Gourmand (Vie Pratique)

La minute nutrition

- Par Céline Roussel

Tous les ans, à la même époque, c’est le grand retour des programmes pour avoir un corps parfait avant l’été, le fameux « summer body ». Évidemment, cela passe par des efforts à faire sur l’alimentati­on et le sport, avec des dérives possibles, selon notre expert Charles Brumauld, diététicie­n et psychonutr­itionniste. ÇA FAIT COMBIEN DE TEMPS QUE ÇA DURE, CETTE COURSE ANNUELLE AU « SUMMER BODY » ?

Bien que le terme soit moderne, anglais et motivant, le concept est assez ancien. Il serait apparu à la fin du xixe, début du xxe siècle, puis se serait un peu plus codifié dans les années 20, où le fait de prendre des bains de lumière, de soleil était considéré comme bon pour l’organisme. Après la Seconde Guerre mondiale, cette pratique est devenue plus hédoniste. Et puis, dans les années 1950-1960, c’est devenu un acte de distinctio­n sociale. Un joli corps bien bronzé prouvait que l’on avait les moyens de prendre soin de soi.

MAIS LÀ, EN 2021, CETTE TENDANCE SEMBLE TOUCHER TRÈS LARGEMENT LA POPULATION ?

Personne n’y échappe, hommes, femmes, et même adolescent­s ! C’est comme une alarme qui s’allume dès le printemps, dans les médias, sur les réseaux sociaux. Certains profession­nels de la forme surfent aussi sur cette tendance pour développer de nouveaux programmes : « Objectif bikini », « Summer body », etc. On nous dit très clairement qu’il faut préparer un corps que l’on pourra montrer sur la plage.

ON REVIENT À UNE CERTAINE FORME DE DIKTAT, VOIRE DE RÉGIME DÉGUISÉ, NON ?

Oui, avec les effets pervers habituels, car certaines personnes placent cette injonction au centre de leur vie et se mettent à faire des choses qui ne le leur ressemblen­t pas : manger moins, éviter certaines catégories d’aliments, s’habituer à sortir d’un repas en ayant faim, ou faire du sport de façon très intensive. Le risque est de voir l’acte alimentair­e perturbé, car enchaîné à la question du poids. Cette perte de liberté entraîne une réduction du répertoire comporteme­ntal. Autrement dit, on surinvesti­t l’énergie vitale dans cette lutte et on fait passer tout le reste au second plan. CHARLES BRUMAULD, diététicie­n et psychonutr­itionniste, créateur du podcast « Dans la poire ! », le podcast pour mieux manger.

Retrouvez-le sur Facebook ou sur Instagram : @CharlesBru­mauld

QUELLE EST LA BONNE ATTITUDE À AVOIR SI L’ON VEUT TOUT DE MÊME PRÉPARER SON CORPS À L’ÉTÉ ?

Plutôt que d’essayer d’arrêter d’y penser, attribuez à cette idée du « summer body » la même place que vous donneriez à une vieille tante médisante à un repas de famille ! Mettez donc cette pensée dans un coin et composez avec, en fixant vos propres règles, celles qui augmentent le niveau de bien-être, et pas celles qui débouchent sur des privations ou de la maltraitan­ce envers soi. Ainsi, faites le tri avec ce que vous fait faire cette injonction : parfois, des choses irrationne­lles, parfois, des « trucs cool » pour vous.

IL EST VRAI QUE CETTE MODE PEUT AUSSI AVOIR DE BONS EFFETS ?

Tout à fait, elle peut être un point de départ pour adopter de bonnes habitudes alimentair­es ou sportives. Il ne faut simplement pas tout ramener à ça. L’important, c’est de se mettre en chemin, en restant lucide sur ce qui nous fait du bien. Mais on a aussi le droit de ne rien faire et d’exposer son corps tel qu’il est !

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