EVO (France)

J’AVAIS TENDANCE à L’OUBLIER, MAIS CONDUIRE UNE ASTON MARTIN C’EST UN PEU COMME COUCHER AVEC UN SEX-SYMBOL...

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... on a l’impression que le monde entier voudrait être à votre place (oui je sors souvent avec des sex-symbols). Et pourtant. Le temps de rejoindre Saint-jean-du-gard et les premiers reproches affluent. Voilà enfin une voiture contre laquelle je ne voudrais pas échanger ma maison à la fin de l’essai.

Le mode normal, ici appelé “GT”, reste la meilleure façon de ressentir l’inertie générale de l’auto. Dans les enchaîneme­nts, elle s’avachit et impose d’adopter un rythme plus doux pour ne pas être dépassée. On le savait, avec presque deux tonnes, elle peine à garder la ligne et invite à sortir large. Sauf qu’en plus de ne pas réprimer d’amples mouvements de caisse, l’amortissem­ent piloté dans son mode le plus souple ne filtre pas non plus particuliè­rement bien les ondulation­s de la chaussée. La DB11 n’est pas un exemple de confort comme l’est une Rolls-royce Wraith ou même une Bentley Continenta­l GT. Pourtant, en plus du gain de puissance de 30 ch, les liaisons au sol et l’amortissem­ent sont censés avoir été revus. Aston Martin annonce pour la version AMR une rigidité accrue de 10 % et des masses non suspendues sensibleme­nt allégées, grâce notamment aux jantes forgées.

Ici, au coeur des Cévennes pas de sommets enneigés mais une série de hauts plateaux donnant l’impression d’un relief à taille humaine, plus facile à appréhende­r que celui des Alpes. Le décor est sauvage et la route offre une grande diversité de courbes et de dénivelés le long d’un tracé au revêtement lisse. Dans ces conditions, un passage en mode Sport rend la mise à jour “AMR” plus évidente, tandis qu’en mode Sport+ la densité de la direction est exagérée. Il est treize heures et la Corniche des Cévennes, déserte, s’offre à moi. En arrivant à Florac, je réalise qu’ici la mode est moins à la balade en Anglaise qu’aux altermondi­alistes désireux d’élever des chèvres et faire pousser des plantes aux vertus relaxantes. Pour autant, les locaux s’amusent en voyant la calandre remplie d’insectes en fin de vie et s’étonnent des effluves de plaquettes et de pneus brûlés. La route était si belle que je ne me suis guère préoccupé du ressenti derrière le volant. Mais le meilleur reste à venir, j’en suis convaincu, je suis comme Robinson Crusoë, j’attends Vendredi.

Pour l’heure, je longe le plateau des Causses Méjean puis les gorges du Tarn avant d’arriver à Millau. J’abrège, évidemment, puisque je préfère vous épargner les nombreux arrêts à la pompe imposés par une consommati­on moyenne de 20 litres aux 100 km et une taille restreinte de réservoir (78 litres tout de même). Prochaine étape, Cahors, et une surprise de taille: dans le Lot, il n’y aurait pas que du foie gras et des vins au caractère bien trempé. Il y a aussi un bon nombre de routes méconnues dont personne ne semble avoir noté le passage à 80 km/h. La D653 entre Vers et Lentillac-du-causse en fait partie et se révèle être la meilleure d’entre elles. Elle propose une variété considérab­le de virages tout en multiplian­t les longs morceaux d’allonge où les deux turbos associés au V12 font parler les performanc­es de L’AMR qui était restée jusque là assez discrète.

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 ??  ?? Ci-dessous et page de droite : les cols des Pyrénées ont beaucoup à envier à ceux des Alpes, plus nombreux, plus larges, mieux revêtus, plus hauts et plus impression­nants. Mais au sortir du désert, on apprécie le moindre virage.
Ci-dessous et page de droite : les cols des Pyrénées ont beaucoup à envier à ceux des Alpes, plus nombreux, plus larges, mieux revêtus, plus hauts et plus impression­nants. Mais au sortir du désert, on apprécie le moindre virage.

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