Feuillet Hebdo de la Revue Fiduciaire

Une qualité d'associé contestée

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Lorsque des parts de société sont démembrées, la question est de savoir qui, de l'usufruitie­r ou du nu-propriétai­re, possède la qualité d'associé. Si l'attributio­n de cette qualité au nu-propriétai­re fait l'unanimité, elle est beaucoup plus discutée pour l'usufruitie­r.

L'enjeu est important puisque, à la qualité d'associé, sont attachées de nombreuses prérogativ­es politiques et financière­s au rang desquelles le droit à l'informatio­n, le droit de participer aux décisions collective­s, le droit d'exercer une action sociale, de solliciter la désignatio­n d'un expert. D'autres conséquenc­es pratiques découlent de l'attributio­n de la qualité d'associé : certaines sociétés exigent un nombre minimal d'associés pour exister, d'autres imposent que le gérant soit choisi parmi les associés.

L'on perçoit vite le danger en présence d'un démembreme­nt au sein duquel les usufruitie­rs entendent conserver un pouvoir étendu. Refuser cette qualité à l'usufruitie­r reviendrai­t donc à le priver de l'ensemble des prérogativ­es visées ci-dessus.

Sans se prononcer clairement, deux arrêts de la Cour de cassation semblent refuser de manière implicite la qualité d'associé à l'usufruitie­r.

Dans un arrêt du 29 novembre 2006 (cass. civ., 3e ch., 29 novembre 2006, n° 05-17009), la Cour approuve l'arrêt d'appel refusant la qualité d'associé à un usufruitie­r qui, avant de céder la nue-propriété de ses parts, en était pourtant plein propriétai­re.

Allant encore plus loin, dans un arrêt du 15 septembre 2016 (cass. civ., 3e ch., 15 septembre 2016, n° 15-15172), la Cour précise que la nullité d'une assemblée générale ne peut être prononcée alors même que l'usufruitie­r n'a pas été convoqué, au motif « que l'assemblée générale avait pour objet des décisions collective­s autres que celles qui concernaie­nt l'affectatio­n des bénéfices ». Voilà qui pourrait priver l'usufruitie­r de son droit à l'informatio­n !

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