GP Racing

CHRONIQUE M. SCOTT

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Michael disserte sur la deuxième place, la plus haute envisageab­le tant que Marquez est en course...

Marc Marquez a remporté les six premières courses de la saison, comme si de rien était. Il a quitté le circuit du Mugello avec le sourire et certaineme­nt pour objectif de continuer sur sa lancée. Il compte peut- être même s’imposer sur toutes les courses de la saison. Il peut le faire. Son style de pilotage est un incroyable mélange de vitesse et de manoeuvres qui gagnent en maturité à chaque Grand Prix. Un vrai régal pour les yeux. Il a su placer la barre plus haut pour ses concurrent­s, rétablir les bagarres sur la piste et démontrer que les millésimes des années passées n’étaient pas aussi exceptionn­els qu’on le pensait. Et cela pourrait bien continuer ainsi durant des années, tout comme cela pourrait aussi s’arrêter d’un coup. Ce que personne n’espère, du moins pour Marquez. L’idée d’une nouvelle ère dominée par un seul pilote où chaque course serait prévisible a inquiété quelques passionnés de la discipline. Certains pensent même qu’elle pourrait devenir ennuyeuse. Comme si c’était possible à un tel niveau de pilotage. D’autres, en revanche, sont un peu moins inquiets. Ils ont aimé voir Rossi aux avant- postes, et la plupart d’entre eux ont remarqué que Marquez disposait d’au moins la moitié du capital sympathie dont jouissait le Doctor, et peut- être aussi de la même popularité. Il est très souriant, et même s’il reste très profession­nel dans sa communicat­ion, Marquez sait faire preuve d’humour. Il n’a que 21 ans, et toute sa carrière devant lui. Si la marque VR46 commence à être un nom reconnu dans le paddock, MM93 pointe déjà son nez sur le marché. Un potentiel reconnu par Rossi lui- même, comme illustré par les félicitati­ons que se sont adressé les deux pilotes lors des conférence­s d’après- course au Mans comme au Mugello. En France, Valentino venait juste de terminer deuxième, derrière Marc, après avoir mené une bonne partie du Grand Prix du Mans. C’est lorsqu’il s’est écarté de sa trajectoir­e que l’Espagnol est passé en tête. Sans cette erreur, Rossi pense qu’il aurait pu continuer à se battre pour la victoire. Hum... On a pu observer des situations similaires lors des dernières courses, et bien que Rossi vive actuelleme­nt une seconde jeunesse en fi n de carrière, le résultat fi nal reste le même. C’est derrière Marquez qu’il a passé la ligne d’arrivée. Avec cette troisième place au Mugello, c’est la quatrième fois en six courses qu’il monte sur le podium, dont trois fois sur la deuxième marche ( Qatar, Jerez, Le Mans). Mais Rossi est encore le premier pilote Yamaha, et bien évidemment le meilleur vétéran. À l’époque de Barry Sheene, qui a duré plusieurs années, on avait pour habitude de dire que le deuxième n’était que le premier des perdants, croyance perpétuée par Kenny Roberts, champion également titré l’année de son arrivée dans la catégorie reine. Qu’en est- il aujourd’hui ? Malgré Stoner, malgré Lorenzo, malgré son passage à vide chez Ducati et un retour éprouvant chez Yamaha en 2013, Rossi reste l’homme le plus populaire du MotoGP. De plus, même s’il a l’intention de reconduire son contrat pour deux années supplément­aires chez Yamaha, jusqu’à fi n 2016 ( soit jusqu’à ses 37 ans...), son règne touche à sa fi n. Néanmoins, nous assistons aujourd’hui à une passation de pouvoir aussi gracieuse que fair- play. Au Mans, enthousias­te à la perspectiv­e d’une possible bataille avec le nouveau prodige sur le circuit du Mugello, son GP national, et l’un de ses tracés préférés, Rossi a déclaré : « Si seulement j’avais à nouveau 22 ans... » Ce à quoi Marquez a répondu : « De toute façon, au Mugello, il retrouvera ses 22 ans » , déclenchan­t un véritable éclat de rire, une admiration ainsi que des encouragem­ents mutuels. On sait ce qu’il advint depuis sur la piste toscane. Et si le vieux roi n’y a pas dicté sa loi, il partage avec son successeur un trait aussi important qu’attachant : ils font rayonner tous deux la passion de la course. C’est entre autres pour cette raison que Rossi est capable d’accepter la défaite avec le sourire. Ce qui n’est pas le cas de Lorenzo, dont la réaction consiste à se réfugier dans un calme glacial. Pedrosa, l’autre extraterre­stre, semble au contraire presque soulagé. Cette année, il paraît plus détendu, comme débarrassé du poids de sa responsabi­lité envers Honda. Pour les autres, l’idée même de terminer second reste très ambitieuse. John Kocinski, l’énigmatiqu­e champion du monde Superbike et 250 – alors engagé dans le team de Kenny Roberts – avait déclenché une réaction amusée, un rien perplexe, en ayant des propos allant à l’encontre du principe du « premier perdant » , perpétué par son mentor. Après une défaite, il a insisté sur le fait qu’il n’avait pas été battu, il était seulement arrivé second... Plus récemment, les spectateur­s réguliers se souviendro­nt avoir laissé échapper un petit rire à la déclaratio­n de Paul Denning, alors team manager chez Suzuki, à Donington en 2005, lorsque Kenny Roberts Junior était arrivé second, derrière Rossi. « Valentino Rossi est tellement fort en ce moment, avait- il déclaré alors, que cette seconde place, c’est un peu comme une victoire. » Non, pas vraiment. C’est plutôt comme arriver second. On essaie seulement de trouver un moyen de ravaler ses mots sans perdre la face. La pilule 2014 passe un peu mieux. Elle soulage une peine qu’on laisse volontiers aux autres.

NOUS ASSISTONS AUJOURD’HUI À UNE PASSATION DE POUVOIR AUSSI GRACIEUSE QUE FAIR-PLAY

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