GP Racing

COLIN EDWARDS

DEUX TITRES EN SUPERBIKE, AUCUNE VICTOIRE EN MOTOGP

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

Des vingt saisons qu’il aura traversées sur la scène internatio­nale, Colin Edwards en aura disputé une moitié en Superbike, l’autre en MotoGP. Avec des résultats contrastés puisque le Texan a obtenu deux titres dans la première discipline, alors qu’il n’a gagné aucune course dans la seconde.

Né à Houston d’un père australien passionné de moto, Colin Edwards n’a pas tardé à prendre la relève. « Mon père adorait bricoler pour les copains, se souvient le pilote Forward. D’ailleurs, aujourd’hui encore, il vient souvent au bootcamp pour nous donner un coup de main. » Les parents de Colin se sont rencontrés à Singapour avant de s’installer au Texas, d’où était originaire sa mère. « Mon père m’a donné le goût de la moto et peut- être aussi celui des voyages » , plaisante le vétéran du championna­t MotoGP. Quoi qu’il en soit, le gamin a davantage usé le fond de ses pantalons sur les selles des motos que lui préparait son père que sur les bancs de l’école. « J’ai commencé à courir très jeune en motocross avec des PW Yamaha. J’ai gagné pas mal de courses en 60 et en 80 cm3. Jusqu’à ce que je fi nisse par en avoir marre. À un moment, je ne faisais plus que ça. J’avais à peine fi ni mes devoirs que je partais rouler sur le terrain d’à- côté la maison. Je m’entraînais tous les jours et je courais tous les week- ends. À 14 ans, la biologie a pris le dessus. J’étais plus intéressé par les fi lles que par la moto. J’ai tout envoyé promener. » La moto disparaît alors presque totalement de sa vie. Jusqu’à ce qu’il assiste, deux ans plus tard, avec son père, à une course de vitesse. « Ce jour- là, Jeff Covington a gagné. C’était un type que je battais régulièrem­ent en cross quelques années plus tôt. Ça m’a fait un choc, j’ai alors décidé de voir ce que je pouvais faire dans cette discipline. » Il y démontre immédiatem­ent d’étonnantes aptitudes et entame une nouvelle carrière qui l’amène au titre de champion des États- Unis 250 en 1992. « Le fait de gagner mes premières courses m’a permis de passer de Novice à Pro sans avoir à rouler en Expert, rappelle le Texan. Aucun pilote n’avait jamais eu droit à un tel traitement dans le championna­t AMA. Avoir battu Jim Filice a convaincu la Fédération. » Après deux saisons de championna­t de Superbike américain au sein du team Yamaha Vance & Hines, il est appelé par l’usine japonaise pour défendre les couleurs de la marque aux trois diapasons face à la Ducati de Carl Fogarty, intégrant ainsi la nouvelle équipe mise sur pied par Davide Brivio. « C’était un montage entre le Japon, l’Europe et les États- Unis, se souvient Colin. La marche a été haute et diffi cile à franchir.

« À 14 ANS, J’AI TOUT ENVOYÉ PROMENER »

Le niveau était très relevé et à cette époque, notre moto était loin d’être la plus compétitiv­e. » Si elle lui permet de décrocher sa première victoire aux Huit Heures de Suzuka en compagnie de Noriyuki Haga, la Yamaha n’est effectivem­ent pas au niveau de ses rivales. En 1996, Edwards parvient tout de même à se classer cinquième du championna­t du monde Superbike. Malheureus­ement, l’année suivante, un poignet et une clavicule cassés sur le circuit de Monza ruinent sa saison. « Jean- Philippe Ruggia m’a envoyé dans le décor, se souvient Colin. Cela reste d’ailleurs la blessure la plus grave de ma carrière. Le problème, c’est qu’à ce momentlà, Haga montait en puissance chez Yamaha. » C’est comme cela que Colin a perdu sa place dans l’organigram­me de la marque aux trois diapasons. « Au fi nal, ce fut un mal pour un bien, poursuit- il. Quand Kocinski a décidé de repartir en GP 500 avec Kanemoto, le HRC m’a appelé pour me proposer de le remplacer. Je ne pouvais pas rêver meilleure occasion. » Aux côtés d’Aaron Slight, le Texan va écrire les plus belles pages de sa carrière. Entre 1998 et 2002, il obtient en effet pour le premier constructe­ur mondial deux titres de champion du monde SBK, ainsi que deux victoires aux Huit Heures de Suzuka avec Daijiro Kato puis avec Valentino Rossi. « Cinq saisons de rêve, résume Colin. Le twin que nous avons développé était fantastiqu­e, et la SP2 reste la meilleure moto avec laquelle j’ai jamais couru : facile, effi cace... J’étais au sommet de mon art, j’avais une super moto, tout était réuni pour que ça fonctionne. » Mais toutes les belles histoires ont une fi n. Celle- ci va s’arrêter quand le HRC décide de se retirer du Mondial SBK. Suguru Kanasawa, alors président du HRC, n’étant pas prêt à l’aider à trouver un guidon en Grands Prix, Edwards accepte la propositio­n d’Aprilia qui lui offre un billet pour remplacer Régis Laconi sur la RS Cube que les Italiens font alors courir en MotoGP. En 2003, malgré une moto puissante mais très diffi cile à piloter, le Texan parvient à démontrer qu’il a sa place en GP. Il rentre régulièrem­ent dans les points et fi nit sa première saison de MotoGP à la 13e place. « Cette année- là, j’ai tapé dans l’oeil de Fausto Gresini

durant une séance d’essais à Barcelone où j’ai longtemps été crédité du meilleur chrono » , raconte Colin. L’Italien décide de lui confi er pour 2004 le guidon d’une Honda RCV. Edwards se retrouve ainsi coéquipier de Sete Gibernau, vice- champion du monde derrière Rossi. Avec la Honda, il récupère une machine à la hauteur de ses ambitions. Il termine deux fois sur la deuxième marche du podium, à Laguna Seca et au Qatar, se bat régulièrem­ent aux avant- postes pour se classer à la 5e place du championna­t. Sachant qu’il ne disposera jamais d’une Honda offi cielle, il accepte ensuite la propositio­n de Davide Brivio qui veut l’aligner aux côtés de Valentino Rossi. Choisi pour ses talents de metteur au point et de testeur de pneumatiqu­es, Colin Edwards hérite de la Yamaha M1 championne du monde en titre. La transition ne lui pose aucun problème. En 2005, il monte trois fois sur le podium et gagne une place au championna­t en y terminant en quatrième position. La saison 2006 s’avère plus diffi cile. La Yamaha souffre de problème de dribble et, comme Rossi, Edwards tire la langue face aux Honda. Après un nouveau championna­t en demi- teinte qu’il conclut en 9e position, l’Américain doit laisser sa place à Jorge Lorenzo, alors champion du monde 250 en titre. Colin ne quitte pas pour autant le giron Yamaha puisqu’il intègre l’équipe Tech3. Il y restera quatre ans. « Je n’en garde que de bons souvenirs, confi e- t- il. Il y avait moins de pression que dans l’équipe offi cielle, et on a tout de même obtenu de bons résultats. » Quatre podiums et une 5e place au classement général en 2009.

« JE SUIS TROP VIEUX POUR CHANGER MON PILOTAGE »

Le dernier chapitre de sa carrière, Edwards l’écrira avec l’équipe de Forward de Giovanni Cuzari. « On m’a proposé d’aider le championna­t en assurant la promotion de la classe CRT, raconte Colin. L’idée était sympa. La première année avec la Suter BMW a été très compliquée, mais on a ensuite progressé avec la FTR Kawasaki. Je pensais que ça serait plus facile cette année avec la Yamaha, mais je me rends compte que cette moto n’a plus grand- chose à voir avec la M1 que j’avais pilotée chez Tech3. En fait, ce sont surtout les pneus qui ont changé la donne. Avec les Bridgeston­e, je n’arrive pas à faire tourner la moto. Aleix s’en sort mieux parce qu’il est plus brutal que moi, il reste moins sur l’angle. Je crois que je suis malheureus­ement un peu trop vieux pour changer mon pilotage. » À quarante ans, le vétéran du MotoGP a visiblemen­t déjà tourné la page.

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 ??  ?? 1- Avril 2014, GP des Amériques à Austin, Colin Edwards écrase une larme en annonçant sa retraite. 2- En 1992, avec une Yamaha TZ et un casque de Mick Doohan, Edwards décroche le titre de champion US. 3- Double champion du monde Superbike en 2000 et...
1- Avril 2014, GP des Amériques à Austin, Colin Edwards écrase une larme en annonçant sa retraite. 2- En 1992, avec une Yamaha TZ et un casque de Mick Doohan, Edwards décroche le titre de champion US. 3- Double champion du monde Superbike en 2000 et...

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