ROUTES DE RÊVE
L’australie et la Great Ocean Road, il n’y a pas à dire, on vous fait voyager!
Alors que le train quitte la gare de Londres, vous cherchez la meilleure position dans votre siège proche de la fenêtre et écoutez (vous n’avez pas le choix) la conversation des personnes de la rangée devant vous. Une fille appelée Victoria se demande pourquoi Natalie Imbruglia était meilleure que Kylie Minogue dans la série Les Voisins. “Foutaises”, pensezvous au moment de fermer les yeux et de laisser les ondulations du train vous emporter dans un sommeil profond.
Vous tirez sur la palette pour rétrograder juste avant le rond-point, vous jetez un coup d’oeil furtif au panneau sur le bord de route. Apparemment, vous quittez Torquay. Pas le Torquay anglais situé en bordure de Manche, non, le Torquay australien à quelques encablures de Melbourne. Aussi belles soient les plages du sud-ouest de l’angleterre, ce que vous voyez sur la gauche à travers l’étroit pare-brise reste toutefois assez différent car les étendues de sable de Bells Beach vous accompagnent tout le long de la côte. Subitement, l’endroit vous semble approprié pour débuter un gros freinage, votre pied écrase instinctivement la pédale et une force immense vous sort instantanément les yeux des orbites. Il s’agit assurément d’un sacré freinage, qui ne peut être l’oeuvre que d’un monstre sauvage. Mais cela vous auriez pu le deviner à la forme du volant ressemblant à celui d’une auto du Mans.
Au carrefour, vous prenez à gauche sur la B100, plus connue sous le nom de “Great Ocean Road”. L’absence quasi totale de trafic vous incite à pousser, au moins autant que les routes ondoyantes au bitume lisse. Par moments, l’océan Austral disparaît derrière les arbres qui engloutissent la route, mais la présence de cette grande masse bleue et scintillante ne disparaît jamais de votre esprit. Après avoir atteint l’arche du mémorial érigé en hommage aux soldats de la Première Guerre mais aussi à ceux qui, rentrés au pays, ont construit cette route, les virages commencent à se resserrer au moment de traverser brièvement une forêt d’eucalyptus. L’auto vous semble ici chez elle, même si, manifestement, elle n’est pas homologuée pour un usage routier. Dans les virages rapides, la stabilité apportée par l’énorme appui aérodynamique est fascinante. En fait cette route ressemble beaucoup à un circuit. Les kilomètres défilent, le Soleil brûlant l’asphalte vous oblige à ménager les pneus. Vous vous dites alors, au moment d’apercevoir les Douze Apôtres (ou ce qu’il reste des aiguilles de calcaire) que cette voiture pourrait très bien être une descendante… qui mériterait une descendance. Mais homologuée route cette fois. 30 km plus loin, vous bifurquez vers le nord et vous éloignez une dernière fois de l’océan. Une grande ligne droite s’ouvre devant vous, c’est le moment de tenter une V-max. Après plus de 160 km au volant de cet engin, vous avez acquis la certitude que derrière vous se trouve un gros V8 atmosphérique. Mais difficile de donner son origine. Une chose est sûre, il chante merveilleusement alors que votre Brabham BT62 s’échappe vers l’horizon.
Vous apercevez à peine le panneau indiquant Peterborough, et vous comprenez qu’il s’agit d’une exclusivité mondiale. Puis, c’est au tour du GPS d’indiquer lui aussi Peterborough d’une voix sévère. Mais, étrangement, la voix synthétique vous demande de ne pas oublier vos affaires… Vous commencez à freiner, vous ouvrez les yeux, Victoria est debout dans la travée centrale, nous entrons en gare de… Peterborough. Au nord de Londres. Ce n’était qu’un rêve.
Quoi de mieux qu’un V8 tonitruant et, en toile de fond, l’océan Austral bordé de fougères géantes et d’eucalyptus ? APRÈS PLUS DE 160 KM, VOUS AVEZ ACQUIS LA CERTITUDE QUE DERRIÈRE VOS ÉPAULES SE TROUVE UN GROS V8. MAIS LEQUEL ?