GP Racing

PLEINS FEUX SUR L’OPEN

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

La nouvelle catégorie Open du MotoGP fait grand bruit. On fait le point sur les tenants et les aboutissan­ts.

Entre la surprise de l’engagement de l’équipe officielle Ducati et les excellents chronos réalisés par Aleix Espargaro durant les essais hivernaux, la classe Open a déjà beaucoup fait parler d’elle. Carmelo Ezpeleta peut se frotter les mains...

En s’offrant le quatrième temps des deux séances d’essais MotoGP organisées en Malaisie au mois de février, Aleix Espargaro a marqué les esprits des observateu­rs et nourri les discussion­s dans les allées du paddock. « Je suis vraiment très content car je ne m’attendais pas à ce que l’on soit d’entrée à ce niveau de performanc­e, commentait à Sepang le nouveau pilote de l’équipe Forward. Lors des tests que nous avions effectués à Jerez en novembre, le système de gestion électroniq­ue Magneti Marelli était loin de fonctionne­r aussi bien. Mais bon, il faut garder les pieds sur terre. Je sais qu’il sera plus diffi cile de fi nir les courses sur un bon rythme que de faire claquer un chrono aux essais. Les derniers kilomètres des GP seront certaineme­nt plus compliqués pour nous que pour les motos d’usine, du fait de notre antipatina­ge moins perfection­né. Et n’oublions pas que j’ai fait ce chrono grâce au pneu tendre que les motos offi cielles ne pourront pas utiliser. »

DES ESSAIS SANS LIMITATION

Après deux ans de bons et loyaux services, la catégorie CRT, créée en 2012 pour étoffer le plateau en permettant à des équipes d’engager des machines équipées de moteurs dérivés de la série, laisse aujourd’hui la place à une nouvelle classe baptisée Open. « Pour faire simple, glisse Mike Webb, le directeur de course du MotoGP, cette catégorie regroupe toutes les machines, sauf les quatre motos d’usine que chaque constructe­ur a le droit d’aligner. Ces dernières peuvent utiliser leur propre système d’exploitati­on électroniq­ue, contrairem­ent aux Open qui doivent embarquer hardware et software Magneti Marelli que nous leur fournisson­s, mais elles n’ont le droit qu’à vingt litres de carburant au lieu de vingt- quatre,

GRÂCE À LA CLASSE OPEN, DUCATI PRÉPARE L’AVENIR EN AYANT LES MAINS LIBRES

BRIDER LA TECHNOLOGI­E DE HONDA POUR REDYNAMISE­R LE CHAMPIONNA­T

et disposent d’une allocation pneumatiqu­e centrée différemme­nt. Par ailleurs, les pilotes offi ciels n’ont que cinq moteurs pour la saison au lieu de douze, et leur développem­ent est gelé avant le premier Grand Prix, ce qui n’est pas le cas pour les motos de la classe Open. » Dernière différence, et de taille, les équipes engagées dans cette nouvelle catégorie peuvent effectuer des essais toute l’année, sans limitation, ce qui n’est bien évidemment pas le cas des écuries offi cielles. C’est ce dernier argument qui a décidé Luigi Dall’Igna à inscrire ses quatre Ducati D16 en Open. Privés de victoire depuis trois ans, coincés avec une D16 aux problèmes de comporteme­nt récurrents, les responsabl­es de l’usine de Borgo Panigale savent – même si Dovizioso et Crutchlow ont réalisé de considérab­les progrès cet hiver – qu’ils comptent aujourd’hui trop de retard sur Honda et Yamaha pour renouer à court terme avec le succès. Alors autant préparer l’avenir en ayant les mains libres et le soutien de Carmelo Ezpeleta, le grand timonier du MotoGP qui entend brider la technologi­e de Honda afi n de redynamise­r son championna­t en y attirant de nouveaux constructe­urs. En tant qu’ardent défenseur de la catégorie CRT dès sa création en 2012, Hervé Poncharal se réjouit des performanc­es affi chées cet hiver par la FTR Yamaha du team Forward. « Je suis ravi de voir les machines de la classe Open à ce niveau, s’enfl amme le patron du team Tech3 et par ailleurs président de l’Irta.

UN CHAMPIONNA­T PLUS HOMOGÈNE ?

On aura cette année un championna­t plus homogène avec de nouvelles têtes qui pourront venir créer la surprise. Ceux qui pensent que je pourrais être mécontent après Yamaha du fait qu’ils aient fourni un matériel aussi performant au team Forward, et pourtant moins cher que les M1 que nous louons se trompent. Au contraire, je suis enchanté de voir la M1 fonctionne­r aussi bien avec l’électroniq­ue complète Magneti Marelli. » Pour l’heure, c’est du côté de Honda que les performanc­es d’Espargaro, et bien évidemment celles des Ducati qui ont talonné les Honda et les Yamaha à Phillip Island, font grincer des dents. Et pas seulement parce que Nicky Hayden, qui court cette année avec l’une de ces RCV1000R,

a terminé les tests de Sepang le moral dans les chaussette­s, loin derrière la FTR Yamaha d’Aleix Espargaro. « On a un défi cit de puissance trop important car notre moteur est moins développé » , déplorait l’ancien champion du monde américain en Malaisie. « Honda passe toujours pour le méchant de service alors que nous avons été les seuls à proposer à la vente des motos à moins de 1,5 million comme le demandait Ezpeleta, peste Livio Suppo, le manager du HRC. Le team Forward n’utilise rien d’autre que des M1 2013, louées 800 000 euros, et maintenant c’est Ducati qui inscrit ses motos d’usine en Open. Nous ne sommes plus du tout dans l’esprit qui a présidé à la création de cette catégorie. »

LES DIRIGEANTS DU HRC GRINCENT DES DENTS

Pas grand- chose à voir en effet entre une Ducati GP14 offi cielle, une Avintia développée sur la base de Kawasaki de Superbike, une FTR Yamaha ex- usine, une ART et une Honda RCV1000R. Les plaintes des dirigeants du HRC ne trouvent toutefois que peu d’échos dans le paddock. « Je ne comprends pas leurs critiques, commente Poncharal. Il ne tenait qu’à eux de prendre une RC213V et de l’équiper avec le software Magneti Marelli comme Yamaha l’a fait avec sa M1. Nakamoto et Suppo ont participé à l’élaboratio­n de ce règlement, de même que c’est le MSMA qui a proposé de réduire à 20 litres les réservoirs de machines offi cielles. Les motos du team Forward sont parfaiteme­nt dans les règles, et Yamaha a bien raison de profi ter de cette équipe pour développer son matériel avec cette nouvelle électroniq­ue qui, de toute façon, fi nira par être imposée à tout le monde. Carmelo Ezpeleta parviendra à ses fi ns, et le MotoGP comme tant d’autres discipline­s, dont le Moto2 et le Moto3, fonctionne­ra aussi avec une ECU unique. » C’est ce que tout le monde a compris chez Ducati.

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