GP Racing

CHEZ HONDA, RECHERCHER LA PUISSANCE EST UN PRINCIPE

- Par Michel Turco. Photos Jean-Aignan Museau.

Directeur technique au HRC, Takeo Yokohama n’aura pas eu la partie facile cette saison. Un champion du monde en difficulté face à une paire de Yamaha performant­es et régulières, des pilotes Honda déplorant le comporteme­nt trop agressif de leur RC213V, des négociatio­ns houleuses au sein du MSMA... L’ingénieur japonais s’en explique.

Takeo, après deux saisons exceptionn­elles et deux titres de champion du monde consécutif­s avec Marc Marquez, l’histoire s’avère un peu plus compliquée cette année. Comment le vis-tu ? D’une manière générale, la saison 2014 a été un peu trop facile pour le HRC. On a gagné quatorze Grands Prix, Yamaha quatre... S’en tenir à ces chiffres ne permet pas d’évaluer correcteme­nt le rapport de force avec nos adversaire­s. En termes d’avantage technologi­que, l’écart n’a jamais été de cet ordre l’an dernier. Disons que nous avons eu de la chance de gagner autant de courses. On voit bien cette saison que la différence de performanc­es entre Honda et Yamaha est minime. Sans oublier Ducati qui a bien comblé son retard. Je suis persuadé que le rapport de force entre les deux usines japonaises n’a pas énormément changé entre 2014 et 2015. La course reste la course, avec tous ses aléas. Tu peux gagner comme tu peux perdre.

Il y a tout de même une différence notable entre gagner dix Grands Prix de suite comme Marc l’a fait l’an dernier, et n’obtenir qu’un succès en huit courses comme cela lui est arrivé cette saison... Disons que la saison dernière, on avait eu de la réussite, alors que cette année, on en a cruellemen­t manqué. Il faut reconnaîtr­e que dès le premier Grand Prix, nous n’avons pas eu de bol. L’hiver s’était plutôt bien passé au Japon, et nous étions confi ants en arrivant au Qatar. Là, Marc rate son départ. Il parvient néanmoins à faire une très belle remontée même s’il ne monte pas sur le podium. À Austin, tout se passe bien. En Argentine, il y a cet accrochage avec Vale alors qu’il est encore en tête... À Jerez, il fait encore une très belle course bien qu’il soit handicapé par une blessure à la main due à une chute à l’entraîneme­nt quelques jours plus tôt. Au Mans, tout se passe bien jusqu’au warm up. Il est le plus rapide et puis en course, la températur­e de la piste évolue et il se retrouve en diffi culté.

C’est d’ailleurs à partir du Grand Prix de France que Marc commence à se plaindre ouvertemen­t de sa moto... C’est vrai. Jusqu’à Jerez, il n’en était pas mécontent même s’il estimait que tout n’était pas parfait. Je pense que le résultat du Mans a été pour lui une grosse déception. Pourtant, une fois encore, jusqu’à la course, il était dans le coup pour une place sur le podium. Mais c’est juste de dire que Le Mans a marqué un tournant dans le sens où Marc a commencé à trouver tout plus compliqué parce qu’il voyait les autres creuser l’écart au championna­t. C’est comme ça qu’au Mugello, il est tombé en voulant rattraper les points perdus. Rebelote à Barcelone... Je ne dis pas que nous n’avons pas de problèmes, je dis simplement que nos résultats ne refl ètent pas la réalité de la situation. Comme ce fut d’ailleurs le cas l’an dernier.

Pourquoi avoir décidé de revenir à la partie-cycle 2014 après le Grand Prix de Catalogne ? C’est un peu plus compliqué que ça. Il y a une combinaiso­n de choses... Cet hiver, nous avons longuement comparé nos évolutions avec la base 2014. Nous avons pris des précaution­s car nous ne voulions pas nous égarer. C’est pour cela que nous étions confi ants avant que le championna­t ne démarre et que tout se complique. Lors des tests que nous avons effectués à Barcelone, nous avons constaté que Marc se sentait mieux sur le cadre de l’an dernier avec le moteur et le bras oscillant 2015. C’est lui qui a demandé à conserver cette confi guration pour Assen.

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