Viande or not viande ? Une question d’appellation
C’est tout le débat qu’ont dû trancher, fin mai, nos députés, sous l’impulsion des producteurs de viande qui dénoncent dans la dénomination « steak végétal » une tromperie pour le consommateur. Combat remporté, puisque la loi relative à l’information sur les produits alimentaires a été adoptée. In fine, à partir d’un certain pourcentage de protéines végétales contenues dans le produit, les marques ne pourront plus utiliser de termes relatifs à la viande. Les éleveurs attendent de pied ferme le décret d’application.
« Seulement, particulièrement en France, la viande reste au coeur de notre culture alimentaire. Beaucoup ont, depuis l’enfance, l’idée qu’un repas sans viande n’en est pas un vrai. » Une défiance de l’opinion que combat la Silicon Valley en finançant différents acteurs qui défendent, pour diverses raisons, une baisse de la consommation de viande. Dernier exemple en date ? L214, connue pour ses vidéos choc qui dénoncent les conditions animales dans les abattoirs, a touché l’argent de la fondation américaine Open philanthropy project (une fondation qui promeut la nourriture vegan et la viande in vitro). L’objectif de ces multiples financements est d’induire, petit à petit, que manger de la viande de synthèse n’est pas un geste irréaliste.
L’artificiel contre le naturel
C’est l’autre point trouble de ces nouvelles viandes, surtout si l’on va jusqu’à la viande in vitro, produite à partir de cellules souches. Si elle permet de réduire à néant la souffrance animale et de produire une « clean meat » (viande propre), on est pourtant à l’opposé du retour à la nature et du producteur local qui se lève à l’aube pour nourrir son bétail. Selon Jean-François Hocquette, directeur de recherche à l’Inrae et éditeur de la revue « Viandes et produits carnés », d’un point de vue technique, elle devrait apporter autant de protéines que la viande classique : « Mais seront-elles aussi complètes ? On a également encore des doutes sur leur teneur en minéraux (fer) et vitamines (B12), et leur degré d’assimilation par l’organisme… »