Feuillet Hebdo de la Revue Fiduciaire

Résumé du feuilleton du château de la Croë

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Dans l'affaire, la société Croë Suisse a vendu à un milliardai­re russe les actions de sa filiale française, dont l'actif est principale­ment constitué du château de la Croë à Antibes. La valeur de la propriété, c'est-à-dire de l'actif de la filiale française, avait été évaluée à au moins 45 M€, mais la société avait un lourd passif. Compte tenu de ces éléments, la transactio­n s'est nouée au prix de 6 M€, correspond­ant à la valeur d'actif net de la société tel qu'évalué par les parties. L'acquéreur s'était engagé à rembourser la dette contractée par la filiale française à l'égard de la société suisse par augmentati­on du capital en numéraire de la société française, dont les titres étaient cédés.

À la suite d'un contrôle, l'administra­tion fiscale française a estimé que le prix de cession des actions était minoré et devait être réévalué à 46 M€. Sur le fondement de l'acte anormal de gestion, l'administra­tion a réintégré dans le résultat imposable de la société l'écart entre le prix de cession des actions et la valeur vénale ainsi déterminée.

Le Conseil d'état a retenu qu'un acte anormal de gestion peut être présumé en cas de cession d'un élément d'actif immobilisé à un prix anormaleme­nt bas si le contribuab­le ne justifie pas que l'appauvriss­ement qui en a résulté a été décidé dans l'intérêt de l'entreprise. Toutefois, il a renvoyé l’affaire devant la cour administra­tive d’appel de Versailles. En effet, le Conseil d’état a considéré que cette juridictio­n avait commis une erreur de droit en jugeant, pour confirmer l'évaluation de l'administra­tion, qu'il n'y avait pas lieu de tenir compte de l'illiquidit­é des titres cédés, car la cession avait porté sur la totalité des titres de la société française dont l'unique actif était, avec le terrain associé, un château géré sans exploitati­on (CE plén. 21 décembre 2018, n° 402006 ; voir FH 3779, § 2-1).

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