Gourmand (Vie Pratique)

On range nos placards

Il n’y a pas que le contenu qui compte, le contenant aussi. Nous avons tous notre petite collection de boîtes en plastique qui nous semble bien pratique pour stocker des aliments, les restes d’un repas, ou congeler une préparatio­n. Et pourtant, le plastiq

- Par Céline Roussel

Il existe finalement deux types de contenants alimentair­es. Tout d’abord, il y a ceux qui sont fabriqués avec des matériaux dits « inertes », aux composés totalement stables. C’est le cas du verre, de l’Inox, de la porcelaine, de la faïence et de la terre cuite, qui peuvent accueillir n’importe quels aliments sans les altérer. Et puis il y a ceux dont le matériau est susceptibl­e de migrer vers l’aliment, sous certaines conditions, en relarguant des substances indésirabl­es. Ce phénomène s’observe avec certains plastiques. Parmi ces substances pouvant migrer, il y a principale­ment le bisphénol A et les phtalates. Heureuseme­nt, l’Union européenne légifère pour protéger le consommate­ur. Le bisphénol A, par exemple, reconnu perturbate­ur endocrinie­n depuis le mois de juillet, a été interdit dans les biberons en 2010, mais également dans l’ensemble des contenants alimentair­es depuis janvier 2015. « A priori, donc, les

contenants alimentair­es vendus actuelleme­nt n’en contiennen­t plus. Mais je pense que nous possédons tous, dans nos cuisines, des récipients plus anciens, achetés avant 2015. Il y a donc certaines petites recommanda­tions à suivre », estime Bernard Petit, ingénieur chimiste. Et parmi les phtalates, seuls le DEHP et le DBP (les plus connus) sont interdits dans les emballages de la grande consommati­on destinés aux produits contenant du gras. « Ces derniers migrent en effet dans les aliments gras, et surtout sous l’action de la chaleur », explique Bernard Petit. Ils restent néanmoins utilisés, avec le BBP (un autre phtalate), dans les contenants accueillan­t d’autres types d’aliments, avec des seuils de migration imposés, mais sans que leur présence soit pour autant indiquée sur les emballages. Il s’agit donc de rester attentif lorsque l’on veut utiliser du plastique en cuisine, et d’adopter quelques réflexes tout simples.

GESTE N°1: JE FAIS LE TRI DANS MES BOÎTES EN PLASTIQUE

Si vous possédez des boîtes en plastique qui ont pris la couleur de certains aliments (exemple : une boîte qui est devenue un peu rouge parce qu’elle a accueilli à plusieurs reprises de la ratatouill­e), « vous pouvez en conclure qu’il y a eu une migration des pigments de la tomate à l’intérieur du plastique et vice versa. Deux options s’offrent à vous : la mettre à la poubelle ou l’utiliser pour un usage non culinaire », tranche Bernard Petit. Certaines boîtes en plastique finissent par présenter des taches blanches par endroits, et même des rugosités. « Cela traduit une dégradatio­n du plastique et, encore une fois, une migration possible des substances du plastique vers la nourriture. Donc, comme dans le cas précédent, on les jette ou on les utilise pour ranger ses clous ! » estime Bernard Petit. Toutes les boîtes présentant une détériorat­ion, des coupures ou un aspect râpé sont susceptibl­es de relarguer des substances. On les jette également.

GESTE N° 2: JE NE RÉCHAUFFE PAS MES ALIMENTS DANS UNE BOÎTE EN PLASTIQUE

C’est finalement ce geste qui reste le plus efficace pour se protéger des éventuelle­s substances qui entreraien­t dans la compositio­n de nos boîtes. Une migration de composés chimiques (phtalates) du contenant vers le contenu devient en effet possible si les aliments en question sont gras et soumis à une forte chaleur (températur­e ambiante élevée, réchauffag­e au four à micro-ondes) dans le récipient en question. Prenez donc cette habitude très simple qui consiste à transvaser votre nourriture à réchauffer dans un contenant en verre, en faïence ou en terre.

PETIT GUIDE DU «BIEN RANGER» → Pour les légumes

On a pour habitude de les placer directemen­t dans le bac à légumes du réfrigérat­eur après achat, ce qui ne pose aucun problème. Des légumes épluchés, découpés et crus, donc non préparés, peuvent être stockés dans n’importe quel type de contenant (même le plastique) car ils ne présentent pas de matières grasses. En revanche, si l’on veut stocker une salade de tomate assaisonné­e ou un reste de pommes de terre sautées, deux préparatio­ns qui présentent un corps gras (huile), il sera nettement préférable de les placer dans un contenant en verre ou en faïence, que l’on pourra recouvrir d’un film alimentair­e. « Les aliments ne doivent en revanche pas être en contact avec le film alimentair­e, un produit très chargé en phtalates », rappelle Bernard Petit.

→ Pour une vinaigrett­e ou une sauce

Attention, préparatio­ns grasses en vue… On évite donc les contenants en plastique pour les conserver. Redoublez de vigilance pour toutes les sauces qui contiennen­t de l’huile d’olive, car cette huile a un pouvoir d’extraction énorme, et peut donc grandement favoriser la migration des substances du plastique. Et, bien sûr, achetez vos huiles dans des bouteilles en verre et les sauces toutes prêtes (mayonnaise) dans des bocaux en verre.

→ Pour la viande, le poisson

« Pour une viande crue, qui va être stockée peu de temps au réfrigérat­eur, n’importe quel contenant peut faire l’affaire. Même le plastique, car bien que la viande soit un aliment gras, si la températur­e du frigo tourne autour de 4 °C, il y a vraiment très peu de risque de migration », assure Bernard Petit. Idem pour le poisson. En revanche à partir du moment où ces produits ont été cuisinés et présentent des matières grasses, on veillera à les placer de préférence dans des contenants qui ne sont pas en plastique.

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