Finir son assiette, un mauvais réflexe ?
cette règle nous fait manger plus à l’âge adulte…
Entre les nouveaux régimes, les idées reçues pour bien manger ou la tendance healthy du moment, le contenu de nos assiettes n’aura jamais autant suscité de questionnements. Ce mois-ci, Charles Brumauld a tenu à parler du rassasiement, cette sensation alimentaire piétinée pendant l’enfance à coups de « Finis ton assiette ! ». Il nous faut bien souvent réapprendre à l’identifier pour mieux réguler notre appétit.
LA NOTION DE RASSASIEMENT EST AUJOURD’HUI SUR LES LÈVRES DE TOUS LES MÉDECINS, NUTRITIONNISTES, DIÉTÉTICIENS. CE N’ÉTAIT PAS LE CAS IL Y A UNE DIZAINE D’ANNÉES…
Oui, c’est vrai. Cela s’inscrit dans les tendances actuelles de diététique comportementale, d’alimentation intuitive, qui s’appuient sur une plus grande écoute de soi, de ses sensations. Celle du rassasiement n’est pas négligeable. Avant d’attaquer un régime, elle constitue, à mon sens, une première étape de réflexion. En s’interrogeant sur sa faim, sur le moment où l’on peut arrêter de manger, sur sa satiété (à savoir, la durée du rassasiement), on peut déjà mieux adapter ses portions et commencer à agir.
MAIS POURQUOI EST-CE SI DIFFICILE DE RESSENTIR CE RASSASIEMENT ?
Le seul être qui perçoit parfaitement son rassasiement, et que l’on ne peut forcer à manger une fois qu’il n’a plus faim, c’est le bébé ! Quand c’est fini, c’est fini ! Mais en grandissant, il n’échappera pas aux injonctions : « Finis ton assiette ! », « Allez, faut pas gâcher ! »,
« Je me suis décarcassé(e) », etc. Malheureusement, ces petites règles supplantent nos sensations alimentaires et nous font manger davantage. Elles brouillent les signaux de rassasiement.
Mais, pas de panique, on peut réapprendre à les identifier.
COMMENT FAIRE ?
En prenant le temps de manger, de mastiquer, car il faut une vingtaine de minutes pour que les signaux de rassasiement atteignent le cerveau. Et si possible, ne faire que ça ! Ensuite, on peut se concentrer sur le niveau de plaisir que nous procurent les aliments, car manger doit rester un plaisir. Si l’on part du principe qu’à la première bouchée, il est très élevé, il décroît au fur et à mesure. Quand on arrive à une note « plaisir » en dessous de 5/10, on peut considérer que l’on peut s’arrêter. Mais si l’on veut continuer, on peut se demander pourquoi. Est-ce de la gourmandise, une façon de répondre à un état émotionnel ? Pour les personnes qui ne peuvent s’empêcher de finir leur assiette, je leur conseille de se servir de petites portions. Et si elles souhaitent se resservir, qu’elles le fassent, mais en se posant ces trois questions : est-ce que ce qui est dans l’assiette me fait envie ? Ai-je encore faim ? Est-ce que je veux continuer ?
N’EST-IL PAS DOMMAGE D’INTELLECTUALISER AINSI LES REPAS ?
A priori, si l’on fait ce travail d’observation, de « petit détective », sur quelques repas, on sera de plus en plus à même de ressentir la sensation de rassasiement. Il ne faut pas se mettre la pression, ce sont avant tout des petits gestes de bonté envers soi-même, pour être plus présent au repas et à nos sensations.
ET POUR LES ENFANTS, CETTE INJONCTION, « FINIS TON ASSIETTE », EST- ELLE PERTINENTE ?
C’est important de prendre quelque chose au petit déjeuner, car il a été prouvé qu’un enfant a davantage de difficultés à se concentrer s’il n’a pas assez mangé le matin. Mais, pour les autres repas de la journée, inutile de forcer. Les enfants savent parfaitement se réguler. S’ils mangent peu à un repas, il y a fort à parier qu’ils se rattraperont au suivant.