Faïencerie de Gien
Depuis sa création il y a 200 ans, la plus grande faïencerie d’Europe symbolise le raffinement, le luxe et l’art de vivre à la française.
Depuis Louis XIV, la noblesse britannique aime le luxe à la française. Pour faire connaître la faïencerie à l’anglaise, le Britannique Thomas Hulm, dit Hall, décide d’acheter l’ancien couvent des Minimes de Gien, dans le Val de Loire, pour y créer la Faïencerie de Gien. Situé sur les bords de la Loire, le site est idéal pour permettre le cheminement du bois des forêts de Sologne, nécessaire aux fours. Le terroir a aussi son importance puisque toutes les matières premières indispensables à la faïencerie (argile, sable, cailloux siliceux de Loire) sont disponibles dans le sol du village. En 1830, une nouvelle recette, qui ajoute du kaolin au mélange précédent, permet d’obtenir une faïence plus fine. Désormais, ce sont cinq argiles, quatre sables et deux kaolins qui composent la barbotine, cette pâte coulée dans les moules.
Les fameux carreaux du métro parisien
À partir de 1855, en participant aux expositions universelles, la Faïencerie de Gien obtient une reconnaissance internationale. Son service de personnalisation de la vaisselle séduit les grandes familles aristocratiques et industrielles européennes qui souhaitent graver leurs armoiries, ainsi que des présidents de la République ou encore la compagnie du célèbre train Orient-Express, qui lui confiera la réalisation d’une vaisselle unique. En 1906, la manufacture est choisie pour ce qui s’appelle encore « le chemin de fer métropolitain ». Elle fabrique un tiers des carreaux biseautés posés ainsi que les encadrements des panneaux publicitaires du métro parisien.
Des pièces décorées à la main
Pour réaliser ces créations, chaque objet passe entre les mains de 30 artisans ! « Nos maîtres faïenciers sont décorés de l’Ordre national des Arts et des Lettres, ils cherchent en permanence à magnifier la matière », explique Yves de Talhouët, président de la Faïencerie de Gien depuis six ans. C’est dans l’atelier de décoration que la touche la plus impressionnante est apportée, puisque c’est là que certaines pièces sont décorées à la main, devenant ainsi uniques. Cette conjugaison du beau et de l’intemporel fait partie de l’ADN de la manufacture qui, dès ses débuts, fait appel à des artistes pour diriger ses ateliers. Elle n’hésite pas non plus à réinterroger les formes et les couleurs en s’ouvrant à des collaborations avec des designers ou des musées. Si 50 collections sont disponibles au catalogue, la Faïencerie possède plus de 8 000 planches et 12 000 dessins numérisés dans sa base de données, ainsi que la majorité des moules utilisés depuis 200 ans. D’ailleurs, à l’occasion de son bicentenaire, il est possible de personnaliser son service (à partir de 24 pièces), tel que le proposait la manufacture au XIXe siècle.