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MOTOGP, SUPERBIKE : CHACUN À SA PLACE

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On en a enfi n la preuve : les pilotes MotoGP sont un cran au- dessus des pilotes du Mondial Superbike. Envoyez Nicky Hayden, dont les meilleurs résultats lors de sa dernière saison en Grands Prix n’ont jamais atteint le Top 10 ( les bons jours), et il gagne une course en WSBK dès la première année, à l’aube de ses 35 ans. Exactement dix ans après avoir arraché le titre MotoGP à Rossi. Vous voulez plus de preuves ? En voici. Jamais un champion du monde Superbike promu aux GP n’est parvenu à remporter une course. Enfi n presque, si on exclut Ben Spies. Oh, et Troy Bayliss. Colin Edwards aurait pu faire partie de ces exceptions, s’il n’avait pas chuté au dernier virage à Assen en 2006, laissant la victoire à Nicky Hayden. Et si on tient compte du Superbike américain, on peut aussi mentionner Eddie Lawson, Wayne Rainey, Kevin Schwantz... et encore Nicky Hayden. Bon... Cette hypothèse ne tient pas la route. Cela fait maintenant des années que l’on m’attaque pour mes critiques acerbes envers les championna­ts Superbike et MotoGP. Et non sans raison. Personne n’est sans ignorer dans quelle discipline se retrouvent les seniors. J’ai toujours affi ché mon penchant pour les prototypes de course aux freins carbone plutôt que pour ces routières dont on a recouvert les clignotant­s. Non que les pilotes soient forcément meilleurs en MotoGP qu’en Superbike, même si cela semble être le cas. Et le pilotage, est- il meilleur dans un championna­t plutôt que dans l’autre ? Là encore, on peut le démontrer. Il s’agirait donc d’une simple question d’âge. Cela fait partie du processus naturel pour les meilleurs pilotes que de migrer vers les Grands Prix. Mais il n’y a pas une multitude d’options pour y parvenir : il est généraleme­nt nécessaire de passer par le championna­t de vitesse espagnol et/ ou la Red Bull Rookies Cup, tout en ayant commencé la compétitio­n longtemps avant. Les voies à emprunter pour se trouver un guidon en SBK sont tout aussi restreinte­s. Les pilotes ont pour la plupart couru dans d’autres championna­ts nationaux et participé à quelques épreuves Supersport. Lorsqu’ils atteignent le sommet de leurs discipline­s respective­s, il est en général trop tard pour changer de monture. Il est facile pour un pilote de rester coincé. En MotoGP néanmoins, ils sont heureux de l’être. En réalité, ils sont peu nombreux à être passés du WSB à la MotoGP et inversemen­t, mais on a toujours trouvé le moyen de se mépriser d’un championna­t à l’autre. Pourtant, il n’y a pas un seul pilote Superbike dont le coeur n’ait pas chaviré après s’être essayé au guidon d’une MotoGP. Cette année, deux d’entre eux sont parvenus à s’échapper pour rejoindre la grille des Grands Prix. Eugene Laverty et Loris Baz étaient tous les deux des talents prometteur­s en Superbike. Aujourd’hui, ils se retrouvent sur des Ducati 2014, les GP14.2, considérée­s comme vétustes. Chacun en tire le meilleur, notamment Laverty avec sa belle quatrième place en Argentine, pour laquelle il a eu de la chance, certes, mais quatrième place tout de même. L’Irlandais est entré une seconde fois dans le Top 10, et a marqué des points à chaque course. Il en est d’autres en Superbike qui mériteraie­nt de changer de championna­t, mais qui n’en auront probableme­nt jamais l’opportunit­é, comme Michael van der Mark ou Chaz Davies, pour ne citer qu’eux. L’espoir de voir l’écart entre les deux championna­ts se combler avec le retour au 4- temps en MotoGP s’est rapidement envolé. Sauf lorsque l’on a vu Nicky Hayden, qui, lui, a fait le chemin inverse, gagner en Malaisie. Loin d’être un rite de passage pour arriver en Grands Prix, le WSBK a plutôt été une maison de retraite pour les carrières sur le déclin. John Kocinski n’était probableme­nt pas au fond du gouffre lorsqu’il s’est emparé du titre WSBK, mais il n’avait plus sa place dans un paddock MotoGP qui commençait à en avoir assez de ses reliques. Max Biaggi d’un autre côté, dont l’heure de gloire en GP était bien révolue lorsqu’il s’est engagé en WSBK, a donné une leçon d’humilité à toutes les stars de la catégorie. C’est en 1988 que les superbikes sont devenues les rivales anticonfor­mistes des machines de Grands Prix grâce à Steve Laughlin, ex- pilote enjôleur et vainqueur à Daytona. Et il ne faut pas oublier cette période dans les années 90, surtout dans les pays anglophone­s pendant le règne de Carl Fogarty, où cette compétitio­n, dont les motos étaient issues de la production, constituai­t une réelle menace pour les GP, surtout en termes de fréquentat­ion sur les circuits et d’audiences télévisuel­les. Cependant, ce n’était plus le cas depuis longtemps lorsque la Dorna en est devenue l’organisatr­ice en 2013, faisant fi de la réglementa­tion des monopoles. Depuis, il y a eu un effort considérab­le pour éviter toute concurrenc­e et surtout, creuser le fossé sur le plan technique entre les deux championna­ts. Si les MotoGP ont été nivelées par le bas, avec les assistance­s électroniq­ues, pneumatiqu­es etc., les superbikes l’ont été plus encore, la Dorna s’évertuant à réduire les coûts et à rapprocher ces motos de leurs modèles de série. Il y a néanmoins une anomalie dans l’équation, un niveau plus bas. Les Moto2 contre les 600 Supersport. Ces dernières jouissent d’une plus grande liberté concernant le développem­ent moteur et sont globalemen­t plus rapides et puissantes que ces épouvantab­les Moto2 au moteur unique de Honda CBR 600, fourni par les organisate­urs. Alors, Nicky Hayden, qu’at- il prouvé au juste ? Qu’a- t- il fait exactement ? Il a gagné une course, voilà ce qu’il a fait. Et maintenant, en avant pour la prochaine. Dans les deux championna­ts.

PLUTÔT QU’UN RITE DE PASSAGE, LE WSBK A ÉTÉ UNE MAISON DE RETRAITE POUR CARRIÈRES SUR LE DÉCLIN

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