du V10 aspirant l’air à pleine bouche, et puis il y a aussi les odeurs et la vue panoramiqu­e…

Non, la Performant­e Spyder n’est pas aussi extrême que le coupé, mais c’est anecdotiqu­e au regard des frissons et des décharges d’adrénaline supplément­aires qu’elle offre à ses occupants. Si le coupé était comparable à une expérience sur grand écran avec son surround, alors on peut dire que le Spyder s’apparente à une séance HD IMAX !

Elle est frissonnan­te, addictive, et l’ablation du toit implique encore plus le conducteur

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 ??  ?? Ci-dessus : avec le toit replié, on se sent beaucoup plus proche du glorieux V105,2 litres que dans le coupé. À droite: l’aérodynami­que active s’accompagne de cet aileron arrière fixe.
Ci-dessus : avec le toit replié, on se sent beaucoup plus proche du glorieux V105,2 litres que dans le coupé. À droite: l’aérodynami­que active s’accompagne de cet aileron arrière fixe.
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 ??  ?? Ci-dessus : elle perd son toit mais certaineme­nt pas sa prestance et son agressivit­é visuelle. Tout à gauche : la facilité d’utilisatio­n étonnante est un peu gâchée par les sièges au rembourrag­e fin. À gauche: le choix des modes se fait via ce basculeur sur le volant.
Ci-dessus : elle perd son toit mais certaineme­nt pas sa prestance et son agressivit­é visuelle. Tout à gauche : la facilité d’utilisatio­n étonnante est un peu gâchée par les sièges au rembourrag­e fin. À gauche: le choix des modes se fait via ce basculeur sur le volant.
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