Les steaks végétaux
Entre les nouveaux régimes, les aliments « miracles » (ou juste de saison !), les idées reçues pour bien manger, le contenu de nos assiettes n’aura jamais autant suscité de questionnements. Dernière tendance qui n’enchante pas vraiment notre experte, Vanessa Bedjaï-Haddad, diététicienne nutritionniste : le boom des steaks végétaux…
EST-CE BON SIGNE, CETTE PROFUSION DE STEAKS VÉGÉTAUX QUE L’ON OBSERVE DANS CERTAINS RAYONS DE SUPERMARCHÉS ?
D’une certaine façon, oui, cela traduit la tendance à la végétalisation de notre alimentation, consécutive à une prise de conscience de la part des Français quant à leur consommation de viande. Les industriels ne pouvaient pas passer à côté de cette évolution. Maintenant, ces produits ont un défaut majeur : ils sont malheureusement bien trop transformés.
MAIS CONSTITUENT-ILS UNE ALTERNATIVE INTÉRESSANTE POUR QUI VEUT MANGER MOINS DE VIANDE ?
Oui, mais uniquement de façon transitoire pour des personnes qui voudraient passer au flexitarisme et restent très attachées à la viande. En général, elles ont besoin d’une assiette un peu type, toujours constituée de légumes, de féculents et de viande. Pour elles, si l’on enlève le steak, c’est comme s’il y avait un vide dans l’assiette. Alors, pourquoi ne pas recourir aux versions végés, si ça peut aider et rassurer dans un premier temps ? Mais j’insiste, occasionnellement, et à condition de bien les choisir, car toutes ne se valent pas.
COMMENT BIEN LES CHOISIR ?
Première règle : le taux de protéines doit toujours être supérieur au taux de lipides. Et l’on essaie de viser les préparations qui contiennent entre 15 et 20 g de protéines aux 100 g, comme dans la viande. Après, ça se corse, car il faut que ces protéines soient complètes ou composées des neuf acides aminés essentiels. En dehors du poisson et des oeufs, seuls le soja et une combinaison de céréales et légumineuses permettent cet apport en protéines complètes. Si votre steak végé ne contient que des céréales, vous consommerez des protéines incomplètes. Enfin, il est impératif d’éviter les préparations bourrées de colorants, agents de texture, épaississants, exhausteurs de goût.
Malheureusement, ils sont légion dans ce type de produit. Attention aussi à l’amalgame « végétal égale minceur ». Les steaks végés sont caloriques, ce ne sont pas des produits de régime.
CE N’EST PAS LA PANACÉE, VISIBLEMENT !
Non, pas du tout. Il ne faut surtout pas les mettre sur le même plan que le poisson, la viande et les oeufs, des aliments bruts. Ils ne doivent pas devenir une habitude, en raison de leur composition et des valeurs nutritionnelles souvent décevantes. Et par souci de cohérence, aussi. Lorsque l’on réduit la viande, c’est pour aller vers une alimentation plus saine. Et qui dit alimentation plus saine dit produits bruts au maximum. Or là, on en est loin. Si l’on y recourt, je pense qu’il faut au moins le faire en visant une autre finalité : être capable, à moyen terme, de considérer son assiette différemment, en admettant, par exemple, que la combinaison céréales et légumineuses vaut un steak, et qu’il est inutile d’y ajouter une autre source de protéines.