DOMINIQUE BESNEHARD
« Les acteurs qui ne mangent pas ne sont ni les plus généreux ni les plus sensuels. »
L'ex-directeur de casting et agent artistique le plus célèbre de France, est devenu l’heureux producteur de la série «Dix pour cent» diffusée sur France 2. Rencontre. Êtes-vous gourmand ou gourmet ?
Je suis plus gourmand que gourmet. Je mange trop vite et j’ai parfois l’impression de combler un vide. Enfant, à cause de mon frère jumeau, j’avais toujours peur qu’il n’en reste pas pour moi…
Lorsque vous étiez agent, les restaurants étaient-ils une annexe de votre bureau ?
Le métier d’agent est obligatoirement lié à la nourriture. J’en suis la preuve vivante car, entre le moment où je suis entré chez Artmedia, en 1985, et le jour où j’en suis parti, en 2004, j’ai pris 20 kilos !
Comment expliquez-vous ce surpoids ?
Le matin, ma journée commençait par des viennoiseries lors d’un petit déjeuner avec un producteur. Suivait, à midi, un déjeuner. Si je devais annoncer une mauvaise nouvelle avant de passer à table, je calmais mon angoisse avec une petite coupe de champagne. Le soir, je dînais après le théâtre. Sans oublier le grignotage dans les cocktails qui accompagnent les projections. Dans ces conditions, on grossit forcément. Comme je n’ai jamais fumé de ma vie, pour m’apaiser, je mangeais.
Comment choisissiez-vous votre restaurant ?
On le choisit en fonction l’importance du comédien. Le traitement change selon ce qu’il rapporte. Inviter Catherine Deneuve au troquet du coin est impensable, il faut forcément aller dans un bon restaurant ! Pour les acteurs, le choix de l’établissement est primordial car il les renseigne très précisément sur leur statut.
Comment gérez-vous les actrices qui font attention à leur ligne ?
Ce qui m’énerve, ce sont les actrices qui commandent un plat et n’y goûtent même pas. Pour moi, c’est du gâchis ! Je sais d’expérience qu’en général, les acteurs qui ne mangent pas ne sont ni les plus généreux ni les plus sensuels.
En tant que producteur, êtes-vous moins angoissé et donc moins tenté de compenser en mangeant ?
Oui, parce qu’un agent entretient une certaine culpabilité du fait qu’il a la responsabilité de trouver du travail pour ses acteurs. En tant que producteur, il faut trouver de l’argent pour monter les films, mais là, on se bat pour soi.
Les jours de déprime, quel plat vous remonte le moral ?
En général, si je déprime, je mange des plats très consistants. Avant d’affronter une situation difficile avec un comédien, il m’est arrivé de m’attabler devant une andouillette-frites. Pour moi, c’est une façon de lâcher la pression. Lorsque tout va bien, je préfère une cuisine légère.
Quel plat est relié à votre enfance ?
Le riz au lait, parce que ma mère le cuisinait de façon géniale. Par la suite, je n’ai plus jamais retrouvé cette saveur.
Connaissez-vous le secret de sa recette ?
En fait, il tient à un détail très simple : ma mère préparait le riz au lait, puis elle le saupoudrait de sucre qu’elle caramélisait en le chauffant avec un fer à repasser en fonte !