Les barres de céréales
Les parents souhaitent que le goûter de leurs enfants soit gourmand, nourrissant, sain et réconfortant… Les barres de céréales qui leur sont dédiées prétendent répondre à tous ces critères. On a tout de même vérifié !
Àquelques exceptions près, les barres de céréales destinées aux enfants sont des produits dérivés de leurs céréales du petit déjeuner ou de leurs gâteaux préférés. Par ici, donc, les jolis petits packagings qui séduisent autant par leurs couleurs que par leur mascotte. Quant aux snackings, ils promettent d’être sains, car à base de céréales, et délicieux. Pourtant, la plupart de ces produits ont des Nutri-Score qui oscillent entre D et E…
1 DES CÉRÉALES ? PAS TANT QUE ÇA
La logique voudrait qu’un produit appelé « barre de céréales » en contienne beaucoup. Ce n’est malheureusement pas le cas, étant donné que leur taux n’atteint en général pas les 40 % du produit. « Ce sont, dans une grande majorité des cas, des céréales qui n’ont plus grand-chose à voir avec leur forme originelle. Très transformées, voire extrudées, elles ont aussi beaucoup perdu de leurs vitamines et minéraux », analyse Nathalie Négro, diététicienne nutritionniste. En gros, seul l’amidon, partie la moins intéressante de la céréale, est conservé. Et il a été soumis à de telles températures que, finalement, il n’est plus un sucre complexe mais un sucre simple, avec un index glycémique (IG) élevé, qui va être rapidement assimilé par l’organisme. L’inverse de ce que l’on est en droit d’attendre d’une barre de céréales. En cherchant bien, on peut néanmoins trouver quelques produits qui affichent un peu de céréales complètes, ce qui permet de réduire leur IG.
2 DU SUCRE ET ENCORE DU SUCRE
En faisant une petite moyenne du taux de sucre que l’on trouve dans ce genre de produit, on arrive à environ 25 %. Plusieurs raisons expliquent cette concentration élevée. Le sucre est un exhausteur de goût, il a le pouvoir d’augmenter la palatabilité (goût et texture agréables au palais) de n’importe quel aliment, et il appelle à remanger… du sucre. Dans les barres de céréales, il a également une mission que l’on pourrait qualifier de « technologique », car il permet d’agglomérer les céréales entre elles, de bien les coller. « Ce qui m’embête le plus, c’est lorsque ces barres sont consommées au petit déjeuner, car vu leur taux de sucre, leur IG est très haut, et elles
sont peu rassasiantes. Cela veut dire que l’enfant risque d’avoir un gros “coup de pompe” dès 10 heures du matin. Je déconseille donc aux parents de donner ces produits à leurs enfants au réveil. Idéalement, ces barres doivent être consommées dans le cadre d’un effort, avant ou pendant une activité sportive », préconise Nathalie Négro.
3 LE GRAS, POUR AMALGAMER
Un peu comme le sucre, le gras aide à faire tenir les céréales entre elles. Les fabricants en mettent donc pas mal, autour de 15 %. « Et, bien souvent, dans les produits pour enfants, c’est l’huile de palme qui est utilisée, car elle est solide à température ambiante et assure une certaine robustesse au produit, même s’il est chahuté dans un cartable ou un sac à dos. Malheureusement, c’est une huile riche en acides gras saturés, et peu écologique. À éviter », rappelle notre experte. Quelques références arrivent toutefois à s’en passer, et utilisent, à la place, de l’huile de tournesol. « On peut considérer que c’est un mieux d’un point de vue écologique, mais pas vraiment pour la santé, l’huile de tournesol présentant beaucoup d’acides gras polyinsaturés de type oméga 6 qui, surconsommés, deviennent pro-inflammatoires », regrette la diététicienne.
4 ATTENTION AUX CALORIES ET AU COEUR
Avec de tels taux de sucre et de gras, il ne faut pas s’étonner que la densité calorique soit si élevée pour un si petit produit. Comptez facilement une centaine de calories pour une barre de 20 à 25 g. Ce qui ne serait finalement pas un problème si ces produits avaient plus d’intérêt nutritionnel. Ces snackings présentent par ailleurs de l’acrylamide, un composé qui se forme lorsqu’un aliment riche en amidon est soumis à une cuisson de plus de 120 °C. « Une réaction se produit alors entre les acides aminés et les sucres, que l’on appelle “réaction de Maillard”, engendrant la formation d’acrylamide, qui peut augmenter le risque de maladies cardio-vasculaires, prévient notre experte. Fort heureusement, il existe des process dans l’agroalimentaire permettant de limiter ce taux. Mais si l’on surconsomme ce type de produit, on peut finir par surconsommer de l’acrylamide. Alors, attention. »
5 ESSAYEZ DE LIMITER LES ADDITIFS
Gélifiants, épaississants, correcteurs d’acidité, humectants, conservateurs, stabilisants…
Attention les yeux ! Les listes d’ingrédients des barres de céréales sont souvent longues, très longues, et peuvent contenir une à plusieurs des familles d’additifs précédemment citées. Par principe, et comme pour tout produit transformé, optez pour les références qui en contiennent le moins possible, notamment en les choisissant bio.
6 LEUR POINT FORT : LA MASTICATION
Bon, il est vrai que ces produits ne sont pas parfaits. Mais leur texture solide a un avantage : elle oblige à mastiquer.
« Cela contrecarre un peu le fait qu’ils soient peu rassasiants. C’est donc bien de prendre le temps de les mastiquer », conseille la spécialiste. Ce sont souvent des produits complémentés en vitamines, en calcium et en fer. « C’est toujours bon à prendre, à condition de se limiter à une seule barre par jour pour un enfant. Car, avec deux barres, on peut arriver par exemple à un surdosage, notamment en fer. Et l’excès de fer n’est pas bon pour l’organisme », note Nathalie Négro.
Le mieux est de consommer les barres de céréales après une activité sportive ou un effort.
Notre experte : Nathalie Négro, diététicienne nutritionniste, responsable du Centre nutritionnel des Thermes de Brides-les-Bains.