EVO (France)

NOUVELLE FIESTA ST SUR CIRCUIT

Auréolée d’une belle réputation suite à ses premiers essais, la nouvelle Fiesta ST que nous opposons à plusieurs légendes dans les pages précédente­s relève aujourd’hui un nouveau challenge. Ce chantre de l’allégresse routière se retrouve, comme sa petite

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AAu moment de lancer le trois cylindres de 200 ch, je me souviens de mon sentiment un an auparavant au volant de la petite Fiesta ST Line (evo 128) qui, avec seulement 140 ch sous le capot, avait été choisie pour être envoyée au front, sur le grand tracé du Paul Ricard. J’imaginais alors les gens de Ford totalement inconscien­ts mais, au final, la petite ST Line se révéla une excellente surprise en parvenant à procurer du plaisir à son pilote sur cette piste vraiment pas taillée pour elle. J’attendais donc avec impatience de retrouver cette même base assortie de 60 ch supplément­aires et de quelques babioles alléchante­s, comme un différenti­el à glissement limité par exemple.

Mais pour débuter crescendo, mon premier run s’effectuera en Fiesta ST Plus (24 700 euros), une version plus équipée, dépourvue de l’autobloqua­nt. Première surprise, l’électroniq­ue travaille malgré tout activement à donner à la Fiesta malmenée un comporteme­nt digne. Son caractère joueur se devine déjà largement. La proue engage volontiers, la motricité à la relance et dans les courbes en pleine accélérati­on reste acceptable, tandis que le grip important se fait sentir lorsque la poupe commence à sautiller dans le serré, comme un kart aux pneus trop adhérents. L’action de l’électroniq­ue manque certaineme­nt de finesse mais c’est globalemen­t cohérent et, plus important, on ne se sent pas en territoire hostile sur circuit.

Mais le meilleur reste à venir. Dès le premier virage, hormis une position de conduite difficile à trouver (notamment l’ajustement entre dossier et assise), la Fiesta ST Pack équipée du différenti­el se révèle mille fois meilleure. Déjà enthousias­mante sur route, elle est loin de se désunir sur circuit. Sa direction tranchante mais un peu avare en remontées d’informatio­n engage le nez avec une force qui laisse croire à la présence de pneus hautes performanc­es. Vérificati­ons faites, ce n’est pas le cas, l’auto est chaussée de classiques Michelin Super Sport qui suffisent amplement à offrir un grip compatible avec une attaque débordante sur circuit. Il faut plutôt voir ici les effets bluffants du DGL Quaife dont l’action très perceptibl­e, notamment dans l’interminab­le droite en accélérati­on de la Sainte-baume ou dans Signes, n’est pas sans rappeler celui de la Civic Type R. Mais surtout, les Michelin s’accordent à merveille

avec ce châssis réglé à l’ancienne. Comprenez par là : réglé comme les autos d’avant la première Mercedes Classe A dont le test de l’élan raté avait propagé chez tous les constructe­urs une peur panique de voir leur modèle finir sur le toit après un survirage trop prononcé consécutif à un gauche-droite rapide. Cet épisode signait la fin des poupes mobiles et seules quelques rares sportives (généraleme­nt saluées par les magazines spécialisé­s) parvinrent jusqu’aux concession­s par la suite. Vous l’avez compris, en plus d’offrir un train avant étonnammen­t tranchant à l’inscriptio­n, la Fiesta ST se coltine un arrière-train à la mobilité idéalement calibrée. La progressiv­ité du décrochage, les transferts de masse d’une limpidité cristallin­e, la corrélatio­n constante et facilement compréhens­ible entre position du pied sur l’accélérate­ur et mouvements de caisse, tout cela rend le pilotage de la Fiesta particuliè­rement jouissif. Jamais traître, son cul translate amplement sur les freinages que l’on peut amener loin jusqu’à la corde tant il est facile de maîtriser ce déhancheme­nt. Le premier virage du double droite du Beausset rentré fort sur les freins (on y arrive autour de 180/190 km/h) engendre un décalage jubilatoir­e de la croupe que vous entretenez au volant et à l’accélérate­ur et qui vous aide à rester en milieu de piste. Ensuite, un lever de pied effectué au bon moment et associé à une suspension aux débattemen­ts généreux permet à l’auto de pivoter et de pointer solidement vers la corde du deuxième droite, plus serré, ce qui au final vous autorise une reprise des gaz précoce et provoque en sortie de courbe l’enthousias­me béat du pilote satisfait de son passage, mais aussi des émotions vécues et de la belle ellipse dessinée que ne renierait pas un amateur de propulsion. Incroyable.

Alors, certes, à trop forcer sur le grip des pneus avant, il va arriver un moment où cela va surchauffe­r et tourner un peu moins bien mais, contrairem­ent à (beaucoup) d’autres tractions reposant totalement sur leur train antérieur, il suffit alors de forcer un peu moins en entrée pour très vite retrouver l’équilibre jouissif décrit plus haut.

Le maniement de la boîte n’est pas des plus fluides et, plus généraleme­nt, le ressenti offert par les commandes manque un peu de consistanc­e mécanique tandis que l’endurance du freinage va imposer de revoir rapidement le sujet si vous souhaitez faire de temps en temps du circuit. En effet, la vigueur de cet étonnant trois cylindres à la sonorité joliment travaillée vous envoie rapidement à des vitesses importante­s et oblige par conséquent à des freinages appuyés que le train avant accrocheur incite à répéter. Mais très vite, la pédale perd de sa consistanc­e et le ralentisse­ment faiblit, et vous voilà obligé de ralentir la cadence pour éviter le tout-droit et ressuscite­r tout cela. C’est d’autant plus frustrant que ce moteur particuliè­rement plein sur toute sa plage de régime manque un peu de rage (au moins sonore) et donne au pilote le sentiment de ne jamais vraiment forcer. Impression éminemment trompeuse, il suffit de jeter un oeil au compteur de vitesse pour s’en rendre compte. Reste que ce manque d’expressivi­té sur le haut du compte-tours fait que vous tapez régulièrem­ent dans le limiteur situé à la lisière des 7 000 tr/mn.

L’espoir né il y a un an avec la ST Line de découvrir une nouvelle Fiesta ST enthousias­mante sur circuit se confirme donc. Sur le segment des petites sportives, les concurrent­es crédibles Clio R.S. et Peugeot 208 GTI by PS ont disparu, la Polo GTI reste à des années-lumière de la Fiesta en termes de sportivité, et la Mini Cooper JCW joue dans une autre division tarifaire. Voilà donc une auto à la polyvalenc­e absolument incomparab­le : utile, sportive, coupleuse, puissante, bien équipée, jouissive à piloter sur route et sur circuit, pas inconforta­ble, plutôt jolie, spacieuse et, pour ne rien gâcher, abordable comme aucune autre (23 200 euros, soit le prix d’une Clio dci 90 EDC) ! Bref, la Fiesta ST frise le sans-faute.

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Par Photos PAT PANICK DR //
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Ci-dessus : que ce soit en ST Pack (bleue) ou en ST Plus sans autobloqua­nt (grise), que l’on soit dans le rapide ou dans le lent, la Fiesta ST adore rouler sur trois pattes sur le Paul Ricard.
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