GP Racing

LE 1ER TIERS DE LA SAISON

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

6 pole positions, 6 victoires sur 6 courses, Marquez ne laisse rien aux autres en MotoGP !

Phénoménal, Marc Marquez a littéralem­ent balayé la concurrenc­e sur le premier tiers du championna­t : six Grands Prix, six pole positions et six victoires. Le champion du monde en titre n’aurait-il plus d’adversaire­s à sa mesure ?

« POUR JORGE COMME POUR DANI, LA DOMINATION DE MARC EST EFFROYABLE » ROSSI

POUR SA 9E SAISON EN MOTOGP, PEDROSA RISQUE ENCORE DE PASSER À CÔTÉ DU TITRE

1- Stefan Bradl peine à percer. Entre performanc­es moyennes et manque de réussite, il subit la pression des frères Espargaro. 2- Avec une machine Evo, Scott Redding découvre sans brio le MotoGP. 3- Pour sa troisième saison chez Tech3, Bradley Smith ne fait guère d’étincelles... sauf dans les bacs à gravier. 4- Nicky Hayden souffre d’un poignet abîmé qui l’a contraint à une interventi­on chirurgica­le. 5- Alvaro Bautista déçoit. Il est même régulièrem­ent devancé par Stefan Bradl. 6- La Ducati profite d’un règlement intermédia­ire qui lui offre des avantages, notamment pendant les qualifs. Dovi en profite bien. 7- La bonne forme des pilotes italiens réjouit les tifosi qui ont envahi les collines du Mugello.

L’EFFET MARQUEZ ET LA BELLE FORME DE ROSSI POUSSENT LES FOULES VERS LES CIRCUITS

Au train où vont les choses, Marc Marquez pourrait bien être assuré de conserver son titre avant même la dernière tournée outremer du mois d’octobre qui conduira les pilotes du Japon à la Malaisie en passant par l’Australie et ce, avant la fi nale à Valence. Le prodige espagnol a réalisé un véritable sans- faute sur les six premiers Grands Prix de la saison. Avec cent cinquante points sur cent cinquante, il a fait en effet carton plein alors que ses deux plus sérieux adversaire­s dans la course au titre ont mis un genou à terre. Au soir du Grand Prix d’Italie, Lorenzo concédait quatre- vingt- cinq points de retard sur Marquez, et Pedrosa cinquante- neuf. Bien évidemment, le leader du championna­t a appris la leçon d’Emilio Alzamora. À chaque conférence de presse, il la ressort sur le ton de l’humilité : « Il faut garder les pieds sur terre et continuer à travailler. Je dois prendre les courses les unes après les autres, et me préparer au jour où je ne pourrai pas gagner. Il faudra alors penser au championna­t et accepter de fi nir deuxième ou troisième. » Reste que depuis 1971, aucun pilote n’avait réalisé une telle entame en classe reine. Cette année- là, Giacomo Agostini avait remporté les huit premiers Grands Prix avec sa MV Agusta. C’est Jack Findlay qui avait fi nalement mis un terme à la série victorieus­e de l’Italien en s’imposant à Belfast, le 14 août, avec sa Suzuki. Avec tout le respect que l’on doit au roi Ago, force est de reconnaîtr­e qu’à cette époque, la concurrenc­e était loin d’être celle d’aujourd’hui. Seul véritable pilote d’usine, il n’avait guère à forcer son talent face aux anonymes privés qui lui donnaient la réplique. Il en va tout autrement pour Marc Marquez.

MARQUEZ, BIEN PARTI POUR BATTRE LES RECORDS D’AGO

Certes, l’Espagnol peut compter sur une Honda RCV particuliè­rement aboutie, mais cela est tout de même loin de suffi re pour humilier course après course ses adversaire­s. Au Qatar, pour l’ouverture du championna­t, le gamin s’est imposé alors qu’il n’avait pratiqueme­nt pas roulé de l’hiver à cause d’une jambe cassée en dirt- track. À Austin, pour le Grand Prix des Amériques, il n’a laissé le soin à personne de lui tenir tête. Sur le tracé où il avait remporté un an plus tôt son premier succès en MotoGP, il a encore dominé son sujet de la tête et des épaules. Même chose quinze jours plus tard en Argentine, sur le tracé Termas de Rio Hondo. Après avoir laissé Lorenzo faire illusion, le pilote Honda a pris les commandes quand il l’a voulu, et ne les a plus lâchées. À Jerez, sur un circuit où il n’avait encore jamais gagné un Grand Prix, Marquez a de nouveau humilié ses adversaire­s. Ce qu’il n’a pas manqué de faire à nouveau au Mans, après avoir pourtant complèteme­nt loupé son premier tour de course. Il n’y a qu’en Italie où le pilote Honda a dû un peu plus puiser dans ses ressources pour venir à bout du récalcitra­nt Lorenzo. Et voilà comment on arrive à six victoires en six courses. Au soir de l’épreuve du Mugello, Marquez avait donc déjà gagné autant de Grands Prix que l’an dernier. « C’est normal que je sois plus performant, justifi e le leader du championna­t. J’ai une saison d’expérience derrière moi, et cela me permet de faire moins d’erreurs. Mais gagner

FORT D’UNE SAISON D’EXPÉRIENCE, MARQUEZ S’AVÈRE INTOUCHABL­E

n’est pas facile pour autant. » Ce n’est pas Jorge Lorenzo qui dira le contraire. La saison passée, le pilote Yamaha avait fait forte impression en s’adjugeant cinq des sept derniers Grands Prix et en revenant très fort au classement général sur son jeune adversaire. Il a cette année complèteme­nt loupé son entame de championna­t. Au Qatar, pour l’ouverture, Jorge a commencé par aller au tapis en confondant vitesse et précipitat­ion. Trois semaines plus tard, sur le circuit des Amériques, il s’est mélangé les pinceaux avec la procédure de départ. « En arrivant sur la grille, j’ai voulu retirer un écran jetable de la visière de mon casque, essaya- t- il d’expliquer. Je me suis déconcentr­é et j’ai relâché mon embrayage lorsque les feux rouges se sont éclairés alors que j’aurais dû attendre qu’ils s’éteignent. C’est ma plus grosse erreur depuis mes débuts en GP. » Une erreur qui lui valut les foudres de Kouichi Tsuji, le patron du service course de la marque aux trois diapasons. S’il s’est rattrapé en Argentine en montant sur le podium pour la première fois de la saison, il est de nouveau passé au travers en Espagne et en France, terminant quatrième à Jerez et sixième au Mans. « J’ai physiqueme­nt eu du mal à aller au bout de ces deux Grands Prix en conservant un rythme élevé, déplore- t- il. Depuis le début de la saison, je ne suis pas bien sur la moto, en grande partie à cause du nouveau pneu arrière qu’il nous faut utiliser et qui manque de grip sur l’angle maxi. » Aux côtés de l’Espagnol depuis bientôt cinq ans, Wilco Zeelenberg défend bien évidemment son protégé. Au soir du Grand Prix de France, alors que beaucoup voyaient Lorenzo anéanti par la suprématie de Marquez, le Néerlandai­s refusait un tel constat : « Cette histoire de nouveaux pneus nous a vraiment mis en diffi culté. Jorge a du mal à l’accepter. Avec des gommes qui manquent de grip sur l’angle maxi, il se trouve forcément en diffi culté. Rossi et Marquez sont des pilotes qui ont toujours été très forts au freinage, ce qui n’a jamais été le cas de Jorge. On ne change pas les qualités et les défauts d’un pilote comme ça. Laissez- nous le temps de travailler. » Le Majorquin a donné raison à son manager en Italie où, pour la première fois de la saison, il a tenu tête à Marquez jusqu’à la ligne d’arrivée. Profi tant des progrès de sa Yamaha au freinage mais aussi du fait de disposer de pneus qu’il avait déjà utilisés au Mugello en 2013, Lorenzo a enfi n sorti la tête de l’eau. « Aujourd’hui, j’ai pu piloter comme j’aime le faire et attaquer en confi ance, se réjouissai­t- il après la course. Cela ne m’était pas encore arrivé cette année. » Et Zeelenberg de préciser : « Si notre moto est mieux aujourd’hui, c’est parce que l’équipe a bien travaillé sur sa mise au point. On a réussi à la rendre moins nerveuse et moins fatigante à piloter. On le sait, Jorge a un pilotage très propre, et il n’a jamais aimé se faire secouer par sa moto. C’est pour cela qu’il s’est plaint de sa condition physique à Jerez et au Mans. Quand tu n’es pas à l’aise, tu te crispes et tu fatigues beaucoup plus vite. À ce niveau, ça ne pardonne pas. » Dani Pedrosa en sait quelque chose. Alors qu’il avait réussi à se glisser sur le podium des quatre premières courses, l’Espagnol a marqué le pas au Mans et au Mugello. La faute à une interventi­on chirurgica­le pour résoudre un problème de syndrome des loges qui tarde à porter ses fruits. En Italie, le coéquipier de Marquez a même fi ni la course avec un bras couvert d’hématomes. Quoi qu’il en soit, les diffi cultés de Lorenzo et la baisse de forme de Pedrosa ne profi tent pas qu’à Marquez. Deuxième du classement général au soir du GP d’Italie, Valentino Rossi a retrouvé l’éclat de ses jeunes années. Le nonuple champion du monde s’était fi xé pour objectif en début d’année de se rapprocher du trio espagnol. Mission accomplie puisqu’il est monté sur quatre des six premiers podiums. Ainsi, malgré ses 300 Grands Prix au compteur, le pilote Yamaha entend prolonger de deux ans sa présence en MotoGP. « Depuis le début de la saison, je suis compétitif, se félicite Valentino. Je cours en GP depuis 1996 et je suis toujours dans le coup. Je m’étais fi xé pour objectif en début d’année de progresser et de fi nir régulièrem­ent dans le Top trois. J’y suis. Marc est vraiment très fort, mais je reste convaincu de pouvoir aller le chatouille­r. » Contrairem­ent à Lorenzo et Pedrosa qui, du haut de leurs 27 ans, sont loin d’avoir accompli sa carrière, Rossi ne souffre pas de l’hégémonie actuelle de Marquez. « Pour Jorge comme pour Dani, la domination de Marc est effroyable, estime Valentino. Pour moi, fi nir deuxième, c’est plus qu’acceptable. J’ai trente- cinq ans, neuf titres de champion du monde et plus rien à prouver. Ma seule ambition est de continuer à courir encore quelque temps en restant compétitif. Jorge n’en est pas à ce stade de sa carrière. L’an dernier, il avait réussi à battre Marquez en réalisant peut- être ses plus belles courses en MotoGP. Malheureus­ement, il a compris qu’avec l’expérience qu’il avait désormais acquise, Marc était le plus fort, surtout avec la Honda dont il dispose. Moralement, ça doit être très diffi cile à accepter. » Lorenzo a relevé le menton au Mugello. Reste à savoir s’il pourra durablemen­t renouer avec la victoire...

LORENZO A RELEVÉ LE MENTON AU MUGELLO

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