Gourmand (Vie Pratique)

Paris-brest en roue libre

À l’origine, il s’agissait de vanter les avantages du vélo, puis l’histoire a préféré garder en mémoire la création sucrée qui en a découlé.

- Par Amanda Schrepf

Derrière la grande Histoire, il y a souvent une petite histoire. Et parfois, la petite histoire prend le pas sur la grande et, ainsi, la boucle est bouclée. Comme une boucle de course cycliste, et en l’espèce celle de Paris-Brest, à l’origine de la naissance de la pâtisserie du même nom. Vous ne le saviez pas ? On vous raconte.

D’UN PLAIDOYER POUR LA PETITE REINE…

Tout commence en 1891, lorsque Pierre Giffard, chef d’édition au

« Petit Journal » et passionné de sport, décide de créer une compétitio­n cycliste, entre Paris et Brest, aller et retour. Son nom : le Paris-BrestParis, forcément. Cet amateur de la petite reine ne veut rien d’autre que démontrer que le vélo est le meilleur moyen pour se déplacer, et ce malgré les 1 200 kilomètres de parcours. L’affaire fait grand bruit, les coureurs s’inscrivent et, en ce 6 septembre 1891, plus de 200 cyclistes s’élancent sur le pavé. Après plus de 71 heures à battre la pédale sans dormir, Charles Terront, sponsorisé par Michelin et ses tout nouveaux pneus, franchit la ligne d’arrivée.

… À UNE PÂTISSERIE COURONNÉE

Mais que vient faire la pâtisserie là-dedans, vous demandez-vous ? De même que les vitrines s’habillent en bleu-blanc-rouge lors de la Coupe du monde de football, sur le trajet de la course, un boulanger imagine un chou en forme de roue de vélo, garni de crème pralinée et saupoudré d’amandes effilées : le paris-brest est né. C’est du moins la version retenue par le « Larousse gastronomi­que ». Car la paternité de l’éclair arrondi est aussi réclamée par Louis Durand, pâtissier à Maisons-Laffitte, en région parisienne donc, qui lui aurait donné cette forme de roue de vélo, vers 1909, à partir d’un éclair en forme de couronne de laurier créé précédemme­nt par un autre. Vous suivez ?

VARIANTES INTERNATIO­NALES

Une chose est certaine, le parisbrest ne quitte plus les vitrines des boulangers-pâtissiers. À côté des éclairs, opéras, tartelette­s et autres religieuse­s, il est intemporel et bien français. Victime de son succès, il en inspire d’autres. Ainsi, parmi les variantes, il y a la version metzmontré­al à base de sirop d’érable, ou le paris-téhéran à la crème de pistache. Plus locale, dans le sud, vous goûterez la version toute pralinée du marseille-brest, où le pralin se glisse jusque dans la pâte à choux. Sans oublier les recettes gourmandes de nombreux chefs : Philippe Conticini, Pierre Hermé, Guy Savoy, Alain Ducasse, Cyril Lignac… Ce dernier a mis au point une version allégée, parfaite pour se faire plaisir sans – trop – de conséquenc­es sur la balance. Retenons que si l’histoire n’a pas gardé en mémoire l’extraordin­aire Charles Terront, elle a su donner ses lettres de noblesse à un gâteau qui se voulait éphémère.

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