GP Racing

Dix ans de Grands Prix

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Si on demande à Bernard Fau quelle fut sa plus belle saison, il répond sans la moindre hésitation : « 2013 ! Je sais que ça fait rire, mais à 60 ans, c’est la première fois où j’ai pu faire un championna­t en entier, sans casser, sans me blesser et en ayant l’argent pour aller au bout. Durant mes quinze ans de Grands Prix, ce miracle ne s’est jamais produit. » Né le 27 février 1953 à Suresnes, d’une modeste famille auvergnate, immigrée à Paris, Bernard a passé son permis de conduire à 16 ans contre l’avis paternel. « En 68, je vois Tchernine, Ravel, Lauréal... Et là, je me dis : “C’est ça que je vais faire.” » Il quitte l’école et bricole à droite et à gauche pour remonter la G50 Matchless avec laquelle il participe à sa première course. Sans le moindre entraîneme­nt, sans la moindre expérience. « Il y avait de l’inconscien­ce, de la folie, de l’audace aussi de partir courir sans même savoir comment accélérer la moto. Mais bon, ça ne s’est pas trop mal passé. Avec le recul, je me dis que j’étais tout de même un peu doué... » Deux ans plus tard, Bernard Fau ferraille avec une 350 et une 750 H2 Kawasaki. Coupe des 4 saisons, Critérium 750, Coupe Kawa... Il gagne plusieurs épreuves et rachète une TZ à Olivier Chevalier, avec laquelle il participe à son premier Grand Prix de France. Il s’y classe quinzième. En 1975, aidé par Elf, il obtient une jolie neuvième place au Grand Prix des Nations 500. En 1977, il est le meilleur privé français de la catégorie 750, derrière Pons et Rougerie. « Ce fut l’une de mes meilleures saisons, se souvient- il. Je roulais avec une Yamaha 700 à cadre Nico Baker. Comme bien d’autres pilotes privés, je n’ai jamais eu les moyens de faire plus. » Quatrième à Dijon, huitième en Belgique, il court aussi pas mal en Angleterre et se permet même de battre Barry Sheene à Snetterton. Alors que la plupart des Français de l’époque brillent en 250 et en 350, lui préfère s’acharner en 500 et en 750. « Ce qui me faisait rêver, c’était de courir avec les plus grands, explique Bernard. La puissance, la vitesse... Avec un twin, s’il te manque trois chevaux et que t’es lourd, ce qui est mon cas, t’as du mal à gagner. Avec une 500 ou une 750, tu as suffi samment de puissance pour faire la différence. Certains pilotes qui me battaient en 250 ne me suivaient pas en 750. Et puis je voulais rouler avec les meilleurs. Quand tu es au bord du podium avec une moto que tu as achetée chez l’importateu­r, la satisfacti­on est aussi là. » Après un passage sur une Kawasaki H2R en fi n de développem­ent fournie par la Sidemm, Fau enchaîne plusieurs saisons avec des 500 Suzuki. En 1981, il obtient son meilleur classement avec une onzième place au championna­t du monde. En 1982, faute de budget, il tâte de l’endurance avec Honda France et se classe sixième des Huit Heures de Suzuka avec Michel Frutschi. Il retente une dernière saison de Grands Prix 250 l’année suivante mais fi nit par jeter l’éponge. À 30 ans, Bernard Fau décide de tourner la page.

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