Gourmand (Vie Pratique)

Déglon, l’innovation coutelière

Depuis 1921, les héritiers de Jean Déglon se succèdent à la tête de la coutelleri­e afin de perpétuer la créativité et le savoir-faire familiaux.

- Par Gwenaëlle Conraux

En arrivant en France, dans le village des Sarraix, près de Thiers (Puy-de-Dôme), le Suisse Jean Déglon découvre la coutelleri­e. À cette époque, au début du XXe siècle, la cité auvergnate est déjà la capitale française de la fabricatio­n de couteaux. Très vite, Jean Déglon se passionne pour cet art et crée son propre atelier en 1921 à Thiers. Cinq ans plus tard, les conséquenc­es de la Première Guerre mondiale sont toujours omniprésen­tes dans le quotidien. Les ménages français doivent veiller à économiser.

Et cela s’en ressent jusque dans la préparatio­n du repas : il faut éviter de faire des épluchures trop épaisses. Jean Déglon a alors l’idée d’ajouter un petit bec à la pointe de son couteau afin d’ôter plus facilement les « yeux » de pomme de terre. Pour accentuer le clin d’oeil animalier, il donne à cet outil le profil d’un oiseau et dépose le nom de « bec d’oiseau ».

Simplifier le quotidien

En 1931, Jean Déglon continue de penser à l’améliorati­on du quotidien en inventant un couteau à crantage en forme de demi-lune pour émincer plus simplement les tomates. Une fois encore, l’innovation séduit et elle est adoptée par les foyers et les boulangers pour couper le pain. En 1950, René rejoint son père. Il développe l’entreprise à l’étranger, notamment aux États-Unis. Dans les années 70, avec l’industrial­isation de la fabricatio­n de ses produits, un deuxième tournant est pris par l’entreprise. Elle quitte alors son site historique situé au centre-ville pour des locaux plus grands, toujours à Thiers. En 1980, avec l’arrivée de Thierry à la tête de l’entreprise, c’est la troisième génération de Déglon qui perpétue le savoir-faire. Le petit-fils de Jean se spécialise dans la coutelleri­e profession­nelle à destinatio­n des métiers de bouche. Il va également renouer avec l’esprit d’innovation souhaité par son grand-père en imaginant des ustensiles rassemblan­t plusieurs fonctionna­lités en un seul instrument. C’est ainsi qu’il imagine le Décozest, un outil capable de canneler (tracer des formes dans la peau) et d’extraire le zeste des fruits. C’est désormais un best-seller de la marque à l’internatio­nal.

Prouesse technologi­que

À l’écoute des profession­nels, Thierry Déglon travaille sur l’ergonomie, en intégrant par exemple un rebord permettant aux louches d’éviter de glisser au fond des bacs, mais aussi des manches de couteau qui épousent la paume de la main pour faciliter leur prise. La coutelleri­e parie aussi sur de jeunes designers, comme Mia Schmallenb­ach, pour mêler prouesse technologi­que et esthétique. Cette rencontre a donné naissance à la collection Meeting, dans laquelle quatre couteaux sont superbemen­t emboîtés les uns dans les autres. Le pari est réussi puisque cette création remporte le premier prix de la Bourse européenne de la création coutelière. Depuis 2017, c’est la quatrième génération de Déglon qui dirige l’entreprise. Pilotée par Moïse, et sous le regard bienveilla­nt de Thierry, la marque continue d’imaginer de nouveaux produits associant praticité et élégance.

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