GP Racing

ALEX RINS UN JEUNE HOMME BIEN SOUS TOUS RAPPORTS

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

Alors qu’il ne disputait cette année que sa seconde saison de Grands Prix, Alex Rins a joué jusqu’à Valence le titre de champion du monde Moto3 avec Luis Salom et Maverick Viñales. Bourré de talent, humble et réfléchi, le protégé d’Emilio Alzamora possède tous les atours d’un futur grand.

Pour décrocher le titre de champion du monde Moto3 et passer l’an prochain en Moto2 avec le team Marc VDS Racing, comme cela avait été envisagé, Alex Rins n’avait plus trop de calcul à faire à la veille de l’ultime épreuve de la saison. Le pilote du team Monlau Competicio­n se devait de fi nir devant Luis Salom et Maverick Viñales, donc essayer de gagner la dernière course sur le circuit Ricardo Tormo. Alex aurait déjà pu plier l’affaire à Motegi, quinze jours plus tôt, s’il n’était pas tombé à quelques kilomètres de l’arrivée du Grand Prix du Japon. Malheureus­ement, il était vraisembla­blement écrit que le protégé d’Emilio Alzamora ne succéderai­t pas cette année à Sandro Cortese au palmarès de la catégorie Moto3. À Valence, malgré l’erreur de Luis Salom qui le débarrassa assez vite du leader du championna­t, Alex Rins n’a en effet jamais réussi à prendre l’avantage sur Maverick Viñales. Pire, battu par Jonas Folger dans le dernier tour, il a même dû se contenter de la troisième marche du podium. « Je n’avais peut- être pas la moto qui accélérait le plus fort aujourd’hui, expliqua- t- il du bout des lèvres à l’arrivée. Quoi qu’il en soit, je ne suis absolument pas déçu du résultat de cette course. Pouvoir me battre pour le titre de champion du monde jusqu’au dernier Grand Prix malgré deux résultats blancs, c’est déjà pas mal pour un pilote qui ne participe qu’à son second championna­t du monde. Je ne m’étais jamais autant bagarré que cette année, et je pense avoir beaucoup appris pour la suite. Même si ça ne sera pas facile, je ferai tout l’an prochain pour décrocher le titre. Il faudra continuer à travailler comme Emilio me l’a appris. Il faudra prendre les courses les unes après les autres en essayant de faire le maximum sans se mettre la pression. » Comme sait si bien le faire Marc Marquez ? « Mon modèle, ce serait plutôt Lorenzo, répond le gamin. J’aime son intelligen­ce de la course et son style très propre. » En tout cas, débarrassé de Viñales et de Salom, passés tous les deux dans la catégorie supérieure, Rins sera bien évidemment le grand favori du prochain championna­t Moto3. Contrairem­ent à ses deux compatriot­es aux histoires de famille compliquée­s, le jeune pilote du team Monlau Competicio­n n’a pas grand- chose à raconter quand on essaie de savoir qui il est. « J’ai 17 ans, une petite soeur, et j’essaie d’aller à l’école entre les courses car mes parents veulent que j’ai mon bac, confi e Alex Rins en s’excusant de son anglais encore un peu rudimentai­re. Je m’entraîne et je fais beaucoup de sport car j’adore ça. Je cours, je fais du vélo, de la gym... J’ai la vie normale d’un garçon de mon âge qui vit dans une famille sans problèmes. » Sous ses airs de grand timide, le vice- champion du monde Moto3 cache toutefois un sacré tempéramen­t, doublé d’une déterminat­ion à toute épreuve. Mais c’est surtout son talent qui a frappé Emilio Alzamora lorsqu’il a croisé le gamin au début de l’année 2008, sur le circuit d’Almeria. Venu s’entraîner avec son père, Alex tournait autour des deux pilotes que l’équipe Monlau Competicio­n s’apprêtait à aligner dans les championna­ts de Catalogne et de Méditerran­ée Pré- GP 125. « Emilio est venu discuter avec mon père et moi, et il nous a proposé un coup de main, se souvient le Catalan. C’est une journée que je n’oublierai jamais. » Alex a commencé à goûter aux sports mécaniques dès l’âge de trois ans quand son père, pilote amateur de rallye-

MON MODÈLE, CE SERAIT PLUTÔT LORENZO

raids, lui a offert un petit quad. « Un de ses amis m’a ensuite fait essayer un 50 KTM. J’ai tout de suite adoré. » Et dévoilé de sacrées aptitudes sur deux roues. Après des débuts prometteur­s en motocross et en Supermotar­d, Alex passe à la vitesse en 2005 avec un 50 cm3. En 2007, il s’impose en 70 cm3 dans les championna­ts de Catalogne et de Méditerran­ée. Et c’est en préparant son passage en Pré- GP 125 qu’Alzamora et l’équipe Monlau le rattrapent.

GRAND FAVORI POUR 2014

Deuxième en 2008, vainqueur en 2009, Alex Rins hérite à 14 ans d’une Aprilia RS pour débuter en championna­t d’Espagne 125. Troisième en 2010, le gamin est titré la saison suivante. En 2012, Emilio Alzamora le lance en Grands Prix dans la nouvelle catégorie Moto3 au guidon d’une SuterHonda. L’Espagnol fait équipe avec le Portugais Miguel Oliveira, autre animateur du CEV. Dès la deuxième course à Jerez, Rins décroche sa première pole position. Quatrième sur la ligne d’arrivée, il monte sur son premier podium trois semaines plus tard, au Mans. Rookie of the year, cinquième du championna­t du monde, le protégé d’Emilio Alzamora entame la saison 2013 avec l’ambition de poursuivre son apprentiss­age du haut niveau. « La grosse différence, c’est que j’ai récupéré une KTM nettement plus performant­e que la Suter- Honda de la saison dernière. Dès la première séance de tests à Almeria, j’étais une seconde et demie plus vite. » Troisième au Qatar, il remporte son premier GP au Texas. « Malgré ma chute à Jerez, j’ai enchaîné de bons résultats qui m’ont permis de me maintenir dans le haut du tableau, analyse le pilote KTM. Mais le titre, je n’ai commencé à y penser qu’à Indianapol­is quand j’ai repris pas mal de points à Salom. » Sans sa boulette à Motegi, Rins aurait pu décrocher le titre à 17 ans. Il attendra encore un peu.

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