GP Racing

ENTRE SLICKS ET TÉTINES

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

Pour les pilotes de vitesse, la pratique du tout-terrain est aujourd’hui incontourn­able. Le Scorpion Masters, organisé sur le circuit Paul-Ricard, a permis à une poignée d’entre eux de se mesurer aux cadors de l’enduro, du trial et du supermotar­d.

Bien évidemment, tous sont là pour s’amuser. « Le classement ? On s’en fout » , affi rment- ils en choeur. Ils ne se sont pas entraînés, ont ressorti leurs machines du garage la veille de leur départ pour le circuit du Castellet... Bref, ils sont venus voir les copains. Ben pardi ! Il suffi t de voir la tête de Vincent Philippe à l’arrivée de l’épreuve de supermotar­d pour être persuadés du contraire. Seizième d’une course dominée par Adrien Chareyre, le pilote du SERT ne décolère pas à l’endroit de ce frein arrière qui l’a lâché trop vite. « J’ai perdu une plaquette, grogne le champion du monde d’endurance après sa vieille 250 RMZ de 2006. Là, ça ne s’amuse plus. Je ne suis pas là pour ça ! » Ah bon ? On croyait pourtant le contraire... Vainqueur des deux courses de vitesse disputées sur une piste détrempée avec sa GSX- R championne du monde en titre, Vincent fi nira tout de même son premier Scorpion Masters en sixième position. De quoi avoir envie de revenir l’année prochaine : « Le marathon de toutes ces discipline­s est compliqué car il faut à chaque fois recaler son cerveau entre les épreuves, mais je vais apprendre de mes erreurs. En tout cas, le challenge est sympa, et David Checa a montré qu’un pilote de vitesse pouvait prétendre à la victoire. » Le pilote du GMT aurait effectivem­ent pu s’imposer si son équipe avait eu la bonne idée d’emmener une paire de pneus pluie pour sa R1. Comme Kenny Foray, mais aussi Boris Chambon, Checa n’a malheureus­ement pas pu défendre ses chances dans les deux courses où il aurait pu refaire son retard sur David Knight, le champion du monde d’enduro vainqueur de ce Scorpion Masters 2013. Sixième de l’épreuve de trial et seizième de la spéciale d’enduro, l’Espagnol aura tout de même eu le temps de montrer que pour lui, la moto se conjugue au pluriel. « La moto, c’est un ensemble de plaisirs, estime le protégé de Christophe Guyot. Comme j’aime faire du vélo, j’aime aussi rouler sur la terre. Je fais également pas mal de supermotar­d car chez moi cela permet de s’entraîner pour pas trop cher. La coupure est

longue l’hiver, ces discipline­s permettent de travailler la gestion de la poignée de gaz et l’équilibre. » Avec quelques différence­s d’une discipline à l’autre, comme le détaille Kenny Foray : « Pour moi, l’enduro c’est compliqué car je ne suis pas très fort sur la découverte. J’ai l’habitude des circuits où tu prends des repères en repassant tout le temps au même endroit. Je n’ai pas une bonne analyse quand j’arrive sur un obstacle et que je dois décider comment l’attaquer. Mais l’exercice est intéressan­t. » Pilote éclectique, Lucas Mahias est, lui aussi, un adepte du toutterrai­n. « C’est bon pour le physique, affi rme le protégé de Serge Nuques. Et puis pour progresser en vitesse, il faut savoir prendre ce qui est bon ailleurs. Sur la terre, tu travailles le lâcher d’embrayage, la prise des freins, la glisse... Le trial aussi est bénéfi que au niveau de la coordinati­on des gestes et du cerveau. » Gwen Giabbani se montre plus nuancé, même s’il reconnaît à son tour que le tout- terrain permet de faire de la moto l’hiver quand la pratique de la vitesse s’avère plus délicate. « Et aussi plus coûteuse, précise l’ancien champion du monde d’endurance. Le timing et la technique sont différents en tout- terrain. Mais bon, c’est toujours sympa de garder la forme en s’amusant. » Certains pilotes sont plus prudents sur le sujet. Tel Johann Zarco, qui ne s’est pas aventuré à participer au Scorpion Masters.

LE TOUT-TERRAIN, C’EST BON POUR LE PHYSIQUE

Présent sur le circuit Paul- Ricard, le pilote Moto2 devait néanmoins disputer les deux courses de vitesse au guidon d’une Yamaha R6, mais la pluie l’en a dissuadé. « Pas envie de prendre le risque de me faire mal pour rien, résume l’Avignonnai­s. Je ne pratique pas suffi samment le tout- terrain pour m’aventurer dans ce type de compétitio­n. Je me connais, j’ai envie d’être performant quand je participe à une course. » Johann a néanmoins prévu de s’initier prochainem­ent au dirt- track, comme Marc Marquez, pour travailler l’art de la glisse sans frein avant. Vincent Philippe, lui, c’est au trial qu’il a décidé de se mettre. « Franchemen­t, c’est un truc que je n’aurais jamais imaginé pratiquer, reconnaît le Franc- Comtois. Étonnammen­t, j’ai adoré jouer avec cette moto. Je n’aurais jamais cru possible d’aimer tourner pendant une heure autour d’un caillou. » Des propos qui font marrer Arnaud Vincent. Aujourd’hui reconverti dans le bâtiment, l’ex- champion du monde 125 a quitté sa retraite sportive le temps d’un week- end. Il ne l’a pas regretté puisqu’il est monté sur le podium fi nal. « Je n’en espérais pas tant, confesse le Sudiste qui s’était classé neuvième lors de la précédente édition du Scorpion Masters organisé à Alès en 2011. Ne faisant plus trop de moto, je visais une place dans les dix. Mon expérience m’a aidé. Tout au long de ma carrière, j’ai toujours fait en sorte de pratiquer plusieurs discipline­s pour m’entraîner, en m’inspirant des grands pilotes comme JMB. Un guidon, une poignée de gaz et une paire de roues, ça le fait toujours. »

« J’AI ADORÉ TOURNER PENDANT UNE HEURE AUTOUR D’UN CAILLOU » VINCENTPHI­LIPPE

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 ??  ?? 1- Vincent Philippe (à g.) et Denis Bouan, prêts à en découdre. 2- Un problème de frein a gâché la course de supermotar­d du multiple champion du monde d’endurance. 4- Vincent Philippe a dominé les deux courses disputées sur le bitume du Castellet. 3- Sortie de zone chaotique pour Lucas Mahias, 24e au général. 5- Sixième de l’épreuve de trial, David Checa a démontré qu’il avait le sens de l’équilibre. 6- Le trial, c’est bon pour tout. Pas vrai, monsieur Chambon ?
1- Vincent Philippe (à g.) et Denis Bouan, prêts à en découdre. 2- Un problème de frein a gâché la course de supermotar­d du multiple champion du monde d’endurance. 4- Vincent Philippe a dominé les deux courses disputées sur le bitume du Castellet. 3- Sortie de zone chaotique pour Lucas Mahias, 24e au général. 5- Sixième de l’épreuve de trial, David Checa a démontré qu’il avait le sens de l’équilibre. 6- Le trial, c’est bon pour tout. Pas vrai, monsieur Chambon ?
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